Lilith, une chasseuse de primes au passé trouble, revient à contrecœur sur sa planète natale, Pandore, la planète la plus chaotique de la galaxie… Sa mission est de retrouver la fille disparue d’Atlas, l’homme le plus puissant de l’univers. Pour y arriver Lilith va devoir former une alliance inattendue avec une joyeuse équipe de marginaux : Roland, un mercenaire chevronné ; Tiny Tina, une pré-ado avec un gros penchant pour la démolition ; Krieg, le protecteur musclé de Tina ; Tannis, une scientifique fantasque ; et Claptrap, un robot très bavard. Ensemble, ces héros improbables vont devoir affronter les pires espèces extraterrestres et de dangereux bandits pour découvrir les secrets les plus explosifs de Pandore.
Avis de Cherycok :
Je suis un amateur de la saga vidéoludique Borderlands qui, dès son premier opus en 2009, est devenue une des franchises les plus vendues de l’histoire puisque c’est pas moins de 83 millions de copies qui se sont déjà écoulées tout épisode confondu. Et c’est sans compter sur Borderlands 4 qui arrive en 2025. Bref. Curiosité sans doute un peu trop malsaine, j’ai voulu voir le film pour comprendre pourquoi il a été une catastrophe industrielle au cinéma avec un box-office de seulement 33M$US pour un budget de 115 (sans compter le budget promo qui serait de 30M$). Une perte sèche gigantesque pour Lionsgate qui a pris d’innombrables seaux de merde de la part du public, en particulier des fans de la saga qui n’ont pas supporté qu’on massacre, du moins selon eux, leurs jeux favoris. En ce qui me concerne, je n’avais aucune attente. J’ai beau aimer les jeux et l’univers, je n’attends rien d’une adaptation car si je veux me plonger dans cet univers, je joue au jeu, je n’attends pas qu’on me sorte un film. Et bien que j’ai du mal à comprendre un si gros acharnement envers ce Borderlands, parce que déjà ce n’est qu’un film, ça reste effectivement pas très bon, mais pas plus pas moins qu’un autre blockbuster hollywoodien récent estampillé Marvel ou DC.
Les problèmes ont commencé dès la production du film. Borderlands est un jeu d’une grande violence, certes très fun mais sanglant, voire sadique par moment, avec un humour assez noir, et le premier montage d’Eli Roth a immédiatement provoqué un vent de panique chez le studio pour sa violence extrême malgré son côté bon enfant (le syndrome Deadpool ?). Ne voulant pas classer le film R (mineurs de 17 ans et moins doivent être accompagnés d’un adulte), le Studio se heurte au refus de Roth d’adoucir son film. Cela couplé à des premières projections tests très mitigées, pour ne pas dire mauvaises, la sortie du film est mise en stand-by et il reste près de deux ans en post-production. Des reshoots sont effectués par Tim Miller (Deadpool, Terminator : Dark Fate) pendant deux semaines, la bande son est complètement entièrement refaite, et le film est adouci du début à la fin afin que la moindre goutte de sang ou presque soit effacée et que le film devienne un PG-13. Borderlands respecte les jeux sur bien des points, jusque dans certains détails comme le pistolet légendaire de Lilith aux munitions infinies. On y retrouve l’ambiance générale désertique, le look visuel de certains personnages ou encore le robot ClapTrap que beaucoup ont critiqué pour son flux de paroles incessant et très agaçant, bien qu’il soit comme ça dans le jeu. Mais oui, on comprend pourquoi a parfois été comparé au Jar Jar Binks de la prélogie Star Wars. Le problème, c’est que là ils essaient de coller au matériau de base, ils font parfois n’importe quoi sur d’autres points. Certains personnages sont complètement aseptisés, à commencer par celui de la jeune Tina, normalement bien plus barrée au point que même les bandits ne veulent pas se frotter à elle. Le personnage de Roland est lui aussi bien différent de celui de la saga vidéoludique. Mais surtout, l’humour noir et barrée des jeux (du moins des premiers) a laissé place ici à un humour marvelisant et surtout débilisant parce que ça semble être devenu la norme de beaucoup de blockbusters friqués présentant des univers sortant de notre réalité.
