Jack Mason, un sans-abri, est recruté par de riches milliardaires passionnés par la chasse et ses frissons, pour les accompagner et les aider dans une de leur partie prévue dans les Rocky Mountains. La nourriture et le salaire sont bons, mais un détail malheureux lui a échappé : il est le gibier ! Jack savait qu’il devait mourir un jour… Seulement aujourd’hui, il n’est pas d’humeur.
Avis de Cherycok :
Le thème de la chasse à l’homme a moult fois été exploité dans le cinéma, et ce depuis bien longtemps puisque déjà en 1932, La chasse du Comte Zaroff (The Most Dangerous Game en VO) aborde ce thème. Il est vrai aussi que le scénario de Que La Chasse Commence ressemble étrangement à Chasse à l’Homme de John Woo sorti à peine quelques mois avant avec là aussi un SDF se retrouvant poursuivi par une bande de dégénérés voulant lui coller du plomb dans l’aile. Mais le film de Ernest R. Dickerson, directeur photo sur les premiers films de Spike Lee et réalisateur de A l’Epreuve des Balles (1996), dont nous parlons ici, a le terrible avantage d’avoir dans son casting tout un tas de gueules de cinéma : Ice-T, Rutger Hauer, Gary Busey, Charles S. Dutton ou encore John McGinley. Rien que ça. Comment ? Vous ne connaissez pas les trois quarts de ces noms ? C’est que vous êtes trop jeunes pour avoir pu apprécier toutes ces cabines ayant beaucoup œuvré dans la série B bien burnée des années 80/90. Mais il n’est jamais trop tard pour s’y mettre non ? Les Pilleurs, Mean Guns, Hitcher, Le Sang des Héros, Drop Zone, Piège en Haute Mer, Sans Pitié, Mimic, voilà quelques films où vous pourrez les croiser. Et donc, il vaut quoi ce survival au final ?
La réalisation de Que la Chasse Commence a un côté parfois un peu téléfilm dans son image et sa façon de filmer. Entendez par là que la mise en scène est assez classique, la photographie assez banale et les beaux décors naturels des montagnes de l’Oregon ne sont pas réellement exploités. Le scénario est sans réelle surprise, nous faisant même deviner à l’avance lors du repas ce qui se cache derrière cette opportunité trop belle pour être vraie, et comme vu ci-dessus, l’originalité n’est pas le maitre mot du film. Et pourtant, ça marche ! Après une mise en place certes un peu lente, le film devient rapidement rythmé, d’une grande efficacité, et cette chasse à l’homme nous tient en haleine jusqu’au générique final. Courses poursuites en forêt, échanges de coups de feu, chutes de falaises et cascades d’eau, blessures et pertes de membres divers et variés, embuscades, ce jeu des chats et de la souris a un côté jouissif, à mi-chemin entre Cliffhanger, Délivrance et Rambo.
Rutger Hauer (Hitcher, Blade Runner) y est comme souvent excellent, c’est d’ailleurs le cas d’une grande partie du casting. Le toujours génial Gary Busey (L’Arme Fatale, Drop Zone) est malheureusement sous exploité mais Ice-T (New Jack City, Johnny Mnemonic) se donne à fond avec son look improbable façon rasta pour rendre son rôle de survivant, d’abord en SDF puis en proie, le plus crédible possible, même si son personnage est un peu tiré par les dreadlocks. Il avoue au début du film ne rien y connaitre à la nature, lui qui a tout le temps vécu en ville ; pourtant le bougre va s’avérer au final aussi efficace qu’un John Rambo galopant comme un lapin alors qu’il clope comme un pompier.
Les invraisemblances ne s’arrêtent pas là puisqu’on a droit à ce fameux poncif du méchant qui ne tue pas le gentil dès qu’il en a l’occasion, qui préfère attendre que ça lui revienne dans la tête en fin de film. Quelques soucis également de positionnement dans l’espace avec des personnages qui, soit connaissent des raccourcis souterrains après à peine 10 minutes passées dans ces grandes étendues rocheuses et ces forêts sans fin, soit ont tué un superhéros et lui ont piqué son pouvoir de téléportation. Oui, leurs déplacements sont parfois étranges mais je vais vous dire un truc : on s’en fout.
Oui, on s’en fout parce que voilà, on retrouve cet esprit 80/90’s avec cette action qui va à l’essentiel, qui ne se prend pas la tête, qui ne cherche qu’à divertir ; des cascadeurs qui se posaient moins de questions qu’aujourd’hui ; des explosions, des vraies, des qui en ont dans le slibard, pas ces machins de pixels comme on a aujourd’hui ; des scénettes gores bienvenues qu’on n’hésite pas à montrer à l’écran ; des compositions musicales à la fois simples et qui restent en tête ; ou encore ces punchlines badass façon « Hasta la Vista, Baby ! ». Alors oui, c’est parfois un peu cheap -le film n’a bénéficié que d’un budget de 7M$US- mais c’est généreux, le casting est surprenant, et les scènes d’action plutôt réussies, c’est déjà pas mal pour un film qui ne cherche qu’à divertir non ?
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Va à l’essentiel ♥ Les scènes d’action ♥ Excellent casting |
⊗ Le final un poil bâclé ⊗ Rien de neuf |
Que la Chasse Commence n’apporte pas de réelle surprise, il ne déborde pas d‘imagination, la tension n’est pas extrême, mais pourtant il se montre efficace et le film passe tout seul. Une très sympathique série B sentant bon les 90’s. |
Titre : Que la Chasse Commence / Surviving the Game
Année : 1994
Durée : 1h36
Origine : U.S.A
Genre : Duck Hunt
Réalisateur : Ernest R. Dickerson
Scénario : Eric Bernt
Acteurs : Ice-T, Rutger Hauer, Gary Busey, Charles S. Dutton, F. Murray Abraham, John C. McGinley, William McNamara, Jeff Corey, Bob Minor