Anthony McCoy, artiste, vit à Chicago, avec sa femme, directrice d’une galerie d’art. En panne d’inspiration, il découvre la légende de Candyman. Il commence à s’en inspirer pour ses peintures. Cela va faire ressurgir en lui un passé sanglant. Il va peu à peu perdre la raison. Selon la légende, on peut invoquer Candyman en prononçant son nom cinq fois en se regardant dans un miroir. Meurtres macabres et légendes urbaines se mêlent à la terreur de cette ville traumatisée.
Avis de Rick :
Candyman, Candyman, Candyman, Candyman, Candyman ! Non ça va, je suis toujours vivant, et puis, ce n’est pas comme si, ayant découvert le film original peu de temps après sa sortie en 1992, je n’avais pas déjà essayé. Candyman avait jusque là échappé à la suite, remake, reboot ou peu importe, alors que la plupart des autres métrages et personnages clés du cinéma horrifique avaient, eux, eu droit à ce traitement de faveur depuis le début des années 2000, après le succès critique et public du pas terrible Massacre à la Tronçonneuse de Marcus Nispel. Jason Voorhees, Freddy Krueger, quasiment tout le monde y passa, même Leprechaun, sauf ce brave Candyman. Et dans une moindre mesure, Chucky attendit également la fin des années 2010, 2019 pour être exact, avant d’avoir lui aussi son remake, puisque des suites étaient toujours produites à destination du marché DVD. Le renouveau de Candyman fut pourtant annoncé en 2018, par Jordan Peele, réalisateur alors apprécié du public et de la critique pour ces deux premiers métrages, Get Out et Us. Des métrages pas parfaits, mais efficaces, et surtout, finalement, la naissance dans un sens d’un auteur, car si ses thématiques sont dans l’ère du temps, on ne peut pas nier non plus que la démarche vient du scénariste et réalisateur plutôt que d’une volonté markéting d’un studio, à la base. Voir donc Peele écrire, enfin, coécrire et produire un nouveau Candyman, qui pourra se voir indépendamment mais qui pourtant sera bien une suite, c’était donc plutôt intéressant, tant les thématiques déjà bien présentes dans la mythologie posée par le premier film vont dans le sens de son œuvre, et surtout, que le premier Candyman abordait ses thématiques de par le regard extérieur, celui d’Helen, joué par Virginia Madsen. C’était l’occasion de s’approprier un univers afin de donner un point de vu plus intérieur, le point de vu de la communauté noire, celle vivant à Cabrini Green.
Bon et donc, ce Candyman version 2021, qui aurait comme je le dis bien trop souvent cette année du être un Candyman version 2020 ? Et bien, c’était très intéressant, par moment très bon, malgré des facilités scénaristiques et quelques moments un peu trop vite expédiés, sans doute pour que le métrage tienne sur sa très courte durée de 1h31. Mais on a là un film plus qu’intéressant, qui a compris clairement ce qui faisait le sel du premier film, sans pour autant refaire la même chose. Et cela se remarque dés les dix premières minutes, qui m’auront clairement mis en confiance. Une scène d’ouverture se déroulant à Cabrini Green et actualisant, voir contextualisant un peu l’ensemble (la légende de Candyman, un coupable potentiel, les flics qui traînent, un enfant qui se retrouve face à Candyman), avant un générique aux tonalités rappelant l’original sans jamais le copier (le premier dévoilait son générique sur un ingénieux traveling sur un tronçon d’autoroute, reliant donc le Chicago riche et classe à Cabrini Green, délabré et mal famé, ici, ce sont des buildings, hauts et majestueux, filmés au niveau du sol en contre plongée, mais où le plan est inversé pour nous faire perdre tout repère), la présentation des personnages, l’exposition claire de la légende du passé, et l’apparition d’un thème musical très différent de l’original, mais parvenant dans un sens à avoir un effet similaire. Oui, j’étais conquis. Ici donc, nous suivons un peintre, qui en découvrant la légende du Candyman, va peu à peu perdre pied. Classique ? Oui, mais pas que, puisqu’on comprend très rapidement (et ça avait été annoncé il y a bien longtemps) que ce peintre, c’est finalement le fameux bébé du tout premier film, et qu’encore plus que l’obsession pour la légende afin de trouver l’inspiration, l’équipe du film se sert de ce point de départ pour amener d’autres éléments. La transformation physique déjà (donc, un brin de body horror, même si ça aurait pu, ou aurait du aller bien plus loin), on pourrait bien évidemment parler de l’oppression subie par les communautés de couleurs mais un rapide dialogue vient amener un poil plus de subtilité dans le propos, avec la réappropriation et l’utilisation de ces thématiques par les artistes, bien évidemment on aura aussi les légendes urbaines et la façon dont elles sont véhiculées (on parle de Candyman après tout), et l’actualisation plutôt maligne de ce mythe.
