Pendant la Seconde Guerre Mondiale, un soldat américain est sujet à des expérimentations afin de le transformer en super soldat, le « Capitaine America ». Sur la route de l’Allemagne afin de combattre son ennemi juré Crane Rouge, Capitaine America subit une cryogénisation qui le maintient en vie jusque dans les années 90. Il découvre alors que Crane Rouge cherche à kidnapper le président des Etats-Unis…
Avis de Cherycok :
A l’heure où Marvel et DC ont envahi le marché avec leurs films de super héros très souvent fades et sans âme, il était temps de revenir aux fondamentaux, aux films de super héros à l’ancienne, sans fond vert, sans CGI, sans acteur connu. Je vais donc vous parler de Captain America, la version de 1990, celle-là même que le site IMDB a positionné à la 48ème place des 250 pires films de tous les temps lors d’un vote des internautes. Ah bah oui, le fameux « C’était mieux avant », ce n’est pas une science exacte. Surtout quand Albert Pyun (Cyborg, la saga Nemesis) est à la réalisation, Menahem Golam (un des créateurs de feu la Cannon), et que la conception du film a eu droit à son lot de menus problèmes. Je n’aime déjà pas la trilogie récente du super héros étoilé mais cette version de 90 réussit l’exploit d’être encore plus mauvaise. Mais en même temps, et je sais que je ne vais pas me faire des amis en disant ça, difficile de faire quelque chose de bon avec un des super héros les plus ridicules de l’univers Marvel…
Déjà adapté sur les écrans en 1944, puis en deux téléfilms en 1979, Captain America refait parler de lui en 1984. C’est du coté de la Cannon que ça se passe car un de ses fondateurs, Menahem Golam, semble partant pour remettre le fameux super héros au goût du jour en mettant à la réalisation Michael Winner (Un Justicier dans la Ville). Golam se rapproche du scénariste Lawrence Block et de Stan Lee afin d’écrire un scénario le plus en adéquation possible avec le personnage du comics. Trois ans plus tard, Winner jette l’éponge et est remplacé par John Stockwell (Bleu d’enfer, Cat Run) qui se pointe avec un scénario de Stephen Tolkin. En 1989, la Cannon est revendue à 21st Century Film Corporation qui récupère les droits du futur potentiel film Captain America, profitant de l’occasion pour dégager John Stockwell et coller Albert Pyun à la barre. Et comme le Batman de Tim Burton est un succès mondial, il faut vite mettre le film en chantier afin de profiter de la « hype » super héros qui vient peut-être d’être lancée. Mais après moult révisions du scénario, une réduction drastique de budget et un temps de tournage qu’on voulait réduit, comment arriver à pondre quelque chose de potable l’écran ? De l’aveu même du réalisateur, il ne savait plus où donner de la tête. Le film est finalement mis en boite, tout d’abord annoncé pour une sortie cinéma en août 1990. Il est repoussé de nombreuses fois entre l’automne 1990 et l’hiver 1991 et sort enfin durant l’été 1992, mais directement en vidéo. Et ça en général, ça ne sent pas bon… Les doutes sont rapidement confirmés lorsque les critiques tombent, Captain America est une foirade totale. Et malgré quelques fulgurances nanardes, on ne pourra pas les contredire.
Le scénario nous raconte la « naissance » de Captain America, « symbole des valeurs de la nation américaine » si on en croit ce qu’ils nous disent dans le film. Déjà, pourquoi s’évertuer à adapter ce super héros là… C’est quand même un des plus ridicules, visuellement parlant, de toute l’écurie Marvel, avec son costume moulant bleu / rouge / blanc, son étoile, son A (pour America donc) en gros sur le front, ses petites ailettes façon casque d’Astérix au-dessus des oreilles et son bouclier aux mêmes couleurs en guise d’arme. Néanmoins, on saluera l’effort de respecter quasi à l’identique le visuel du comics book des années 40 même si chacune de ses apparitions à l’écran nous fait esquisser un sourire moqueur sur le coin de la bouche. Il est d’ailleurs possible sur Pyun lui-même se soit rendu compte du ridicule de la chose étant donné que le célèbre super héros patriote américain n’arbore au final son accoutrement qu’une toute petite partie du film. Il faut dire qu’avec ces couleurs anti camouflage, Steve Rogers préfère rester en civil. Et puis de toutes façons, le voir déambuler dans des scènes toutes plus risibles et sans intérêt les unes que les autres aurait encore fait perdre de la crédibilité à un héros qui n’en a déjà pas beaucoup. Steve Rogers papote avec sa femme qu’il retrouve 40 ans après ; Steve Rogers qui se balade en Fiat 500 en Italie ; Steve Rogers qui fait des blagues à un journaliste… Toutes les scènes essayant de développer la psychologie du personnage et qui auraient pu être intéressantes (quoi que…), telle que la douche froide du retour à la civilisation après 50 ans figé dans la glace, ont été coupées au montage (un director’s cut plus long de 15 minutes est sorti aux States). On se contente donc soit de moments inutiles parfois presque gênants à cause d’acteurs pas impliqués ou très mauvais et de dialogues insipides, soit de scènes d’action au ras des pâquerettes.
Oui, car même dans l’action le film se rate. Les chorégraphies sont extrêmement pauvres et le montage des combats a été fait à la hache. Que c’est mal fait… Que c’est kitch… Que c’est mal joué… Et puis que c’est mou… Soit les sbires de Crane Rouge sont des incompétents, soit les cascadeurs n’avaient juste pas envie de donner de leur personne sur le tournage voyant déjà venir le naufrage. Ne m’y connaissant pas assez en matière de comics, je ne pourrais pas m’étendre sur la fidélité du bousin à l’œuvre originale, mais un rapide coup d’œil ci et là sur la toile suffit à se rendre compte que bon nombre de points ne sont pas respectés. Mais bon, on n’est plus à ça près…
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Les 10 premières minutes | ⊗ Scènes d’action pourries ⊗ Scénario insipide ⊗ Le personnage du Captain ⊗ Mal joué |
Captain America cuvée 1990 n’est clairement pas un bon cru. Le ratage est total, de sa conception jusqu’à sa sortie, en passant par le film lui-même, catastrophique de bout en bout. |
Titre : Captain America
Année : 1990
Durée : 1h37
Origine : U.S.A / Yougoslavie
Genre : Mais pourquoi…
Réalisateur : Albert Pyun
Scénario : Stephen Tolkin, Lawrence J. Block
Acteurs : Matt Salinger, Ronny Cox, Ned Beatty, Darren McGavin, Michael Nouri, Scott Paulin, Kim Gillingham, Melinda Dillon, Bill Mumy, Francesca Neri, Carla Cassola