Le casting s’en sort étonnamment bien. Certes, il y aurait à redire sur Ariana Greenblatt (Barbie, Love and Monsters), à côté de la plaque, ou Edgar Ramirez (Point Break, Délivre-Nous du Mal), qui n’est pas très crédible en grand méchant, mais Cate Blanchett (Le Seigneur des Anneaux) s’en sort étonnamment bien et semble s’amuser comme une petite folle à tirer sur tout ce qui bouge, Florian Munteanu (Creed 2), masqué du début à la fin, en impose avec sa carrure, et même Kevin Hurt, souvent très irritant lorsqu’il joue le comique black de service, est ici relativement sobre du début à la fin, nous prouvant que lorsqu’il ne tente pas de singer Eddie Murphy ou Chris Tucker, il peut être plutôt bon acteur. Le scénario ne suit pas celui du jeu et tente d’être une histoire originale. Mais entre le fait que c’est du déjà vu 50 fois et que nous sommes ici dans la preuve vivante que les blockbusters Hollywoodiens ne font preuve de plus aucune imagination, que ça va d’un point A à un point B sans jamais tenter de nous surprendre, et surtout que à cause de l’aseptisation de cet univers violent et de ses répliques méchantes qui ici jouent plutôt sur l’humour presque bon enfant, c’était déjà se tirer une balle dans le pied par avance auprès de tous les fans de la saga qui, forcément, allaient crier sur tous les toits que c’était de la merde. Et c’est vrai que sur ce point-là, c’est incompréhensible, surtout à une époque où un film comme Deadpool, avec sa violence exacerbée et ses gros mots toutes les 3 secondes, engrange des centaines de millions avec une facilité déconcertante et que donc, laisser la violence et le délire que Eli Roth avait prévu au départ n’aurait pu qu’aider le film dans sa course au box-office. Dans l’absolu, les scènes d’action ne sont pas mauvaises. La mise en scène de Eli Roth est dynamique, il a de la bouteille, mais le problème c’est que, en plus d’être parfois un peu montées à la truelle, elles sont malgré tout extrêmement génériques au point qu’à peine sorti du film, on a même du mal à se remémorer si une scène, voire un plan, nous a marqué un tant soit peu. Le fait qu’on ne se soucie au final que peu des personnages ne vient clairement pas aider. Et puis beaucoup de CGI piquent sincèrement les yeux. Autant lors des scènes calmes, on va dire que ça passe, autant lorsque l’action se met en marche, c’est parfois sacrément dégueulasse et on se marre (alors que ce n’est pas fait pour) devant des plans hideux où les fonds verts sont tellement voyants qu’on se croirait devant une production lowcost de chez The Asylum.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Un casting plutôt impliqué ♥ L’univers visuel bien retranscrit ♥ Quelques moments malgré tout sympathiques |
⊗ Des CGI souvent aux fraises ⊗ Un méchant pas charismatique ⊗ Beaucoup trop édulcoré ⊗ L’humour trop enfantin ⊗ Scénario lambda |
Borderlands est un énième blockbuster qui ne parvient pas à se démarquer des autres comédies d’action, qui ne fait aucun effort pour immerger le public dans un univers intéressant, et qui au final s’avère tout aussi médiocre que ses petits copains. |
LE SAVIEZ VOUS ?
• À sa sortie, le film a obtenu un score incroyablement rare de 0 % sur Rotten Tomatoes.
• Jamie Lee Curtis a décrit son personnage comme étant autiste. Ceci est cohérent avec le jeu dans lequel Tannis se décrit à plusieurs reprises comme incapable d’avoir des relations avec d’autres personnes.
Titre : Borderlands
Année : 2024
Durée : 1h41
Origine : U.S.A
Genre : Adaptation (encore) ratée
Réalisateur : Eli Roth
Scénario : Eli Roth, Joe Abercrombie
Acteurs : Cate Blanchett, Kevin Hart, Edgar Ramirez, Jamie Lee Curtis, Arianna Greenblatt, florian Munteanu, Janina Gavankar, Jack Black, Benjamin Byron Davis