Norman Taylor est un jeune professeur, cartésien, marié à une superbe femme et promis à un bel avenir attisant les jalousies dans son collège. Suite à la découverte de plusieurs porte-bonheur dans la maison, Norman interroge sa femme Tansy qui lui avoue pratiquer quelques activités paranormales pour le protéger des forces maléfiques. Furieux, Norman brûle tous les gris-gris. Quelques jours plus tard, il manque d’être écrasé par un camion, est accusé d’agression sexuelle par une de ses élèves et ressent la présente d’une force invisible sur le pas de sa porte.
Avis de Rick :
Au début des années 60, le cinéma de genre se porte très bien en Angleterre. Il faut dire que certains studios se font une excellente réputation et les films s’exportent facilement partout dans le monde. Oui bien entendu, il y a les films de la Hammer, mais il ne faut pas oublier d’autres films encore plus importants, comme Les Innocents (1961), La Maison du Diable (1963) ou encore Le Village des Damnés (1960). Oui, il y a le choix, et les œuvres cultes ne manquent pas. Souvent, on parle de fantômes, on adapte un livre, ou bien entendu dans le cas de la Hammer, on reprends les monstres populaires d’antan (Dracula, La Momie et j’en passe). Mais pas mal de petits films différents sortent également à cette époque, que ce soit des thrillers de la part de la Hammer, ou tout simplement d’autres métrages de genre de la part d’autres studios. Et souvent, ils sont aujourd’hui difficiles à trouver. C’est le cas de ce Brûle Sorcière Brûle, Burn Witch Burn de son titre original (d’un de ses titres originaux, puisque le métrage se fait également appeler Night of the Eagle), un petit métrage anglais au bas budget de 50,000 pounds, où l’on retrouve Richard Matheson au scénario, et nous parlant, vous vous en doutez, de sorcière, et de leur implantation dans la société d’aujourd’hui… enfin, de 1962. Après une introduction de pas moins 2 minutes 30 où un narrateur nous place dans le contexte du film en parlant sur un fond noir (ce qui fonctionne moins bien lors d’une vision chez soit comparé à une salle de cinéma) et un splendide générique, l’histoire commence à l’université médicale de Hempnell, où nous découvrons notre personnage principal, Norman (Peter Wyngarde), professeur terre à terre.
D’emblée, le film nous pose dans l’ambiance. Un personnage principal terre à terre donc, qui ne croit que ce qu’il voit et pour qui tout le reste n’est que superstition, comme il le dit dés le départ à ses élèves, une femme magnifique aux croyances opposées, et un environnement scolaire qui semble réussir à notre « héros ». Mais lorsqu’il va découvrir les croyances de sa femme et la forcer à tout détruire, le monde autour de lui va s’écrouler, et il va donc devoir revoir intégralement sa vision de son travail, de la ville où il vient de s’installer, de ses collègues et même de ses étudiants. De professeur modèle, aimé de tous qui passe ses soirées à jouer aux cartes avec ses amis, Norman passe à homme détesté, que les élèves tentent de faire chanter, que les adultes méprisent et tentent de rabaisser par tous les moyens. On veut se débarrasser de lui, on tente de le faire chuter pour harcèlement, la liste est longue et face à un tel retournement, notre personnage en vient à se demander si tous les éléments occultes qui étaient présents dans sa maison à son insu ne sont pas réels et ne lui facilitaient au final pas la vie. Bien entendu, l’histoire ira bien plus loin dans le dernier acte, avec quelques révélations et autres trahisons. Et malgré quelques facilités, il faut bien avouer que Brûle Sorcière Brûle est extrêmement bien écrit, rythmé, et du coup, prenant d’un bout à l’autre. Le métrage rends ses personnages attachants, fait monter la tension via des situations allant crescendo, et même si quelques éléments sont un brin trop rapides, et que le final laisse également un poil à désirer, c’est du très bon boulot.
Mais le métrage ne s’arrête pas à cet excellent scénario, puisque chaque aspect du métrage est soigné. Les acteurs par exemple, à l’exception peut-être de Margaret Johnston qui en fera un peu trop par moment, sont tous dans le bon ton. Aucun surjeu, aucun acteur à côté de la plaque, aucun jeu trop théâtral. Vraiment de l’excellent boulot. Mais le plus impressionnant, surtout pour le sujet, ce sera la mise en scène, et la plupart du temps, ces effets spéciaux. Brûle Sorcière Brûle bénéficie d’une mise en scène de haute volée. Toujours élégante, avec de nombreux mouvements de caméra fluides, et surtout un cadrage qui sait quand il faut resserrer l’action (des splendides gros plans sur des yeux, avec un éclairage sublime en noir et blanc), mais surtout sait utiliser le cinémascope pour donner à chaque scène un certain aspect de grandeur, évitant de tomber dans le piège des petites productions filmant leurs dialogues en simples champ – contre champ. Sydney Hayers, réalisateur très actif dans le monde de la télévision, livre là une copie franchement intéressante à bien des niveaux. De même pour les décors ou les effets spéciaux, on aurait pu craindre que le film abuse de maquettes en tout genre, ce qui à mes yeux donne un charme immense mais rends il est vrai les métrages difficiles d’accès aux plus jeunes, mais il n’en est rien. Les décors sont souvent impressionnants et parfaitement mis en valeur par le cadrage et le noir et blanc, les effets spéciaux sont au final plutôt rares et discrets, si ce n’est une petite scène lors du final qui me laisse vraiment de marbre. Quelques rares petites fausses notes, sans doute pour être plus démonstratif, et qui fonctionnent moins que le reste, mais ne pénalisent pas cette œuvre bien foutue pour autant. Très belle découverte.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Une mise en scène classe ♥ Un film diablement efficace ♥ Un scénario plutôt habile |
⊗ Quelques facilités |
Plutôt méconnu et difficile à trouver en France, Brûle Sorcière Brûle est un excellent petit métrage anglais, très bien filmé et qui jamais n’ennuie avec un scénario qui fait monter en puissance les événements. Quelques fausses notes, mais rien de bien méchant. |
Titre : Brûle Sorcière Brûle – Burn Witch Burn – Night of the Eagle
Année : 1962
Durée : 1h30
Origine : Angleterre
Genre : Fantastique
Réalisation : Sidney Hayers
Scénario : Charles Beaumont et Richard Matheson
Avec : Peter Wyngarde, Janet Blair, Margaret Johnston, Anthony Nicholls, Colin Gordon, Kathleen Byron et Reginarld Beckwith
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