Après avoir signalé le chef criminel Wei Tianlang aux autorités, le villageois Gu Dahe disparaît mystérieusement et sa sœur meurt dans des circonstances suspectes. Au milieu d’une campagne nationale de lutte contre la criminalité, Lei Yang, capitaine de l’unité d’enquête criminelle, intervient pour découvrir la vérité et rendre justice.
Avis de Cherycok :
Dans le merveilleux monde du gros foutoir qu’est le DTV chinois, il y a des noms qui commencent à se détacher, des noms sur qui on sait pouvoir désormais compter, des réalisateurs dont on commence à guetter chaque nouveau film. Il y a Chris Huo, que certains surnomment le Michael Bay chinois. On citera également Yang Bing-Jia, qui avec son diptyque (bientôt trilogie) Eye for an Eye 1 et 2, a mis tout le monde d’accord, Ren Gao Liang, qui avec son premier film To Live Through Death a direct balancé un petit uppercut, ou encore et surtout Qin Peng-Fei qui, après les très bons Fight Against Evil et Fight Against Evil 2, vient nous montrer que c’est peut-être lui le patron du DTV chinois. Ce sont pas moins de 5 films qu’il sort en 2024 (6 selon certaines sources), tous allant du sympathique au très bon. Curbing Violence, The Bodyguard, Blade of Fury, Drunken Prodigy, et le film du jour, le percutant Black Storm, ou comment un DTV chinois au budget pas plus gros qu’une série B peut mettre à l’amende la quasi-totalité du cinéma d’action mondial actuel. Oui, objectivement, les DTV chinois ont clairement franchi un cap.
Le scénario est des plus simples, une histoire de flic qui revient dans sa campagne natale pour enquêter sur un méchant promoteur qui fait tout pour raser le petit village du coin. Du vu et revu diront certains mais ce n’est pas réellement gênant vu l’efficacité du film. Pourtant, Black Storm a malgré tout sa petite originalité à ce niveau-là, c’est qu’il délocalise son histoire dans la Chine des petites villes, pleines de crasse et de saletés, loin des immeubles luxueux de cent étages farcis de luminaires et de publicités des grosses mégalopoles qu’on voit régulièrement. Le réalisateur Qin Peng-Fei est originaire du Nord Est de la Chine (le titre original de la saga Fight Against Evil est « North East Police Story ») et il semble vouloir mettre cette région à l’honneur une fois de plus ici. C’est d’ailleurs assez étrange que les censeurs chinois aient autorisé à montrer ce genre de décors peu reluisants de leur pays, mais aussi et surtout qu’ils n’aient pas mis un stop au film à cause de sa violence. Ici, les criminels s’en donnent à cœur joie dans leur sale besogne, avec un niveau de débauche et de violence assez impressionnant pour du cinéma chinois. Outre la violence graphique et parfois psychologique, il y a même de la violence sexuelle, comme cette scène où le grand méchant, incarné par un Bao Bei-Er (Journey to the West 2) détestable, prend par derrière une jeune fille en pleurs devant un miroir sans tain tout en insultant le policier qui se trouve derrière. Est-ce que le film nous montre que la censure chinoise commence à lâcher sur certains points, difficile à dire, il faut voir si ça se généralise, mais ça serait bien pour que tous ces réalisateurs puissent enfin faire les films qu’ils veulent en toute liberté. Mais revenons-en à Black Storm et cette « guerre » entre le superflic intègre et ces méchants très très méchants. Bien que simple (mais pas simpliste), le scénario est ici bien traité. On pourra reprocher au film d’amener des intrigues secondaires qui n’ont au final que peu d’impact sur la trame principale, mais elles permettent d’amener un peu de substance et de nuance à certains personnages. On reproche parfois (souvent ?) aux DTV d’action chinois de poser tous leurs enjeux en 5 minutes top chrono et de se contenter par la suite d’aligner de l’action, mais ce n’est pas le cas ici et Qin Peng-Fei semble se soucier autant du fond que de la forme.
