[Film] Brightburn, de David Yarovesky (2019)


Tori Breyer a perdu tout espoir de devenir mère un jour, quand arrive dans sa vie un mystérieux bébé. Le petit Brandon est tout ce dont elle et son mari, Kyle, ont toujours rêvé : c’est un petit garçon éveillé, doué et curieux de tout. Mais à l’approche de la puberté, quelque chose d’aussi puissant que sinistre se manifeste chez lui. Tori nourrit bientôt d’atroces doutes sur son fils. Désormais, Brandon n’agit plus que pour satisfaire ses terribles besoins, et même ses proches sont en grave danger alors que l’enfant miraculeux se transforme en un redoutable prédateur qui se déchaîne sur leur petite ville sans histoire…


Avis de Cherycok :
Ceux qui me connaissent savent que les super-héros et moi, à une ou deux exceptions près, on n’est pas copains. Enfin, ce n’est pas les super-héros eux-mêmes (quoi que je n’ai pas été élevé aux comics et n’ai donc aucune affinité avec eux), mais plus ce que le cinéma en fait depuis des années. Mais je ne m’étalerai pas sur ce sujet bien trop vaste pour faire office d’introduction. Par contre, les films de super-héros qui sortent du lot m’ont toujours intéressé. Allez savoir pourquoi, je n’aime pas aller dans le sens du vent. Chronicle, On l’Appelle Jeeg Robot, Guardians, la série Misfits, Super, Kick-Ass, Superlopez et les autres, là j’ai envie d’y jeter un œil, qu’ils soient bons ou pas au final. Je me suis donc logiquement intéressé à Brightburn, sorte de croisement entre Superman et le personnage de Damien du film La Malédiction, pondu par un James Gunn (Les Gardiens de la Galaxie, Horribilis, Super) en tant que producteur, son frère Brian Gunn et son cousin Mark Gunn au scénario, et leur pote David Yarovesky (The Hive) à la réalisation. Alors si en plus, la presse spécialisée a trouvé ça raté alors qu’ils encensent tous à l’unisson les innombrables Marvel / DC qui inondent nos écrans, il fallait définitivement que je voie Brightburn.

Brightburn est une série B qui ne cherche jamais à concurrencer ses homologues de chez Disney / DC. Il ne joue clairement pas sur le même terrain et son faible budget, estimé à environ 10M$US, ne le lui aurait de toute façon pas permis de le faire. David Yarovesky et ses potes les Gunn ont donc eu envie de mixer le film d’horreur au film de super-héros et de faire en sorte de proposer un spectacle méchant, voire même craspec. Pour cela, ils vont malignement détourner le point de départ de Superman. Et si ce petit garçon venu de l’espace, recueilli par des fermiers ne pouvant pas avoir d’enfants et voyant son arrivée comme un cadeau du ciel, avait en fait été envoyé sur Terre pour la détruire ? Et si ce petit garçon venu de l’espace, ayant des soucis de socialisation avec ses « pairs », était en fait un être diabolique qui, lorsqu’il allait à l’adolescence s’en rendre compte, allait de servir de ses pouvoir pour faire le mal, ou tout simplement se venger de ceux qu’il juge mériter son châtiment ? Car oui, le petit Brandon, malgré une enfance à priori normale, commence à péter pas mal un plomb avec l’arrivée des poils sur le kiki. Les interactions sociales sont compliquées, surtout avec la gent féminine qu’il a du mal à aborder « normalement » ; il n’a pas d’ami ; ses centres d’intérêts sont parfois étranges ; il se découvre une force surhumaine et bien d’autres capacités que les enfants de son âge ne sont pas censés avoir ; et ses nuits sont « hantées » par une voix rauque et glauque qui lui répète sans cesse « Take the World ». Bah au bout d’un moment, il va le take le world, à grand coups de rayons lasers sortant de ses yeux, de soulevage de bagnole et de défonçage de maison. Il est comme ça le Brandon, il laisse s’exprimer ses émotions. Même si ça inclut d’être taquin et farceur avec ses congénères.

