[Film] Bound to Vengeance, de J. M. Cravioto (2015)

Eve, une jeune femme de 21 ans, se retrouve séquestrée par un inconnu dans la cave d’une maison. Elle parvient toutefois à se libérer et à immobiliser son agresseur. Alors qu’elle est sur le point d’accomplir sa vengeance, elle découvre que l’homme retient captives quatre autres jeunes femmes dans des maisons séparées. Tiraillée par son désir de vengeance et la volonté de sauver les jeunes femmes, Eve décidera de les libérer une à une. Mais son plan ne se déroulera pas comme prévu et Eve devra faire face aux conséquences de ses actes…


Avis de Cherycok :
Le « rape and revenge » est un sous genre du cinéma d’horreur / thriller souvent très peu apprécié à cause, en général, de sa violence graphique et psychologique. Pourtant, le genre a pondu quelques œuvres cultes telles que La Dernière Maison sur la Gauche (Wes Craven, 1972) ou I Spit on your Grave (Meir Zarchi, 1978), qui ont d’ailleurs chacun eu droit ces dernières années à un remake (plutôt réussi en plus). Beaucoup se sont essayés au genre, avec plus ou moins de réussite, il faut l’avouer, et un des derniers représentants du genre est le Bound of Vengeance qui nous intéresse, réalisé par le jeune José Manuel Cravioto, dont c’est le deuxième film. Une chouette petite bobine qui pêche malgré tout dans sa deuxième partie.

Alors pour ceux qui ne sauraient pas ce qu’est le « rape and revenge », quelques petites explications s’imposent, car non, cela n’a rien à voir avec du fromage ou des carottes. Le rape and revenge suit en général le même schéma relativement : une personne, souvent une jeune et jolie demoiselle, se fait séquestrer / torturer / violer par quelqu’un dont on ignore tout, va réussir à se libérer, et va devenir elle-même le bourreau de son propre agresseur. Une sombre histoire d’arroseur arrosé sur fond de vengeance en somme. Mais la différence de Bound of Vengeance avec bon nombre de ses congénères, c’est que celui-ci ne s’attarde pas sur toute la partie torture de la jeune héroïne et rentre directement dans le vif du sujet. On sent qu’elle en a chié des ronds de chapeau, que ça n’a pas dû être une partie de plaisir, mais José Manuel Cravioto préfère se concentrer sur la vengeance de la jeune donzelle et cette dernière est déjà libre de ses propres mouvements à peine 5 minutes après le début du film. En 1h19 générique de fin compris, pas de temps à perdre et autant se concentrer sur l’essentiel.

Cette première moitié de film est vraiment réussie car le réalisateur prend le spectateur à contre-pied et s’amuse avec les codes du genre. Notre héroïne ayant décidé de reporter sa vengeance à plus tard et de sauver les autres jeunes filles séquestrées, il est amusant de voir comment les premiers sauvetages tombent complètement à l’eau. Sans trop en dévoiler, mais entre mort accidentelle, et syndrome de Stockholm, certaines scènes valent leur pesant de cacahuètes, surtout lorsqu’en plus ces dernières sont agrémentées d’un humour noir des plus plaisants. L’ensemble respecte le cahier des charges du genre : c’est violent, très violent parfois. Mais là où d’autres prod auraient versé dans le gore à outrance avec des sévices tous plus horribles les uns que les autres, Bound to Vengeance sait rester sage et n’en fait jamais trop. Un bon point tant d’autres films essaient à tout prix de choquer le spectateur et en oublient l’essentiel.
Et puis d’un seul coup, sans trop qu’on sache pourquoi, le film décide de redevenir complètement premier degré dans sa deuxième moitié, perdant pour le coup toute l’originalité de sa première partie bien à contre-pied. L’humour noir disparait, les petits twists se font de plus en plus grossiers, et même si l’intérêt reste toujours présent grâce à un coté très prenant, on ressort du film avec un petit gout amer dans la bouche, comme une impression de gâchis. Pourquoi le film n’a-t-il pas continué sur sa lancée !?!

C’est dommage car José Manuel Cravioto s’en sortait plutôt correctement. De chouettes plans, une ambiance bien présente, un rythme qui ne baisse jamais, seuls certains tics visuels et de mise en scène devenaient à la longue un peu envahissants. En effet, le réalisateur use et abuse de micro-flashbacks, certains parfois se répétant plusieurs fois, qui mis bout à bout nous en expliquent certes un peu plus, mais qui sont franchement trop nombreux et finissent par parasiter l’histoire. Les maquillages sont quant à eux réussis, sans fioriture, et donnent encore plus d’impact à la souffrance de certains personnages, interprétés par un casting qui ne commet quasi aucune faute de gout. La jeune Tina Ivlev, aperçue dans des séries telles que Graceland, Weed ou encore Les Experts, et le vétéran Richard Tyson, un habitué des rôles de méchants, portent le film sur leurs épaules et aident clairement à la réussite de ce petit film qui ne paie pas de mine, qui est loin d’être parfait, mais qui fait son job et qui le fait bien.

Bound of Vengeance n’est pas à classer dans le haut du haut du panier des « rape and revenge », mais il s’en tire avec les honneurs malgré une seconde partie clairement un peu en dessous. Un bon petit film.

Note :



Titre : Bound of Vengeance / Reversal
Année : 2015
Durée : 1h19
Origine : U.S.A.
Genre : L’arroseur arrosé (de sang)
Réalisateur : José Manuel Cravioto

Acteurs : Tina Ivlev, Richard Tyson, Bianca Malinowski, Amy Okuda, Kristoffer Kjornes, Stephanie Charles, Dustin Quick, Fiorella Garcia, Scott Vance, Nihan Gur, Ric Sarabia, Vivan Dugré

 Reversal (2015) on IMDb


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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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