[Film] Break War, de Danny Pang (2024)

Une épreuve de force entre un homme qui commet des crimes envers de puissants entrepreneurs et la Police de Hong Kong qui cherche à l’arrêter.

Avis de Cherycok :
Les frères Pang étaient des monteurs réputés dans l’industrie du cinéma de Hong Kong. Et même au début de leur carrière de réalisateurs, certains de leurs films étaient des plus intéressants. Citons par exemple The Eye (2002) ou Leave Me Alone (2004). Et puis, ce fut la dégringolade et chacun de leurs nouveaux films étaient souvent la risée des amateurs de cinéma de Hong Kong. Malgré tout, ils ont continué à faire leur petit bonhomme de chemin, à l’instar de celui des deux frères qui nous intéresse aujourd’hui, Danny Pang, naviguant entre des coproductions sino-hongkongaises comme Death Stranding (2023) et purs DTV chinois comme Exorcism (2023). Lorsque je suis tombé sur sa dernière bobine Break War alignant un pur casting HK, je me suis fait violence et j’ai voulu tenter l’expérience en me disant que, sait-on jamais, sur un malentendu, le résultat pourrait valoir le détour. Erreur fatale, ce vil faquin de Danny Pang nous prouve une fois de plus que ses bons films n’étaient peut-être dus qu’à la chance du débutant. Break War est un film plat, sans grand intérêt, et je vais vous expliquer pourquoi.

Ça m’a paru très étrange de trouver cette bobine de 2024 dans le catalogue iQiYi. Break War ressemble à un pur film HK, réalisé par une personnalité de Hong Kong, avec un casting rempli d’acteurs de Hong Kong, l’histoire se déroule à Hong Kong et il a même été tourné en cantonais. Pourtant, il a été produit par la Chine et aucune boite de production hongkongaise ne semble derrière. Autre chose étrange, il a beau être sorti en 2024, on retrouve au casting Liu Kai-Chi, second couteau du cinéma de Hong Kong qui est décédé en… mars 2021. Ça sent le film qui semble être resté dans les cartons pendant un long moment et ça, ce n’est jamais bon signe (souvenez-vous Hidden Strike avec John Cena et Jackie Chan…). En fouillant un peu, autre mauvais signe, on apprend qu’il ne s’agit pas d’un film SVOD mais bien d’un film cinéma, et ce malgré son arrivée directement sur la plateforme de SVOD chinoise iQiYi. A priori, le film est bien sorti en salles mais n’a généré que 19000$US le premier jour et semble avoir été éclipsé par sa sortie SVOD simultanée où il a correctement fonctionné lors de son premier jour d’exploitation, avant de s’effondrer dès les jours suivants. Et on peut comprendre cet échec car après visionnage, on peut sans souci affirmer que Break War est un film plat, terne, qui ne provoque pas grand-chose chez le spectateur si ce n’est l’ennui et l’envie que le générique de fin arrive vite. Les rares scènes d’action n’ont aucune tension. La première course poursuite est l’exemple même de ce qu’il ne faut pas faire en termes de mise en scène, plate, sans saveur, impersonnelle, en plus d’être mal filmée et mal montée. On a souvent l’impression que les acteurs s’emmerdent royalement et même certaines des figures emblématiques du cinéma de Hong Kong comme Francis Ng semblent ne faire aucun effort pour rendre leurs scènes un minimum intéressantes. On ne pourra même pas se consoler avec les images, d’un classicisme à toute épreuve avec une photographie passe partout, un montage sans éclat et des procédés de mise en scène lourdingue. Pourquoi nous remontrer deux fois le même bout de scène ? Au cas où on n’aurait pas compris la première fois ? Pour augmenter artificiellement la durée du film ? Mais le pire, c’est le scénario…

Le scénario de Break War est un beau bordel, à la fois artificiellement dense et brouillon. Danny Pang passe énormément de temps à étoffer son histoire, mais plus il l’étoffe et plus ça devient bordélique au point qu’on ne sait pas réellement quoi faire de tous les informations qui nous sont données. De la scène d’ouverture où un patron est menacé, à l’arrestation d’un maniaque psychopathe qui maltraite des gens dans sa propre maison, en passant par des effondrements d’immeubles, des cas de personnes disparues, des vols d’ambulance, des enlèvements d’enfants et bien d’autres choses, on ne s’en sort plus. On comprend bien que Danny Pang cherche à éveiller les soupçons et à semer le doute chez le spectateur, sauf que Pang se contente de présenter diverses affaires de Police une à une mais sans donner d’explications censées au public et il manque plein d’informations. Le personnage de Lam Suet est menacé de mort, mais qu’a-t-il fait pour cela ? Que se passe-t-il ensuite ? Quelle était l’intention du psychopathe ? Rien n’est clair. LE scénario prend le temps de développer des personnages mais il fait parfois exploser tout ce développement en quelques secondes, comme s’il se foutait complètement de ce qui avait été mis en place. On a vraiment l’impression que Break War aurait été mieux adapté en série, avec un scénario qui aurait eu le temps de tout mettre en place, de tout expliquer, car là on a vraiment l’impression que ça veut condenser tellement de choses en 1h26 que, au final, tout est flou et on n’y comprend pas grand-chose. On sent bien que Pang tente d’explorer la nature humaine dans une société malade où règne la corruption, la trahison, avec des personnages qui parfois cherchent la rédemption où qui se rattachent au sens du mot « famille ». Mais rien ne fonctionne et le résultat est que le spectateur peut très facilement décrocher d’un film qui ne fait pas grand-chose pour le tenir en haleine.

LE SAVIEZ VOUS ?
• Il a été demandé à l’actrice Cheng Yuan-Yuan de regarder de nombreux polars de Hong Kong afin de s’inspirer du jeu des actrices. Le résultat est sans appel : soit elle n’en a regardé aucun, soit elle est juste mauvaise actrice.

Titre : Break War / Broken Mission / 破戰
Année : 2024
Durée : 1h26
Origine : Chine
Genre : Très mou du genou
Réalisateur : Danny Pang
Scénario : Danny Pang

Acteurs : Francis Ng, Michael Tong, Simon Yam, Cheng Yuan-Yuan, Liu Ying-Yi, Ken Hung, Angus Yeung, Lam Suet, Gary Chiu, Liu Kai-Chi, Felix Lok, Wang Zi, Angel Koo