Julia, la quarantaine, travaille provisoirement pour une agence immobilière. Après avoir trouvé une somme de trois cents millions de pesetas dissimulée dans l’appartement d’un locataire décédé, une seule alternative s’offre à elle : se confronter à la colère d’une communauté de voisins très particulière, dirigée par un administrateur sans scrupules et prête à user de tous les stratagèmes pour arriver à ses fins.
Avis de Cherycok :
Cinquième film de Alex de la Iglesia après Accion Mutante (1993), Le Jour de la Bête (1995), Perdita Durango (1997) et Muertos de Risa (1999), Mes Chers Voisin est ce genre de bobine à l’humour noir décapant, typique de son réalisateur, nous présentant comme à son habitude des personnages bien barrés. Récompensé du Prix spécial du jury et du Prix du public lors du festival du film policier de Cognac 2001, remarqué lors de nombreux autres festivals et en particulier la cérémonie des Goyas (les Césars espagnols) où il remporte trois prix, Mes Chers Voisins est une comédie où l’humour décalé côtoie l’humour noir, où le sarcasme se frotte à la critique de notre société, qui ne se refuse pas quelques excès de gore versant dans la violence décomplexée, le tout dans un joyeux bordel fleurant bon la joie et la bonne humeur. Viva España !
Mes Chers Voisins (La Comunidad en VO), nous raconte l’histoire de Julia, quarantenaire travaillant dans une agence immobilière, profitant de temps à autre pour passer du bon temps avec son mari dans les appartements qu’elle fait visiter. C’est alors qu’elle doit faire visiter un appartement entièrement rénové dans un très vieil immeuble en plein cœur de Madrid, dont l’ancien locataire, un ingénieur, a disparu sans dire un mot. Alors qu’elle batifole avec son chéri dans un magnifique lit, elle reçoit de l’eau croupie agrémentée de cafards provenant de son plafond, par ce qui semble être un dégât des eaux venant de chez le voisin du dessus, un vieil homme cloitré chez lui depuis longtemps et que tout les habitants de l’immeuble semblent surveiller. Lorsque les pompiers arrivent, ils découvrent avec l’aide de Julia que le vieil homme est en stade de décomposition depuis plusieurs jours déjà, et que son appartement n’est qu’une accumulation de sacs poubelles, de rats et d’insectes divers et variés. Elle découvre par la suite, sous une des dalles de carrelage, la somme astronomique de 300 millions de pesetas. Fauchée comme les blés, la voilà la femme la plus heureuse du monde, s’imaginant déjà les voyages les plus fous, s’apprêtant déjà à racheter cet appartement qu’elle occupe illégalement. Sauf qu’elle va se rendre compte rapidement qu’il y avait une raison pour laquelle le vieillard ne sortait plus de chez lui, que son ancien locataire n’a peut-être pas disparu sans raison, et que toute cette tripotée de voisins un peu trop accueillants ont une idée bien particulière derrière la tête…
L’histoire de Mes Chers Voisins va se situer quasi exclusivement dans le fameux immeuble et être mis en scène comme un huis-clos. Alex de la Iglesia va nous présenter comme à son habitude une galerie de personnages aux cabines improbables, tous plus fous les uns que les autres, et qui vont clairement être la grande force de ce film. Il faut dire que le casting est assez exceptionnel et certains n’auront pas manqué d’apercevoir des têtes récurrentes chez De La Iglesia comme par exemple Enrique Villen (celui qui louche) vu dans par exemple Le Jour de la Bête, Le Crime Farpait (2004) ou encore Balada Triste (2010). Carmen Maura (Le Bonheur est dans le Pré, Femmes au bord de la Crise de Nerfs) nous livre un numéro exceptionnel, toujours à la limite du sur-jeu mais sans jamais s’y fourvoyer. Alex de la Iglesia fait passer son film de la comédie au thriller, en passant par le drame et même les moments gentiment nanars, en accumulant les situations burlesques voire rocambolesques. On pense parfois à Delicatessen de Jeunet et Caro, Le Locataire de Roman Polanski, mais avec une touche de son réalisateur toujours présente. La mise en scène de ce dernier est tout bonnement excellente. Il joue avec les images, avec les sons, le côté artistique du film est très réussi. Il s’amuse de la psychologie parfois un peu barrée des différents protagonistes de son film. Il les fait tomber dans les travers qu’il critique ouvertement en opposant le monde capitaliste, représenté par Julia, au monde communiste, représenté par cette « communauté » de voisins. Il s’amuse à confronter ces deux mondes mais se joue d’eux à tel point qu’il est impossible de savoir qui prône le bien, qui prône le mal. Les deux peut-être. Ou aucun des deux peut-être… Parce que quand tout part en vrille à partir de l’élément déclencheur (la découverte du magot du vieux décédé), que l’exagération prend le dessus, que l’utilisation de cet espace clos est faite de manière optimale, et que la culture geek s’y mêle avec le personnage de Eduardo Antuña (800 Balles, Torrente 4), le film prend vraiment une forme particulière qui restera toujours au service du scénario.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Les personnages ♥ Parfaitement rythmé ♥ Mise en scène travaillée |
⊗ Quelques SFX ratés en toute fin |
Mes Chers Voisins est un huis-clos complètement barré à l’humour noir corrosif, doté d’un casting exceptionnel et de situations hilarantes. A n’en pas douter, un des meilleurs films de Alex de la Iglesia. |
Titre : Mes Chers Voisins / La Comunidad
Année : 2000
Durée : 1h45
Origine : Espagne
Genre : Comédie noire
Réalisateur : Alex de la Iglesia
Scénario : Jorge Guerricaecheverria, Alex de la Iglesia
Acteurs : Carmen Maura, Eduardo Antuña, Maria Asquerino, Jesus bonilla, Marta Fernandez Muro, Paca Gabaldon, Ane Gabarain, Sancho Gracia