[Film] Bloodsport, de Newt Arnold (1988)

Champion américain de karaté, le capitaine Franck Dux a un objectif : gagner le Kumité. Un tournoi clandestin d’arts martiaux qui a lieu à Hong Kong et qui réunit tous les meilleurs combattants de la planète. Il va y faire la rencontre de Ray Jackson, un lutteur, et de Chong Li, un combattant sournois et cruel mais aussi très doué.


Avis de John Roch :
Peu importe l’océan du DTV dans lequel il nage, dans lequel il y a des réussites mais aussi de gros ratages, les ricanements de ses interventions télé qui le tournent en ridicule, où il a juste du mal à s’exprimer c’est selon, j’adore Jean-Claude Van Damme, de ses débuts à sa déchéance, de ses résurrections régulières sur grand écran, avant de replonger la tête la première dans l’océan susmentionné, les muscles from Bruxelles ont bercé mon enfance, et continuent de me bercer. En parlant de résurrection, JCVD est de nouveau in, de par la mise en ligne de plusieurs de ses films sur Netflix, et du prochain Dernier Mercenaire sur la même plateforme de SVOD qui arrive bientôt duquel je n’attends rien, si ce n’est le pire, et quand on s’attend au pire on ne peut être que surpris. En attendant, revenons au commencement avec Bloodsport, le film qui a propulsé Jean-Claude Van Vaerenbergh de son vrai nom sur le devant de la scène. Premier vrai rôle après des apparitions ici (Rue Barbare et Monaco Forever) et là (figurant dans Break Streat 84, méchant de Karaté Tiger) après avoir fait démonstration de ses capacités à Menahem Golan, co-boss de la Canon. Ce dernier permet un tournage à Hong Kong sous la houlette de Newt Arnold, 66 printemps au compteur à ce moment, mais à leur retour, Golan déchante face au produit fini. Résultat, une sortie directement en vidéo et ça en est fini de Van-Damme. Ce dernier parvient à convaincre Golan de prendre le contrôle des opération en s’improvisant monteur, bien que sans expérience il a sa vision du film en tête, et rend le métrage plus dynamique qu’il ne l’était. Alors, ego trip d’un acteur en devenir qui a voulu porter l’attention sur lui ou coup de poker désespéré d’un homme qui a trop longtemps galéré avant de voir une éventuelle porte vers la gloire se fermer ? Je penche pour la seconde hypothèse, et bien qu’on ne saura jamais ce qu’était Bloodsport avant ses modifications, l’effort est payant, le film cartonne en vidéo et sort en salle, il rapporte 50 millions de dollars dans le monde, en plus de propulser JCVD sur le devant de la scène.

Bloodsport est une autobiographie romancée de la biographie déjà bien romancée de Franck Dux, maitre en arts martiaux (par ailleurs coordinateur des combats sur le film) à la vie bien remplie mais aussi bien fabulée. En effet Dux serait vainqueur de nombreux kumites secrets, et aurait bosser pour la CIA, sans que ces informations soient vérifiées avec des preuves concrètes. Son éditeur de l’époque a même stoppé la publication de son autobiographie, et une démonstration de ses talents totalement truquée lors d’un show à Paris aura raison de sa crédibilité. Van Damme est donc Franck Dux, militaire qui se fait la malle de sa caserne on ne sait trop pourquoi (son chef voulait juste lui parler), pour retrouver son Shidoshi et rendre hommage à son frère d’arme décédé. Pour l’honneur, il part pour Hong Kong participer au kumite, un tournoi secret où s’affrontent les meilleurs combattants du monde. Voilà pour le scénario qui tient sur un post-it, tout juste Franck développera une relation amoureuse qui ne débouchera sur rien, se fera des potes en la personne de Ray, une grosse brute sympa comme tout, et de Victor, se fera poursuivre par deux militaires et le chef de la police de Hong Kong (dont Forest Whitaker et Philip Chan) qui doivent le ramener au bercail le temps d’une scène bien plus comique que palpitante, et sera en proie aux doutes dans une scène clipesque remplie de flashbacks accompagnée d’une chanson qui va bien, à la Rocky 4. Quant aux combattants, excepté Chong-Li, grand méchant qui a le droit à deux lignes de dialogues, on ne peut pas dire qu’ils soient utiles à l’ intrigue, aucune rivalité ne s’installe entre eux, aucun dialogue, aucune présence en dehors du ring, à part le compère de Van-Damme, Michel Qissi, qui montre en une seconde qu’il n’a pas le talent de son compatriote (mais il explosera en Tong Po dans Kickboxer).