Candyman n’a pas qu’un visage, Candyman n’est pas qu’un homme, il est la représentation d’une oppression au sein d’une époque, parlant alors à la population actuelle. Intéressant, souvent bien vu, surtout qu’à côté, le côté technique suit. La mise en scène est souvent sublime, la photographie classe bien qu’un peu trop numérique à mon goût, le jeu de miroir, très présent, fonctionne très bien même si on pourrait presque dire qu’il est facile, tout comme la musique, même si elle ne parvient pas à faire oublier les thèmes de Philip Glass pour le premier film. Mais à la reprise d’un thème près, elle cherche justement à tracer sa route. Et c’est tout à son honneur, car comme pour l’ensemble du film, Candyman version 2021, bien qu’étant une suite, ne joue pas la carte de la facilité, de l’hommage ou du fan service. Et c’est tellement rare qu’il faut le souligner. Et qui dit Candyman dit meurtres, et là aussi, on en aura pas mal, dont certains bien sympathiques. L’accent n’est pas mis sur le gore, et ce n’était de toute façon pas le cas déjà à l’époque. Non, Candyman fait très bien les choses, intéresse la plupart du temps, à des choses à dire, est souvent un plaisir pour les yeux. Mais n’est pas parfait. Outre des facilités scénaristiques et quelques raccourcis, on notera surtout deux gros défauts. Le premier, c’est clairement son manque de tension. Le film laissant un peu de côté l’aspect poétique du premier film, il aurait pu rebondir sur cet élément, mais non. Il essaye, mais n’a souvent pas assez de temps au sein de ces scènes pour y parvenir. Le second gros défaut concerne souvent les personnages secondaires. Car le film plonge souvent dans la facilité à ce niveau là, voir dans le manichéisme en ce qui concerne les victimes de la légende, alors qu’un brin de subtilité aurait pu justement amener quelque chose de plus fort. Mais non, zéro subtilité, facilité, entre cette critique d’art qui change radicalement de point de vu lorsque des événements affreux se produisent, ou pire, les victimes dans le lycée, des jeunes femmes forcément blanches qui maltraitent une de leur camarade de classe, forcément, une jeune femme noire. Dommage, car la scène demeure efficace en soit, mais se fait trop facile. Des défauts de ce genre, oui, il y en a. Ils retirent sans doute un peu de la puissance au film. Et pourtant, oui, j’ai beaucoup aimé Candyman. Une suite tardive ratée et facile dans les petits détails et les éléments secondaires, mais subtile et réussie dans l’habillage et de manière plus générale.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Visuellement hyper léché ♥ Une réappropriation du mythe ♥ Le film évite l’hommage facile et le fan service ♥ Pas mal de thématiques intéressantes |
⊗ Des personnages secondaires trop clichés, voir ratés ⊗ Pas de tension |
Et bien contre toute attente, ce nouveau Candyman est très sympathique. Pas parfait, s’égarant parfois, avec quelques raccourcis scénaristiques, et c’est sûr, ça aurait pu aller plus loin dans l’horreur corporelle, mais l’ensemble est léché, actualise la légende de manière plutôt efficace, et tient la route en respectant le film original. |
Titre : Candyman
Année : 2021
Durée : 1h31
Origine : Etats Unis
Genre : Fantastique
Réalisateur : Nia DaCosta
Scénario : Jordan Peele, Win Rosenfeld et Nia DaCosta
Acteurs : Yahya Abdui-Mateen II, Teyonah Parris, Nathan Stewart-Jarrett, Colman Domingo, Kyle Kaminsky, Vanessa Williams et Rebecca Spence
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