Les années 30 en Mandchourie. Le Cinglé vole une carte aux trésors à un haut dignitaire japonais. La Brute, tueur à gages réputé, est payé pour récupérer cette carte. Le Bon veut retrouver le détenteur de la carte pour empocher la prime. Un seul parviendra à ses fins, s’il réussit à anéantir l’armée japonaise, les voyous chinois, les gangsters coréens… et ses deux adversaires.
Avis de Cherycok :
Qu’on aime ou pas Kim Jee-Woon, le réalisateur a une filmographie des plus intéressantes dans le cinéma coréen. The Quiet Family (1998), The Foul King (2000), A Tale of Two Sisters (2003), A Bittersweet Life (2005), I Saw The Devil (2010) ou plus récemment The Age of Shadows (2016), même son incursion américaine Le Dernier Rempart (2012) avec ce bon vieux Schwarzenegger était des plus sympathiques (à défaut d’être inoubliable). Certes, son cinéma divise – il n’y a qu’à voir les débats interminables sur la toile sur I Saw the Devil pour s’en rendre compte – mais il a le mérite de ne jamais laisser indifférent. Avec Le bon, la Brute et le Cinglé, Kim Jee-Woon a voulu rendre un hommage à Sergio Leone et aux westerns spaghettis de manière générale. Un film pulp, décomplexé, régressif et très référentiel pour au final un rendu dynamique, fun, et extrêmement jouissif.
Film le plus cher de l’histoire du cinéma coréen avec un budget de 17M$US, énorme succès public et critique lors de sa sortie, Le Bon, La Brute et le Cinglé a demandé plus de neuf mois de tournage dans des conditions plus que difficiles essentiellement dues aux températures oscillant entre le -10 et le +40 dans la Mandchourie, lieu de tournage proposant des décors désertiques du plus bel effet essentiels au genre western. Et pour incarner notre trio de tête, Kim Jee-Woon fait appel à de grandes figures du cinéma coréen. Le « Bon » sera interprété par Jung Woo-Sung (Reign of Assassins, Mutt Boy, Musa the Warrior), la « Brute » par Lee Byung-Hun (A Bittersweet Life, JSA, I Saw the Devil) et le « Cinglé » par Song Kang-Ho (The Foul King, Memories of Murder, Sympathy for Mr Vengeance), acteur fétiche de Kim Jee-Woon. Mais ce n’est pas tout puisque même dans les seconds rôles, des têtes bien reconnaissables ont répondu présent, l’excellent Ma Dong-Seok par exemple qui s’est récemment illustré avec son rôle badass du Dernier Train pour Busan (2016) ou le vétéran Song Young-Chang vu dans Kundo (2014), Doomsday Book (2012) ou encore Thirst (2009).
Un casting de luxe pour un blockbuster qui a méchamment de la gueule. Kim Jee-Woon nous avait déjà prouvé ses talents de mise en scène, et il le confirme une fois de plus ici avec une folie caractéristique qui fait plaisir à voir. Réalisation à la fois grandiose, foutraque et survoltée, à la photographie magnifique et au scénario complexe et parfois alambiqué (les motivations de certains ne sont pas au final celles qu’on croyait, Le Bon, la Brute et le Cinglé, en plus d’être un western bourré de références méchamment bien amenées, est également un film d‘aventure dans la pure veine de Indiana Jones. Spectaculaire, hautement décomplexé, avec des personnages tous plus fous les uns que les autres, à tel point qu’il est parfois difficile de choisir qui est en fait le « Bon », la « Brute » et le Cinglé ». Car c’est là où le film fait fort. On sait très rapidement qui est qui mais malgré tout, certaines de leurs actions permettraient de les interchanger sans aucun problème. Car au final les trois sont des brutes, capables de descendre qui se met sur son chemin sans sourciller et ont tous un coté un peu barjot sur les bords. Il faut dire que tous les acteurs sont absolument géniaux et semblent même parfois habités par leur rôle. Même si on est par moment dans un surjeu volontaire (hein Lee Byung-Hun), aucun faux pas à signaler et que ce soit sur les nombreuses scènes d’action ou les scènes plus comiques, ça fonctionne à tous les coups.
Le Bon, la Brute et le Cinglé est donc un hommage brillant aux westerns spaghettis. Bien entendu, rien que le titre renvoie directement au Bon, la Brute et le Truand de Sergio Leone et le duel final à trois est bien là pour nous le rappeler. La scène du tir multiple dans le chapeau pour empêcher son propriétaire de le ramasser vient elle d’Et Pour quelques Dollars de Plus. Elle avait d’ailleurs déjà été reprise dans Mon Nom est Personne avec Terence Hill et Henri Fonda, film déjà hommage / parodie du genre. Et puisqu’on parle de Mon Nom est Personne, la scène finale de Le Bon, la Brute et le Cinglé n’est pas non plus sans rappeler celle du film de Tonino Valerii, avec son héros confronté à une horde de cavaliers, ses explosions au milieu de ce joyeux bordel (des obus de canon dans le premier, des dynamites dans le second). Une musique nous renvoie même à Kill Bill 2, lui-même un hommage aux westerns italiens. De nombreuses citations de westerns connus se sont par ailleurs glissées dans les dialogues.
Et puisqu’on parle d’un film de Tarantino, là aussi on sent l’inspiration, avec ce côté pulp et frénétique, ses personnages nombreux et barrés, ce mélange violence / humour omniprésent. Oui, parce qu’en plus on se marre. Le nawak du personnage du « cinglé », maladroit et aux idées souvent saugrenues (le scaphandre pour se protéger des balles), certaines scènes d’action over the top (le gunfight « suspendu » façon wu xia pian), le comique de situation et certains dialogues hautement improbables (la discussion au clair de lune), autant d’arguments qui, couplés aux scènes d’action jouissives donnent un résultat des plus réussi.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Les personnages ♥ Les scènes d’action ♥ La mise en scène ♥ Les différents hommages |
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Kim Jee-Woon se lâche totalement avec Le Bon, la Brute et le Cinglé, un divertissement sans complexe, à la fois barré et maitrisé. Un pur produit popcorn complètement jubilatoire au rythme effréné. |
Titre : Le Bon, la Brute et le Cinglé / The good, the Bad, the Weird / 좋은 놈, 나쁜 놈, 이상한 놈
Année : 2008
Durée : 2h10
Origine : Corée du Sud
Genre : : Western nouilles sautées
Réalisateur : Kim Jee-Woon
Scénario : Kim Jee-Woon, Kim Min-Suk
Acteurs : Song Kang-Ho, Lee Byung-Hun, Jung Woo-Sung, Yoon Je-Moon, Ma Dong-Seok, Ryu Seung-Soo, Soong Young-Chang, Son Byung-Ho