Le film raconte l’histoire d’Eilis Lacey, une jeune immigrante irlandaise à Brooklyn dans les années 1950. Attirée par la promesse des États-Unis, Eilis quitte l’Irlande et le confort de la maison de sa mère pour les rives de la ville de New York. Le mal du pays qui la tourmentait au début diminue lorsqu’Eilis se laisse emporter par une nouvelle romance. Rapidement, sa nouvelle vivacité est perturbée par son passé et Eilis doit choisir entre deux pays et les vies qui y sont rattachées.
Avis de Rick :
Brooklyn, je ne sais pas pourquoi, ça me fait penser au Discours d’un Roi. Sans doute car les deux métrages, en plus de se dérouler dans le passé, à une époque plutôt importante, sont des métrages à oscars. Oui, le genre de films qui mettent en avant la prestation des acteurs, si bien qu’en se penchant bien dessus, on peut dire que c’est au final assez académique, mais pour peu que l’on rentre dans le sujet, les prestations des différents acteurs nous transportent. Brooklyn, c’est exactement ça. Adapté d’un roman à succès, cette co-production entre l’Angleterre, l’Irlande et le Canada nous raconte le destin d’une jeune Irlandaise qui se retrouve en Amérique durant les années 50. Brooklyn précisément comme nous l’indique le titre. Attirée là pour vivre une vie meilleure, en laissant tout derrière elle : sa meilleure amie, sa sœur, sa mère. Et les premiers pas sur place ne sont pas faciles. Outre la difficulté de se retrouver seule, Eilis va également avoir le mal du pays, tout en devant continuant à paraître heureuse dans sa famille d’accueil, mais également à son travail, et aux cours qu’elle suit. Et bien entendu, pour surmonter tout ça, quoi de mieux qu’une romance, pour retrouver l’espoir, le sourire ? Oui dit comme ça, je sais c’est très bateau. Et pourtant à l’écran, Brooklyn délivre surtout un magnifique portrait de femme, sans jamais verser une seule fois dans les excès du genre dans lequel il s’engage, à savoir, la romance.
Comme toute bonne romance (ou même film tout court), l’ensemble est découpé clairement en trois actes. Et si son déroulement et même les péripéties nous pourront dire ne sont pas franchement originales et s’avèrent prévisibles, la justesse du traitement et surtout les différents éléments venant se greffer à cette histoire amènent un peu de fraicheur. Nous sommes donc en 1951, et nous suivons dans un premier temps Eilis dans la difficulté du quotidien. Devoir s’adapter à un travail, un nouveau pays, se faire de nouveaux amis, vivre avec une nouvelle famille. Il faut dire qu’à l’époque, les opportunités étaient plutôt maigres là où vivait la jeune femme. Le réalisateur laisse clairement ces différents acteurs s’exprimer, si bien que le au revoir de Eilis à sa mère (Jane Brennan) et sa sœur (Fiona Glascott) sont déchirants. S’ensuit malgré tout ce que la vie en Amérique peut lui proposer une période sombre pour la jeune femme. Avant que la roue ne tourne lorsqu’elle rencontrera Tony, un Italien. La vie prend un nouveau tournant, professionnel, émotionnel, et la jeune femme en ressort grandie, heureuse. Mais lorsqu’elle devra retourner en Irlande pendant quelques temps pour finalement y retrouver sa famille, elle va se retrouver face à plusieurs dilemmes moraux.
Tout ce qu’elle a voulu quitter parce que son pays ne pouvait lui proposer lui tombe alors directement dans les mains. La jeune femme va même prendre encore plus d’assurance, découvrant chez elle des choses qu’elle ignorait encore, vis-à-vis de ses capacités notamment. Travail, amitié, amour, l’Irlande peut alors tout lui proposer de nouveau. C’est là une des forces du métrage, car si ces grandes lignes sont prévisibles, que l’on voit venir le dénouement final, il parvient néanmoins à nous offrir des sujets plus intéressants qu’on ne pourrait le penser. Oui, Brooklyn, c’est une romance, mais c’est aussi un magnifique portrait de femme, une femme qui va grandir et apprendre à se connaître.
Oui, Brooklyn est un drame, hautement réussi, l’émotion fonctionne, lorsque Eilis quitte sa famille, ou bien lorsqu’elle assiste à un repas lors duquel un Irlandais va se mettre à chanter. Mais il est parsemé de notes d’humour plutôt savoureuses, comme lors des nombreux repas dans la pension où se trouve Eilis. Il y a donc énormément de choses à retenir de Brooklyn, autant dans le fond, que dans la forme, puisque John Crowley a su s’entourer d’une équipe technique solide (magnifique photographie et ambiance des années 50), mais surtout d’excellents acteurs. Emory Cohen est excellent à l’écran, tout comme Julie Walters en gérante de la pension, sans oublier bien entendu la sublime Saoirse Ronan, qui impressionne depuis ses débuts, que ce soit chez Joe Wright (Reviens-moi, Hanna), Peter Jackson (Lovely Bones) ou encore Neil Jordan (Byzantium) et Ryan Gosling (Lost River).
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Une mise en scène simple et carrée ♥ De superbes acteurs ♥ L’émotion fonctionne ♥ Des moments drôles |
⊗ Un peu académique au final |
Simple en apparence, Brooklyn traite de plusieurs sujets avec justesse et émotion, le tout porté par des acteurs exceptionnels. |
Titre : Brooklyn
Année : 2015
Durée : 1h51
Origine : Irlande / Angleterre / Canada
Genre : Drame / Romance
Réalisateur : John Crowley
Scénario : Nick Hornby d’après le roman de Colm Tolbin
Acteurs : Saoirse Ronan, Emory Cohen, Domhnall Gleeson, Jim Broadbent, Julie Walters, Brid Brennan, Fiona Glascott et Jessica Paré