
Des étudiants en anthropologie se rendent en Amazonie pour démentir les rumeurs de tribus cannibales. Sur place, ils rencontrent Mike et Joe, deux Américains trafiquants d’émeraudes et de cocaïne, ayant réduit des indigènes à l’esclavage. À la suite du mauvais traitement des indigènes par les trafiquants, du viol et du meurtre d’une jeune fille de la tribu ainsi que d’autres tortures infligées à leur peuple, les indigènes se révoltent contre leurs tortionnaires. Ces derniers vont être soumis aux pires outrages.
Avis de Rick :
Umberto Lenzi, au départ, c’était un très honnête artisan, dans le polar, puis le giallo. Puis comme beaucoup, il a suivi les modes durant les années 80, et la qualité, elle, chuta. Films de zombies avec L’Avion de l’Apocalypse, film de maison hantée avec Ghost House (plutôt sympathique néanmoins celui-ci), films de démons avec Hell’s Gate, copie de Hitcher avec Hitcher in the Dark, et films de cannibales avec notamment ce Cannibal Ferox. Un film avec une petite réputation malgré tout, avec une affiche qui nous dit clairement que le film est (était) bannit dans 31 pays, et des anecdotes de tournage le plus souvent croustillantes, avec des frictions pas possibles entre Giovanni Lombardo Radice et Umberto Lenzi, le premier refusant de tuer un animal pour une scène, et avec le recul, regrettant même d’avoir fait ce film. Lenzi lui regrette juste que l’on se souvienne de lui surtout pour ce genre de métrages graphiques plutôt que ses métrages plus solides d’avant, et regrette certains choix de casting, puisqu’il apprit après coup que certains acteurs venaient du milieu du X. Maintenant, est-ce que Cannibal Ferox vaut le coup passé sa réputation et ses anecdotes ? Tient-il la route face à un Cannibal Holocaust, qui, que l’on adhère ou pas, a au moins pour lui des intentions claires et un message. On peut se poser la question, puisqu’après tout, si Umberto Lenzi entamait la pente descendante de sa carrière, il est malgré tout meilleur technicien qu’un Bruno Mattei par exemple. Sans surprises, Cannibal Ferox n’est pas un grand film, et il est clair que net que sans le succès et les polémiques entourant Cannibal Holocaust, jamais le métrage de Lenzi aurait vu le jour. Sur certains points en tout cas, le métrage est intéressant, et reste plutôt solide dans sa technique.
Intéressant, car plutôt que de copier bêtement Cannibal Holocaust, même s’il en reprendra une structure narrative, il s’en éloigne souvent pour développer son propre univers. Les cannibales du titre ne sont pas juste une tribu qui mange de la chair humaine au petit déjeuner, mais une tribu qui va se venger et qui, dans ses coutumes, mange la chair de ses ennemis. Un point de vue intéressant. S’il y a bien une idée de vengeance comme dans le métrage de Deodato, Lenzi a la bonne idée de créer deux groupes de personnages, avec son lot de mensonges et de faux semblants, afin de retarder l’inévitable, même si le doute est vite évincé par le caractère même des personnages. Bref, pas toujours abouti, mais plutôt intéressant dans les faits. Lenzi, techniquement, livre une copie souvent assez propre d’ailleurs. Tourné dans des conditions difficiles et en 16mm, comme souvent avec ce genre de métrages en réalité, le film est néanmoins techniquement soigné, les décors naturels étouffants, et le film sait jouer comme souvent avec le côté aventures que permet son décor. On y retrouve donc forcément la jungle, des rivières, des animaux sauvages plus ou moins dangereux en plus des cannibales, des scènes de poursuites. Ça fonctionne dans les faits. Le gore lui est bien présent, et encore heureux vu la réputation du film, mais rien de véritablement choc, les scènes les plus connues étant en réalité très courtes, notamment la scène de castration. Les effets restent soignés et réalistes en tout cas. Pour le reste malheureusement, c’est moins glorieux. Comme pour Cannibal Holocaust, le film met des réels meurtres d’animaux dans son montage, et si l’on pourrait presque dire que parfois, le métrage tente de le justifier, le plus souvent, cela apparaît comme gratuit, et ne sert alors plus le propos du film.
Le reste est à l’image de ce défaut. Nous suivons plusieurs groupes de personnages, et une partie de l’intrigue se déroule à New York, mais tout ce qui se passe là-bas paraît le plus souvent assez inutile, comme du remplissage, avec une petite enquête pour retrouver le personnage de Mike, le réel antagoniste du métrage, mais le métrage s’en sortirait au final tout aussi bien, voire mieux sans ces scènes. Les personnages de cette partie ne sont au final pas bien utile, ni très intéressants, et les personnages de la partie en Amazonie ne le sont pas franchement plus en réalité, si l’on fait exception de notre antagoniste, Mike, souvent en roue libre. Les autres, transparents, ne sont pas aidés par des dialogues qui font parfois bien sourire. On sourira bêtement devant notre écran lorsqu’un personnage explique les horreurs cannibales que lui et son groupe viennent de vivre, et qu’on lui rétorquera « c’est le passé oublions ça ». Dans le genre je m’en fou, ça se pose là. Le métrage de Lenzi est parsemé de ces moments approximatifs, de quelques longueurs, et semble du coup trop se focaliser sur ses scènes chocs et sur son cadre amazonien pour faire passer la pilule. Dans un sens, il y arrive, le métrage restant un B movie compétent, mais peu mémorable, et très loin de marquer le spectateur comme d’autres titres du genre.
LE MEILLEUR | LE PIRE |
♥ Un film d’horreur divertissant ♥ Le gore, rare mais soigné ♥ Giovanni Lombardo Radice on fire tout le long |
⊗ Un film souvent gratuit ⊗ Les passages à New York, longuets ⊗ Beaucoup de personnages transparents ⊗ Pas si choc que ça au final |
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Cannibal Ferox n’est pas honteux, ni génial. C’est un petit film d’exploitation, qui ne vise pas plus loin, sans réel message, un peu maladroit, mais divertissant. |
Titre : Cannibal Ferox
Année : 1981
Durée : 1h33
Origine : Italie
Genre : Horreur
Réalisation : Umberto Lenzi
Scénario : Umberto Lenzi
Avec : Giovanni Lombardo Radice, Lorraine De Selle, Robert Kerman, Venantino Venantini, Danilo Mattei, Zora Kerova, Walter Lucchini, Dominic Raacke et Perry Pirkanen
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