Plus intéressant, les 20 premières minutes sont en fait des flashbacks pendant lesquels on apprend comment Franck a trouvé son maitre (en gros il a tenté de le voler. Allez-y, amusez-vous à braquer le Sifu, le Senseï ou le maitre du coin, on va voir si il va vous prendre sous son aile), et la spiritualité dans les arts martiaux. Spiritualité qui n’est pas de mise lors du tournoi sans règles (c’est à se demander l’utilité de la présence d’un arbitre) mais qui n’est pas complètement oubliée (l’indignation après que Chong-Li ait tué son adversaire). Bref, le scénario de Sheldon Lettich (collaborateur régulier de Van Damme) accumule les sous-intrigues pas nécessairement utiles afin de meubler un scénario qui se résume à une série de combats, dans une structure de jeu de versus fighting avant l’heure, et là Bloodsport réussit son pari. Déjà les combattants sont de vrais artistes martiaux, aux styles de combats variés tels que le kung fu, le muai thaï, le kickboxing, la capoeira et un style non identifié pratiqué par un homme qui se prend pour un singe, et ça se ressent à l’ écran. Il est juste dommage que les combats soient trop courts, les personnages n’ont pas le temps d’exister et de montrer l’étendue de leurs talents. Pourtant ceux-ci sont loin d’être de mauvaise facture, bien au contraire, et certains combats sont mémorables, l’un ou Jean-Claude et Paulo Torcha (inoubliable dans Clash of the Ninjas) s’amusent à se balancer des coups de pieds dans les côtes, et le combat final contre Chong-Li, le tout rythmé par une excellente B.O bien 80’s qui donne la pêche (Fight to survive, yeah!). Mais Bloodsport, c’est la consécration de Jean-Claude Van Damme qui donne tout, de ses capacités martiales à l’élasticité de son scrotum dans une série de grands écarts en passant par son coup de pied sauté circulaire qui deviendra sa marque de fabrique, et ses talents d’acteurs, déjà présents bien que le surjeu n’est jamais bien loin à certains moments.

LES PLUS LES MOINS
♥ Jean-Claude Van Damme
♥ Bolo Yeung en Chong-Li
♥ Des combats sympas…
♥ La B.O
⊗ Des sous intrigues inutiles
⊗ … mais très courts
Bloodsport est un film qui a su conserver son capital sympathie au fil du temps. Plus que le scénario inexistant, on retient les combats de bonne facture et les débuts de Jean Claude Van-Damme au cinéma.

LE SAVIEZ VOUS ?
• Le personnage de Johnny Cage de Mortal Kombat est inspiré du rôle de Van Damme dans Bloodsport.
• Franck Dux ne détient aucun record énoncé avant le générique de fin.
• Malgré sa musculature imposante, Bolo Yeung ne mesure que 1m68. Il a été filmé en contre-plongé pour le rendre plus menaçant.


Titre : Bloodsport / Tous les coups sont permis
Année : 1988
Durée : 1h32
Origine : U.S.A
Genre : Le grand tournoi
Réalisateur : Newt Arnold
Scénario : Sheldon Lettichn

Acteurs : Jean-Claude Van Damme, Bolo Yeung, Donald Gibb, Leah Ayres, Norman Burton, Forest Whitaker, Roy Chiao, Michel Qisi, Paulo Torcha, Philip Chan

 Bloodsport - Tous les coups sont permis(1988) on IMDb


 

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Auteur : John Roch

Amateur de cinéma de tous les horizons, de l'Asie aux États-Unis, du plus bourrin au plus intimiste. N'ayant appris de l'alphabet que les lettres B et Z, il a une nette préférence pour l'horreur, le trash et le gore, mais également la baston, les explosions, les monstres géants et les action heroes.
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