Nous sommes d’accord que l’idée en elle-même ne va pas chercher bien loin, mais elle a le mérite de proposer une autre vision du mythe du super-héros. Une vision moins aseptisée, aussi simple et facile soit-elle au final, et surtout un spectacle méchant et sanglant. Certains ont reproché au personnage principal d’être trop inexpressif et d’avoir des réactions parfois très étranges. Pour le premier point, c’est le personnage tel qu’il a été conçu qui veut ça, en plus de rentrer dans la période d’amorphie et de mono-expressivité caractéristiques dont bon nombre d’adolescents se dotent au grand dam de leurs parents. Pour le deuxième point, cela peut également être interprété différemment, avec un héros ayant un côté curieux, imprévisible, voyeur, et même pervers, qui comprend qu’il fait peur et qui va jouer sur cette peur. Et son costume fait main, plus proche de l’épouvantail que du slip moulant rouge de Superman, irait dans ce sens. Il faut par contre avouer que, même s’ils sont plutôt bons en termes de jeu, Elizabeth Banks (Hunger Games, W : L’Improbable Président) et David Denman (13 Hours, Puzzle) ont des rôles très convenus, et au final un peu fades. Néanmoins, ils font le job, et leurs réactions parfois étranges à eux se justifient également (une mère qui aime son fils éperdument, un père qui en a immédiatement très peur).

La mise en scène de David Yarovesky est plutôt solide (il l’avait déjà montré dans son premier film The Hive en 2015). Même s’il joue un peu trop avec des effets/plans un peu trop faciles (les plans larges où Brandon flotte dans les airs en arrière-plan) ou trop insistants (il abuse un peu trop des jump-scare), l’ensemble se tient, avec une belle photographie et des plans qui valent le coup d’œil. Malgré le budget plus que réduit, il s’en sort bien au niveau des CGI. C’est loin d’être parfait, c’est parfois approximatif, mais Yarovesky préfère faire du hors champ plutôt que de trop montrer et permettre au spectateur de voir tous les défauts de l’image de synthèse. Au niveau des CGI artisanaux, servant surtout lors des scènes gores, là c’est très réussi, avec des scènes parfois bien craspec (le bout de verre dans l’œil) et qui font mal. Car je le répète, Brightburn est un film méchant. Même si on aurait aimé qu’il pousse cet aspect encore plus loin, le film va crescendo dans la violence et le chaos, avec un personnage central qui maîtrise de mieux en mieux ses pouvoirs, jusqu’au final noir, voire nihiliste à glacer le sang. Oui, nous aurions aimé que ce petit monde soit un peu plus développé, mais Brightburn semble être étudié comme un film d’introduction qui va poser les bases d’un univers faisant la part belle aux anti-héros, sorte de Evil Justice League avec une version dark de Aquaman et de Wonder Woman qu’on aperçoit dans la scène post-générique. Le film ayant récolté 3 à 4 fois plus que ce qu’il a coûté, juste pour son exploitation US, il est donc fort probable qu’un Brightburn 2, mettant en scène d’autres versions détournées de héros DC connus, voit le jour.

LES PLUS LES MOINS
♥ L’univers noir et violent
♥ Les scènes gores
♥ Le look du (anti)héros
⊗ Début un peu mou
⊗ Des seconds rôles anecdotiques
Bien que très imparfait, Brightburn est une série B qui a le mérite de proposer un film de super-héros différent. Jusqu’au boutiste, violent, sadique, sans concession, ponctué d’humour noir, on passe un bon moment et on est curieux de voir, si suite il y a, comment cet univers va être développé.

LE SAVIEZ VOUS ?
• Même si cela se fait rarement au cinéma, ce n’est pas la première fois que le mythe de Superman est détourné dans les comics version papier. La saga à succès Superman : Red Son voyait la capsule de Superman se cracher en Ukraine plutôt que au Kansas, avec un super héros évoluant en pleine Union Soviétique.
• Le nom du personnage principal, Brandon Breyer, suit la même logique que pour bon nombre de super héros tels que Peter Parker, Bruce Banner, Matt Murdock, Otto Octavius, … pour lesquels la première lettre du prénom est la même que la première lettre du nom.
• Lors de la scène post générique, il y a un clin d’œil au film Super (2010) de James Gunn, producteur du film et ami du réalisateur.
• Pour le look du costume de Brightburn, la chef costumière a imaginé un mix entre un super-héros et un personnage de slasher. Elle a essayé jusqu’à 120 masques et capes avant de s’arrêter sur un modèle inspiré d’un masque de lutte avec laçage sur le devant.


Titre : Birghtburn / Brightburn : L’Enfant du Mal
Année : 2019
Durée : 1h30
Origine : U.S.A
Genre : Il a les yeux rayons laser, il a le regard qui tue…
Réalisateur : David Yarovesky
Scénario : Brian Gunn, Mark Gunn

Acteurs : Jackson A. Dunn, Elizabeth Banks, David Denman, Abraham Clinkscales, Christian Finlayson, Jennifer Holland, Emmie Hunter, Matt Jones

 Brightburn: L'enfant du mal (2019) on IMDb


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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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