[Film] Blind Fury, de Phillip Noyce (1989)


Quand il a perdu la vue au Viêt Nam, Nick Parker a été recueilli par des paysans, qui lui ont appris les arts martiaux et le maniement du sabre. De retour aux États-Unis, vingt ans plus tard, il se met à la recherche de son vieil ami Frank Devereaux et découvre bientôt que celui-ci s’est endetté au jeu et qu’il est entre les mains d’un trafiquant de drogue de Las Vegas, Mac Ready, qui veut l’obliger à mettre ses talents de chimiste à son service…


Avis de Cherycok :
Tombé dessus complètement par hasard et attiré par le nom d’un acteur sur l’affiche que j’apprécie particulièrement, à savoir Rutger Hauer (Blade Runner, Le Sang des Héros, Hitcher), me voilà en train de vous parler de Blind Fury, rebaptisé chez nous Vengeance Aveugle. Petite série B de 1989 complètement inconnue du public, Blind Fury est ce genre de petit film qui ne paie pas de mine mais qui pourtant fait passer un agréable moment. Bobine d’action parsemée de petites touches d’humour très 80’s, le film nous présente les « aventures » de Nick Parker, vétéran de la guerre du Vietnam devenu aveugle à cause d’une explosion de grenade, recueilli par la population locale qui lui apprend l’art du maniement du sabre. Vingt ans après, par des circonstances malheureuses, il se retrouve en compagnie du petit garçon de son meilleur ami de l’armée. Le voilà parti à travers les États-Unis pour ramener le petit garçon à son père sur une route qui sera bien évidemment semée d’embuches. Cette histoire de sabreur aveugle ferait-elle référence à la célèbre saga japonaise Zatoichi à laquelle Takeshi Kitano a dédié un film en 2003 ? Parfaitement. Avis aux amateurs de films asiatiques…

Ce thème du sabreur aveugle avait déjà été adapté / revisité à plusieurs reprises. On pourra par exemple citer Blindman (1971) de Ferdinando Baldi avec Tony Anthony et Ringo Starr des Beeatles (si si) ; Blind Justice (1994), western produit par HBO pour la télévision avec Armand Assante dans le rôle-titre ; Zatoichi (2003) de Takeshi Kitano donc, Zatoichi The Last (2010) de Junji Sakamoto, ou encore Ichi (2008), film japonais où le sabreur aveugle est interprété par une femme. Pour cette adaptation américaine par le réalisateur australien Phillip Noyce (Salt, The Giver), c’est au début des années 80 que l’idée commence à germer lorsque le jeune acteur / producteur Tim Matheson parle à son ami Daniel Grodnik, producteur lui aussi, de la saga Zatoichi qu’il adore. Il lui fait découvrir La Légende de Zatoïchi : Route Sanglante (1967), 17ème épisode de la saga et ils décident ensemble de mettre en chantier un remake. Cela aura pris deux réalisateurs, trois studios, onze réécritures de scénarios et sept années avant que le film se concrétise enfin, avec dans l’idée de faire des suites si le succès est au rendez-vous. Vendu au studio Tri-Star grâce à de magnifiques punchlines telles que « Il est peut-être aveugle mais il n’a pas besoin de chien » ou « Priez pour le voir avant qu’il ne vous entende », qui seront d’ailleurs reprises sur certaines affiches US, le film sera un échec total lors de sa sortie en salles, anéantissant pour le coup toute possibilité de nouveaux opus, et se retrouvera cantonné à des sorties direct to vidéo à travers le monde. Il restera complètement méconnu du grand public alors qu’il est loin d’être mauvais. Il est même plutôt très sympathique !

Clairement, nous sommes dans quelque chose de plus familial que les films Zatoichi made in Japan. La violence est bien présente, même envers l’enfant, mais elle est beaucoup moins graphique. Pas de giclées de sang si ce n’est une main coupée très furtive, et surtout des touches d’humour très régulières, déjà présentes dans le chambara dont le film s’inspire, mais beaucoup plus enfantines dans Blind Fury. Ce dernier reprend d’ailleurs de nombreux éléments du 17ème volet de Zatoichi : La promesse à une femme qu’il ne connait pas d’amener son fils à son père, le gamin un peu turbulent et agité qui va finir par être très complice avec son escorte musclée, leurs chamailleries, le sabre caché dans la canne, ou encore le plan final sous le pont lorsque les deux se quittent. Le duo Rutger Hauer / Brandon Call fonctionne à merveille mais, de manière générale, c’est tout le casting qui s’en sort avec les honneurs, clairement Rutger Hauer en tête, très impliqué dans le rôle. Il aura d’ailleurs passé un mois entier en compagnie d’une vraie personne aveugle afin bien s’imprégner de ce handicap et un autre mois tout entier à s’entrainer au maniement du sabre avec l’expert Sho Kosugi, connu aux États-Unis pour ses rôles de ninjas dans de nombreux films du genre dans les années 80 (Ninja III, Ultime Violence, L’Implacable Ninja,…). Ce dernier fera d’ailleurs une apparition dans le film, le temps d’un combat.
Blind Fury ne se prend pas au sérieux, avec sa bande son dynamique et ses méchants qui versent dans le cliché à la limite de la parodie (les deux frères), et est très typé série B des années 80. La mise en scène est très carrée, propre, assez nerveuse, même si impersonnelle, et les scènes d’action au final pas si nombreuses mais réussies. Le divertissement est léger, certes, mais bel et bien là, et Blind Fury se suit sans aucun souci avec ce doux charme des eighties que beaucoup apprécient tant.

LES PLUS LES MOINS
♥ Le casting, très bon
♥ Les scènes d’action réussies…
♥ Le charme des 80’s
⊗ Quelques moments kitchs
⊗ Ça reste léger
Adaptation américaine du personnage Zatoichi, Blind Fury est une très sympathique série B d’action matinée de comédie. C’est gentillet mais plutôt efficace. Et puis on a toujours plaisir à retrouver Rutger Hauer.



Titre : Blind Fury / Vengeance Aveugle
Année : 1989
Durée : 1h26
Origine : U.S.A
Genre : Le sabreur aveugle
Réalisateur : Phillip Noyce
Scénario : Charles Robert Carner, Ryôzô Kasahara

Acteurs : Rutger Hauer, Terry O’Queen, Brandon Call, Noble Willingham, Lisa Blount, Nick Cassavetes, Rick Overton, Randall ‘Tex’ Cobb, Charles Cooper

 Vengeance aveugle (1989) on IMDb
























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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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