Comme sa mère, Sam est tueuse à gages. Elle travaille pour une organisation appelée « la Firme ». Alors qu’elle doit exécuter un contrat, elle se retrouve confrontée à un dilemme : mener à bien sa mission ou sauver la vie d’une petite fille.
Avis de Cherycok :
Réalisateur israélien peu prolifique, Navot Papushado n’a réalisé que Rabies (2010), Big Bad Wolves (2013), un segment de The ABCs of Death 2 (2014), et plus récemment Gunpowder Milkshake, renommé chez nous Bloody Milkshake. Un titre plus badass mais résolument moins fun. Coproduction americano-germano-française, ce dernier film a bénéficié d’un budget de 30M$US, soit le budget d’une série B de luxe de nos jours alors qu’il y a encore quelques années, on aurait appelé ça un blockbuster. Sorti en pleine période COVID directement sur Netflix et dans quelques salles aux States, Bloody Milkshake ne semble pas avoir retenu l’attention de grand monde, ni aux States, ni dans le reste du monde. La faute au COVID ? A un manque de publicité ? A une mauvaise presse et/ou un mauvais bouche-à-oreille ? Une chose est sûre, c’est que nous ne sommes pas face à un chef d’œuvre du 7ème art. Et pourtant, en termes de divertissement badass, fun, parfois un peu bas du front, qui délivre ce qu’on lui demande, il ne démérite pas, loin de là.
Bloody Milkshake est ce qu’on appelle aujourd’hui un John Wick Like … comme si on avait attendu John Wick pour faire des films de ce genre mais bon, là n’est pas le débat. Mais un John Wick Like féminin et féministe. Les grands hommes sont tous des méchants, des fourbes, des balances, les femmes sont celles qui vont péter des bouches. Là aussi, un coup d’œil dans le rétroviseur pour s’apercevoir qu’on n’a pas attendu la génération woke pour faire des films de ce genre mais bon, là n’est pas le débat non plus. On sent que le réalisateur Navot Papushado a de nombreuses références cinématographiques et son film est un melting pot de ces références plus ou moins bien digérées, mais dans l’unique but de proposer un film résolument fun et bourrin. On pense très vite à Kill Bill, lui-même inspiré du personnage de Meiko Kaji dans Lady Snowblood, au cinéma de Tarantino de manière générale à la fois pour certains effets visuels dans l’action que pour les dialogues. L’action doit également beaucoup à John Woo, comme ces ralentis bien appuyés avec destruction du décor, par les doubles guns qu’il a popularisés. Le visuel avec tous ces néons renvoie à la saga John Wick, elle-même s’inspirant de bon nombre d’ambiances visuelles des années 80. Bref, rien de bien nouveau dans l’absolu dans ce Bloody Milkshake, mais pourtant le contrat est rempli. Enfin, pas complètement. Car à chaque point positif, à chaque bonne idée, il y a quelque chose qui vient (très légèrement) tirer vers le bas. Le scénario par exemple, fluide, bien exécuté, simple … trop simple peut-être, mais surtout, déjà vu maintes fois et prévisible de bout en bout. Mais ça encore, ça passe, je préfère un film déjà vu mais efficace plutôt qu’une bobine originale mais qui se plante complètement (question de point de vue).
Le casting vaut sincèrement le coup d’œil. Lena Headey (Dread, Game of Thrones) est cool en maman badass qui s’est rangée des assassinats mais pas complètement. Le trio Carla Gugino (Watchmen, San Andreas) / Angela Bassett (Strange Days, Black Panther) / Michelle Yeoh (Police Story 3, Le Sens du Devoir 2) dans le rôle des « tantes » fonctionne parfaitement. Il y a une tripotée de gueules qu’on retient du côté des méchants, tout comme Paul Giamatti (Truman Show, Twelve Years a Slave) et son personnage ambigu. Karen Gillan, l’héroïne du film, révélée au grand public avec son rôle de Nebula dans la saga Les Gardiens de la Galaxie, s’en sort également très bien en tueuse en plein doute lorsqu’une jeune enfant vient perturber son quotidien. Comme dit plus haut, chaque bonne chose du film se voit parasitée et autant Karen Gillan est à l’aise dans les scènes de dialogue, autant c’est parfois plus compliqué lors des scènes d’action. On saluera son envie de réaliser le plus de choses elle-même, mais on sent que niveau martial, elle est proche du néant, en plus d’avoir du mal à lever la gambette, comme si elle avait oublié sa souplesse dans un autre film. Son personnage perd parfois en crédibilité. Même chose pour les scènes d’action. Ça fourmille d’idées souvent très bonnes, soit dans ce qu’il se passe à l’écran (le combat avec les bras engourdis), soit par la mise en scène de ces scènes (des néons ultra colorés, des effets clipesques bien sentis). Mais dans le premier cas, c’est parfois un peu hésitant, un peu bancal, dans le deuxième ça sonne parfois un peu artificiel. Ça ne vient jamais réellement entacher le fun que procure l’ensemble, d’autant plus qu’on sent chez Navot Papushado une réelle envie d’en donner pour son argent, aussi bien dans l’action que dans l’univers un peu BD qui est développé. Mais on ne peut s’empêcher de penser que si tout avait été aux petits oignons, on aurait eu là une sacrée bonne bobine.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Un scénario simple… ♥ Visuellement intéressant ♥ Un bon casting ♥ Des scènes d’action très funs ♥ La violence grotesque |
⊗ … mais vu et revu ⊗ Karen Gillan pas toujours crédible ⊗ Certaines références au forceps |
On sort de Bloody Milkshake en ayant cette impression d’avoir passé un bon moment, bourrin, bien écervelé, comme on nous le promettait sur le papier. Et dans ces temps de néant en termes de blockbusters hollywoodiens, une bonne petite série B est déjà une petite victoire. |
LE SAVIEZ VOUS ?
• Karen Gillan, Lena Headey, Angela Bassett, Carla Gugino et Michelle Yeoh sont devenues de bonnes amies pendant le tournage. Selon Karen Gillan, après une journée entière de tournage de scènes d’action, elles sont allées au bar de l’hôtel un soir, et elles ont fini par se saouler au point de ramper jusqu’à leur chambre d’hôtel.
• Les trois personnages joués par Angela Bassett, Michelle Yeoh et Carla Gugino sont vêtus de bleu, de vert et de rouge, une référence possible aux fées marraines de la Belle au bois dormant.
Titre : Bloody Milkshake / Gunpowder Milkshake
Année : 2021
Durée : 1h54
Origine : U.S.A / France / Allemagne
Genre : Bim bam boum dans ta gueule le mâle !
Réalisateur : Navot Papushado
Scénario : Navot Papushado, Ehud Lavski
Acteurs : Karen Gillan, Lena Headey, Carla Gugino, Michelle Yeoh, Angela Bassett, Paul Giamatti, Chloe Coleman, Ralph Ineson, Ed Birch, Adam Nagaitis, Michael Smiley