Un couple respectable ne peut pas avoir d’enfant et décide donc d’en faire un en cachette (« chori chori, chupke chupke ») de leurs familles respectives en « louant » pour cela les services d’une prostituée …
Avis de Postscriptom :
Une comédie romantique des redoutables Abbas & Mustan (BAAZIGAR, BAADSHAH, TAARZAN, que du léger et du subtil…) qui pose un problème intéressant, puisqu’à la première vision on ne sait pas trop ce que l’on doit juger dans ce film : la forme (brillante) ou le fond (discutable ou pour le moins ambiguë) …
Passé un premier quart d’heure pesant, CHORI CHORI, CHUPKE CHUPKE décolle ensuite pour captiver son auditoire jusqu’à la fin, le scénario étant particulièrement bien écrit (mais pas par Abbas-Mustan, ah, ah…), les acteurs excellents (oui, même Salman Khan !), les chansons entraînantes, les chorégraphies sympas (surtout celle de la rencontre Salman/Rani), la réalisation classique mais efficace, et dégage de plus dans ses meilleurs moments une émotion palpable digne des plus beaux fleurons de la comédie sentimentale hindi, rien que ça… Mais alors où est le problème ?… Le problème est que la situation de base n’est guère crédible, déjà chez nous ce serait limite, mais en Inde on imagine mal ce couple parfait tromper tout son petit monde juste pour faire un enfant en douce (de plus avec une prostituée, bonjour le respect des castes, ce qui nous vaut cela dit un passage savoureux qui remake PRETTY WOMAN…), celle qui insiste pour faire cela étant de plus la femme du couple, jouée par Rani Mukherjee, le mari irréprochable n’étant pas très chaud (« Oui, chéri, va me tromper avec une pute pour qu’on ait un gosse à nous », je schématise mais c’est l’idée…).
Seulement voilà, comme je le disais le scénario est superbement écrit, tout en crescendo avec ce couple qui s’enfonce petit à petit dans le mensonge (vis-à-vis de leurs familles), les situations cornéliennes (voir les circonstances rocambolesques du « passage à l’acte » entre le mari et la pute), les trois acteurs (et surtout les deux actrices, sublimes…) s’entendent à merveille (les passage où ils partent ensemble à l’étranger), sans compter des moments d’anthologie (risqués mais qui fonctionnent pourtant à la perfection) comme à la fin la très longue et ultra-lacrymale scène de cérémonie quand la prostituée (Preity) prend contre toute logique narrative (mais on marche à fond !) la place de la femme mariée (Rani) et nous fait ressentir toute l’horreur de devoir laisser son enfant à une autre, inoubliable, selon moi une des plus belles scènes jamais vues dans un film hindi… Et puis on réfléchit (si) et on se dit que finalement CHORI CHORI, CHUPKE CHUPKE est aussi une critique assez finaude de la société indienne, où les mariages arrangés sont monnaie courante (voir la scène vraiment drôle du quiproquo avec Johnny Lever qui fait l’intermédiaire entre Salman et Rani, car bien qu’ils se plaisent eux aussi sont un couple arrangé) où les patriarches respectables poussent leurs enfants à avoir des fils pour assurer la pérennité de leur famille, l’acte insensé de Salman et Rani n’étant finalement que la conséquence de cette situation intenable vécue par une immense majorité de la société indienne (même si elle est justifiée dans le film par le fait qu’ils sont malheureux sans enfant, mon œil…).
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Scénario bien écrit ♥ D’excellents acteurs ♥ Les chansons et chorégraphies ♥ Mise en scène efficace |
⊗ Le fond, ambiguë ⊗ Un début poussif |
Bref, pour moi CHORI CHORI, CHUPKE CHUPKE est un film excellent bien que polémique (sur le Net on trouve autant de défenseurs acharnés que de détracteurs convaincus) qui finalement emporte l’adhésion si on sait le décoder, donc n’hésitez pas à vous laisser tenter, vous passerez un excellent moment comme seul le ciné hindi peut nous en offrir… |
Titre : Chori Chori Chupke Chupke
Année : 2001
Durée : 2h45
Origine : Inde
Genre : Comédie romantique
Réalisateur : Abbas-Mustan
Scénario : Javed Siddiqui, Neeraj Vora
Acteurs : Salman Khan, Rani Mukerji, Preity Zinta, Farida Jalal, Dalip Tahil, Johnny Lever, Amrish Puri, Prem Chopra, Apara Mehta, Ruby Bhatia, Adi Irani