Le casting est des plus réjouissants. Bao Bei-Er est impeccable dans ce rôle à contre-emploi de baron de l’immobilier qui veut tout raser sur son passage, sadique, cruel, faisant preuve d’une violence rare même envers ses proches, mais ce n’est au final pas lui qui ressort gagnant de la réussite qu’est Black Storm. Il y a tout d’abord l’excellent artiste martial Liu Feng-Chao, ancien champion de Wushu jouant ici le rôle de l’homme de main sans pitié, charismatique à souhait, mais surtout Ashton Chen, ancien enfant star du cinéma de Hong Kong vu dans des films tels que les deux Shaolin Popey, The Saint of Gamblers ou encore Ten Brothers qui, à l’instar de Tse Miu (Eye for an Eye, Fight Against Evil 2), lui aussi enfant star du cinéma de Hong Kong, commence à s’imposer de bien belle manière dans le milieu du DTV d’action chinois. Le combat qui les oppose sur le toit d’un bâtiment est assez incroyable, assez jouissif, relativement long et dans lequel on a mal pour les combattants. De manière générale, ce sont toutes les scènes d’action du film qui sont réellement excellentes. Le réalisateur Qin Peng-Fei est un artiste martial, il a été assistant, voire carrément chorégraphe, de noms très connus du cinéma de Hong Kong comme Tsui Siu-Ming, Gordon Chan, Stephen Tung ou encore Derek Yee, et il ne faut que quelques secondes pour se rendre compte qu’il maitrise parfaitement son sujet. Il a à sa disposition plusieurs artistes martiaux très confirmés, extrêmement doués, et il en fait parfaitement usage dans des scènes d’action qu’il rendra parfaitement dynamiques, avec un excellent travail de caméra, une parfaite utilisation des décors et des environnements, une fureur de tous les instants et des chorégraphies très travaillées. Alternant plans larges, plans serrés, voire plan séquence lorsque c’est nécessaire, les combats procureront une grande jouissance à qui aime un tant soit peu le cinéma martial asiatique. Ça glisse sur le sol, ça se met joyeusement sur la gueule à grands coups de poings, de pieds, de couteaux, de crochet de boucher, ça explose du mobilier, que ce soit en un contre un, deux contre deux, un contre plein, et on sent une réelle envie de nous plonger une ou deux décennies en arrière, lorsque l’amateur de ciné HK découvrait des films comme SPL, Flash Point ou Special ID. Mention spéciale au combat dans l’ascenseur, renvoyant forcement à celui de The Raid 2, peut-être le meilleur du film.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Simple et efficace ♥ Bien rythmé ♥ D’excellentes scènes d’action ♥ Le trio d’acteurs de tête ♥ Bien mis en scène |
⊗ Un scénario déjà vu |
Qin Peng-Fei prouve qu’il est en train de devenir le patron du DTV chinois avec ce Black Storm qui met à l’amende la quasi-totalité de ce qui se fait actuellement en termes de cinéma d’action dans le monde. Intense, brutal et jouissif. |
LE SAVIEZ VOUS ?
• Le 6ème film que Qin Peng-Fei aurait réalisé en cette année 2024 serait Treasure Hunting. Mais les différents sites référençant la carrière du réalisateur ne l’incluent pas forcément. Il faudrait vérifier directement sur le générique du film.
• Un petit making of du film est disponible lors du générique de fin.
Titre : Black Storm / 打黑
Année : 2024
Durée : 1h37
Origine : Chine
Genre : Bordel ça fait du bien !
Réalisateur : Qin Peng-Fei
Scénario : Wang Po-Song
Acteurs : Ashton Chen, Bao Bei-Er, Qu Shan-Shan, Li Da-Qiang, Liu Feng-Chao, Qiang Gao, Gao Wei-Man, Li Da-Qiang, Yan Qin, Ren Zheng-Bin, Hong Wang