L’architecte Casey Wells vit avec sa jolie femme dans une belle maison et s’apprête à adopter son premier enfant. C’est le moment que choisit son ami d’enfance, Nick, pour venir lui rendre visite. En son absence, Casey découvre que son ami a amené chez lui une valise pleine d’héroïne. Fou de colère, il se débarrasse de la drogue au plus vite mais ne tarde pas à recevoir la visite de toute une galerie de personnages, qui cherchent à récupérer soit l’argent, soit la drogue. C’est également le jour que choisit l’inspecteur des services de l’adoption pour tester ses qualités de père…
Avis de Cherycok :
Il y a des films comme ça pour lesquels on n’a jamais été tenté à l’époque bénie des vidéoclubs pour on ne sait quelles raisons. A chaque visite, ils étaient là, ils nous faisaient de l’œil, mais ils n’ont jamais obtenu nos faveurs. Et puis quinze ans plus tard, tu retombes dessus par le plus grand des hasards et tu te dis que, après tout, il est temps de voir si on avait eu raison de ne pas cramer nos dix francs précieux. Des fois, on se dit qu’on avait bien fait. Et pour d’autres, comme pour C’est pas mon Jour, on se rend compte qu’on a été bien crétin de ne pas avoir tenté l’expérience avant. Alors soyons clair d’entrée de jeu, C’est pas mon Jour n’est pas la bobine du siècle, loin de là et il n’en a d’ailleurs pas la prétention. Mais cette comédie très tarantinesque, Prix du Jury au Festival du Film Policier de Cognac 1999, possède suffisamment d’atouts pour permettre à l’amateur d’humour noir de passer un très bon moment. Et en ces jours de comédies très aseptisées, avouons que ça fait un bien fou.
Unique réalisation de Skip Woods, qui s’est depuis reconverti dans l’écriture de scénarios (Hitman, L’Agence Tous Risques, Sabotage) et dans la production (Operation Espadon, Die Hard 5, Hitman : Agent 47), on sent son amour pour le cinéma de Quentin Tarantino dès la première scène complètement jouissive, sans doute une des meilleures du film. Le réalisateur de Pulp Fiction a inspiré pas mal de films à la qualité plus que variable, mais force est de constater que C’est Pas mon Jour fait partie du haut du panier avec son côté fun et décomplexé.
On va suivre Casey, un ancien dealer de drogue sans pitié qui, suite à un incident survenu il y a quatre ans, a décidé de se ranger et de mener une vie paisible, en bon Américain. Marié, sage, patriote comme il le faut, bien sous tous rapports, il mène sa petite vie tranquille avec sa petite femme avec qui ils ont entamé une procédure d’adoption. Mais c’était sans compter sur un de ses anciens « collègues » qui refait soudainement irruption dans sa vie. Une valise de drogue retrouvée chez lui plus tard et c’est toute sa petite vie tranquille qui se retrouve en péril, rattrapé par un passé qu’il avait pris soin d’oublier et surtout, de cacher à sa femme. Et c’est à ce moment-là qu’on sent que le scénario va partir en cacahuète, que Casey va être rattrapé par son ancienne vie, et que tout ce qu’il va tenter pour faire en sorte que cela ne se produise pas ne va faire qu’aggraver la situation.
Le film va se construire ensuite comme une succession de petites scènes dans lesquelles notre héros va rencontrer les différents protagonistes de l’histoire. Et il faut avouer que le scénario nous apporte bon nombre de personnages bien déjantés : Nick, le soit-disant meilleur pote qui va mettre Casey dans la merde, un faux livreur de pizza rasta qui fume tout ce qui est fumable, le psy un peu trop carré chargé d’évaluer les capacités de Casey à être père, Dallas la bombe sexuelle adepte du viol non consenti de ses victimes, un sadique amateur de découpage à la scie électrique, ou encore un flic ripoux accessoirement décapiteur.
La construction du film est d’ailleurs assez théâtrale dans le sens où il n’y a au final qu’un seul et unique lieu, la maison de Nick, et que les personnages vont tour à tour y rentrer et en sortir comme s’ils étaient sur scène. Le tout sera entrecoupé de flashbacks nous en apprenant plus sur le passé pas très glorieux du héros et sur l’évènement qui l’a poussé à arrêter et à reprendre une vie bien plus banale. La mise en scène de Skip Woods est d’ailleurs assez propre, sobre, rien d’exceptionnel en soi mais qui fait le job comme il se doit, accompagnée d’une bande son du même acabit, sympathique sans être inoubliable. Mais la réussite du film est ailleurs.
En effet, C’est pas mon Jour brille essentiellement par son humour noir, trash et cynique qui fonctionne parfaitement bien, à base de quiproquos faisant toujours plus s’enfoncer ce bon vieux Casey dans la merde jusqu’au cou. La réussite du film doit d’ailleurs beaucoup à Thomas Janes (The Mist, The Punisher) auquel le public va immédiatement s’identifier devant toutes les emmerdements auxquels il va être confronté. Mais le reste du casting n’est pas en reste avec un Aaron Eckhart (Erin Brockovich, The Dark Knight) tout en nervosité et cynique à souhait, une Paulina Porizkova à la plastique superbe et à l’origine d’une des scènes les plus marquantes, ou encore un Mickey Rourke, à l’époque au point mort dans sa carrière et ayant déjà bien entamé sa déformation physique, génial en flic badass corrompu. Le casting est de manière générale très bon, servi par des dialogues excellents, composés de joutes verbales de haute volée (la description de « l’accident de prostituée »). Il faut dire que les scènes improbables s’enchainent et se prêtent à l’exercice justement très tarantinesque d’échanges verbaux parfois complètement WTF comme ce dialogue improbable où Dallas, notre bimbo fatale, toute de cuir très très moulant vêtue, va raconter son expérience dans le porno à un psy un peu chaste venu interroger notre héros Casey pour son adoption. Et toutes les autres…
Pas de place pour l’ennui, C’est pas mon Jour est dynamique, court, et tout y est relativement fluide. La violence frontale inattendue (mais jamais gratuite), versant même vers le gore l’espace de quelques plans, ne fait que renforcer cette impression que Skip Woods compte Tarantino dans sa liste de réalisateurs favoris. Seule ombre au tableau, le final du film est un poil raté. Comme si le réalisateur / scénariste n’arrivait pas à pondre une fin dans la même veine que le reste de sa bobine et avait opté pour la facilité. Dommage…
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Les personnages ♥ Le casting ♥ Les dialogues ♥ L’humour |
⊗ La final en deçà |
C’est pas mon Jour ! est un très bon petit divertissement qui, sous ses airs de film qui ne paie pas de mine, s’avère au final assez déjanté et réussit pour combler les amateurs de comédies noires et cyniques à tendance trash. Très plaisant ! |
Titre : C’est pas mon Jour ! / Thursday
Année : 1998
Durée : 1h27
Origine : U.S.A
Genre : Comédie tarantinesque
Réalisateur : Skip Woods
Scénario : Skip Woods
Acteurs : Thomas Jane, Aaron Eckhart, Paulina Porizkova, James Le Gros, Paula Marshall, Michael Jeter, Glenn Plummer, Mickey Rourke, Luck Hari