Après avoir été blessé lors d’une fusillade, un capitaine du SWAT chinois perd la vue. Renvoyé de la police et en pleine dépression, il va alors développer une ouïe exceptionnelle qui va lui permettre de continuer à se battre. Son nouveau talent va lui être d’une grande utilité lorsque sa fille va être kidnappée.
Avis de Nasserjones :
Il y a quatre/cinq ans, quand la déferlante de téléfilms chinois réalisés pour les chaines de streaming commençaient à envahir le net, je plongeais à pieds joints dans ce nouveau phénomène, espérant naïvement retrouver un peu l’adrénaline que m’avait procuré le cinéma HK des années 80/90. Après tout, dans ce nouveau cinéma, on retrouvait bon nombre d’acteurs du cinéma HK, que ce soit des comédiens ou des chorégraphes et il y avait quand même une culture en commun qui pouvait nous laisser espérer de belles choses. Malheureusement ce fut très vite la douche froide. Au bout d’une quinzaine de films visionnés, j’en retenais à peine deux, et encore deux tout juste potables. Je dû me rendre à l’évidence, les téléfilms chinois, c’était un peu comme beaucoup de produits chinois, pas chers mais de très mauvaise qualité. J’ai particulièrement développé une réelle aversion envers tout ce qui est fantasy chinoise pleine de CGI bidons, essayant de singer lamentablement le roi Tsui Hark ou les navets militaires surfant sur le succès des blockbusters de Dante Lam. Mais voilà, à force d’entendre Rick et d’autres gens sur Twitter me dire qu’il y a quand même des trucs sympas dans le streaming chinois, j’ai décidé de retenter l’aventure et, effectivement, après quelques nouveaux visionnages, je dois avouer qu’il commence à y avoir des trucs très funs, comme ce Blind War justement.
Bon alors Blind War, c’est de la série B tout ce qu’il y a de plus bis. On est devant un gros fourre-tout dénué de la moindre subtilité qui mélange un peu tout et n’importe quoi grossièrement. On a un peu de John Wick avec des scènes d’action qui mélangent gunfights et combats rapprochés avec pas mal de techniques de ju-jitsu, des caméramans qui essayent de copier maladroitement le style de Garreth Evans en bougeant dans tous les sens autour des acteurs dans les scènes de baston, des méchants tous droits sortis d’un jeu vidéo et un héros aveugle qui se bat super bien grâce à sa super ouïe comme Daredevil. Au milieu de tout ça on a aussi des touches d’humour très mal venues par l’intermédiaire d’un commissaire bouffon maladroit qui passe son temps à s’en prendre plein la gueule, histoire de nous rappeler qu’il ne faut surtout pas trop prendre ce divertissement trop au sérieux. Comme si, on n’avait pas compris que cette histoire sans queue ni tête de super guerrier aveugle parti en guerre contre toute une armée de criminels n’avait rien de sérieux… La réalisation est elle aussi assez maladroite avec certaines scènes d’actions un peu trop cut et manquant de visibilité et pas mal d’effets de style un peu foireux. Le réalisateur essaye visiblement de faire un film cool dans l’air du temps capable de séduire un public jeune. Inutile de parler du scénario il n’y en a n’a pas vraiment. Le scénariste a sans doute dû écrire une rapide ébauche, 15 minutes avant le commencement du tournage tout en mangeant un bol de nouilles. Sérieusement, les histoires de gangsters qui kidnappent des jeunes femmes pour les revendre j’ai l’impression d’avoir vu ça 156 fois ces dernières années. Soyons clair, Blind War est un film très con et complètement débile.
Bon, on se doute bien que quand on regarde un téléfilm chinois qu’on ne va pas se retrouver devant le dernier polar de Michael Mann et finalement tout ce qu’on demande à ce genre de produit c’est de nous divertir avec un peu d’action, et il faut dire que dans ce domaine il fait plutôt bien le taf. Ça commence très fort avec d’entrée une grosse fusillade dans laquelle un commando de malfrats armés jusqu’aux dents prend d’assaut un tribunal. Ça défouraille au milieu de la rue à la sulfateuse sur les agents du SWAT, il y a des morts par dizaines, des explosions, des corps criblés de balles et au milieu de tout ça, Andy On se bat, roule par terre, tire dans tous les sens. Et le film va enchainer plusieurs moments de bravoures bien funs comme par exemple une baston à un contre dix à la barre de fer où Andy On doit résister à ses agresseurs tout en tirant sur une chaine à laquelle sa complice est attachée afin qu’elle ne se noie pas, ou un final à la Tragic hero où le duo détruit la villa du bad guy et extermine tous les gangsters. Blind War n’est pas subtile certes, mais il est généreux, fun, violent, bruyant et bien rythmé, avec très peu de temps morts. Et puis c’est un plaisir de retrouver Andy On dans le rôle principal. Il est toujours aussi athlétique et bien plus charismatique que la plupart des acteurs de Chine continentale qu’on essaie de nous vendre dans ces films streaming. En fait, même en étant un produit low cost réalisé pour la télévision, Blind War ne m’a pas moins diverti que n’importe quel épisode de John Wick ou que beaucoup de polars coréens vus ces dernières années, preuve que le streaming chinois va finalement peut-être nous surprendre. En tout cas, très curieux de voir si de cet univers télé, certains réalisateurs, chorégraphes ou acteurs vraiment sérieux vont réussir à émerger.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Beaucoup d’action convenablement emballé ♥ Du rythme ♥ De la violence ♥ Andy On très convaincant |
⊗ Scénario stupide et plein de clichés ⊗ Personnages caricaturaux ⊗ Touches d’humour très maladroites ⊗ Réalisation parfois un peu cut et brouillonne |
Blind War est une série B rythmée, violente et fun emmenée par un Andy On en pleine forme qui casse du gangster pendant 1h40. Pour peu que vous ne soyez pas trop exigeants et que vous aimiez l’action, il ne manque pas d’arguments pour vous faire passer une bonne soirée. |
Titre : Blind War / 盲战
Année : 2022
Durée : 1h43
Origine : Chine
Genre : Action
Réalisateur : Chris Huo
Scénario : Lin Lao-Gou
Acteurs : Andy On, Yang Xing, Wang Han-Yang, Hank Qi, Dao Dao, Tempo Zhang, Frieda Hu, Cheng Si-Han, Zhou Hong-Bo, A Mu-Luo, Waise Lee, Vincent Matile