Lui et son partenaire Keung comptent parmi les meilleurs flics de Hong Kong. Mais leur taux de réussite élevé s’accompagne d’un haut niveau de violence, et après que Keung soit allé trop loin avec un suspect, il a été renvoyé de la police. Lorsque les problèmes d’argent arrivent, Keung sombre peu à peu dans la criminalité…
Avis de Cherycok :
Bien qu’il soit connu des amateurs de cinéma de Hong Kong pour avoir réalisé le culte Black Cat (1991) et sa moins culte suite Black Cat II (1992), Stephen Shin est dans le milieu du cinéma de Hong Kong depuis la nouvelle vague à la fin des années 70 / début 80 à laquelle il a participé avec des films tels que Affairs (1979), Innocence (1980) et Eclipse (1982). En 1986, il devient directeur exécutif de la célèbre D&B Film Company de Dickson Poon pour laquelle il met en scène Brotherhood (1986), le film du jour, avant d’enchaîner sur une fructueuse collaboration avec la société de production jusqu’à sa chute en 1992. Au milieu des années 80, la mode est aux polars secs et violents, faisant la part belle aux heroic bloodshed, et Brotherhood va nous proposer un spectacle surfant sur cette mouvance, certes au final assez classique, mais pourtant des plus attachants en partie grâce à son casting de gueules du cinéma de Hong Kong. Alors pour les afficionados, restez lire les quelques lignes qui suivent, ça pourrait vous intéresser.
A vrai dire, nous ne sommes pas ici dans un heroic bloodshed qui pète de partout et, bien qu’il y ait des scènes d’action, Brotherhood s’intéresse bien plus à ses personnages, à leurs relations, à leurs dilemmes moraux, aux choix qu’ils feront et qui vont impacter le reste de leur vie. Le scénario est assez classique, avec un policier intègre mais qui va « protéger » son meilleur ami, ancien flic, qui est tombé dans le vol à cause de problèmes d’argent. Avec par-dessus, le fils du flic intègre, qui vient d’intégrer la Police, à qui on va demander d’enquêter sur ces vols. Brotherhood est un film qui porte bien son titre, représentant parfaitement la relation entre ses deux protagonistes principaux, interprétés par Danny Lee (The Killer) et Alex Man (Rich and Famous). Le duo est clairement l’atout principal du film, interprétant à la perfection leurs rôles. Danny Lee incarne son personnage avec une intensité froide détonante ; Alex Man prouve que s’il est bien dirigé, qu’il ne cabotine pas à mort comme il a l’habitude de le faire, il peut être très bon acteur. Ils trouvent clairement ici un de leurs meilleurs rôles. Ajoutez à cela un Shing Fui-On (The Killer) qui une fois de plus s’éclate dans le rôle de chef des criminels relativement psychotique, et vous obtenez un casting parfait pour ce genre de films. Les thématiques inhérentes au genre sont également ici bien présentes, comme l’amitié, la loyauté, l’honneur, la fraternité, et jamais le film ne cherche à dévier de ce classicisme dans lequel il semble des plus à l’aise. Mais pourtant au final, qu’importe, parce que ce que le film fait, il le fait bien. Il n’y a pas de noir, pas de blanc, le conflit entre la fierté et la bravoure est au cœur du récit, avec des personnages qui vont briser leur morale pour l’amitié et la fraternité. Certes, les différents arcs narratifs sont assez prévisibles, mais ils restent néanmoins plutôt intéressants.
Le climat est sombre, assez désespéré et bien plus réaliste que bon nombre de polars de la 2ème moitié des années 80. La réalisation de Stephen Shin est plutôt solide, avec parfois même quelques effets de style bienvenus, l’ambiance hongkongaise de cette époque est très bien retranscrite et parfaitement raccord avec côté dramatique du film. Car comme dit plus haut, nous ne sommes pas ici dans un heroic bloodshed. Broherhood penche plutôt vers le drame, tout en évitant le mélo dans lequel certains de ses comparses se vautrent. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas d’action, bien et contraire, et le film se fait très rythmé. C’est ici plus brut, plus sec, moins cinétique et cinégénique que dans un film de John Woo par exemple. Mais cela reste très efficace et relativement bien fait. On est plus proche du travail d’un Ringo Lam sur City on Fire ou d’un Johnny Mak sur Long Arm of the Law que d’un Syndicat du Crime de Woo sorti la même année, et cela colle bien plus au ton général du film. Bien que le succès du film fût mitigé à sa sortie, même pas 8M$HK de recettes au box-office, le film a été encensé par les critiques. Brotherhood a été nominé pour le meilleur Film aux HK Films Awards de 1987, Danny Lee pour le meilleur acteur, et Stephen Shin pour le meilleur réalisateur. Aucune statuette ne sera finalement remportée.
| LES PLUS | LES MOINS |
| ♥ Excellent casting ♥ Bien mis en scène ♥ Des scènes d’action sèches et brutales ♥ Jolie photographie |
⊗ Très classique ⊗ Prévisible |
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| Brotherhood est un bon petit polar HK un peu trop oublié, un drame policier tendu qui laisse exploser toute sa rage lors d’un excellent final. On n’est pas du niveau de City on Fire ou de Long Arm of the Law, mais l’ensemble se défend aisément. | |
LE SAVIEZ VOUS ?
• L’œuvre a été fortement coupée pour sa sortie en DVD chez Media Asia, dont d’importantes séquences détaillant les décisions d’Ah Keung d’adopter la vie de criminel.
Titre : Brotherhood / Frères d’Armes / 兄弟
Année : 1986
Durée : 1h24
Origine : Hong Kong
Genre : Polar méconnu
Réalisateur : Stephen Shin
Scénario : Stephen Shin, Kim Yip, Ng Wai-Yin, James Fung
Acteurs : Danny Lee, Alex Man, Lam Wai, Ku Feng, Shing Fui-On, Fong Kit, Shing Wing-Biu, Ngai Tim-Choi, Woo Pin-Yue, Lo Hung, Cheung Ping-Chuen, Wong Man-Shing
