[Film] Black Samuraï, de Al Adamson (1976)

Robert Sand, agent de D.R.A.G.O.N., part combattre Janicot, qui a enlevé sa petite amie chinoise, fille de l’ambassadeur de l’Orient


Avis de John Roch :
Al Adamson fait partie de ces réalisateurs indéfendables pour le commun des mortels mais qui garde une place dans le cœur des amateurs du cinéma d‘exploitation et de nanars. Le metteur en scène a touché à tous les genres possibles, jusqu’à vendre plusieurs fois le même film en y incorporant parfois juste une scène qui adapte l’histoire à la vague du moment. Roublard mais pas fainéant, Al Adamson aura tout de même plus réalisé que remonté et apporté son lot de pépites dont peu ont eu le mérite, ou l’affront c’est selon, d’une distribution en France. Pas même ce Black Samuraï, qui finira tout de même par atterrir dans nos salons en DVD plus de 30 ans après sa sortie, malgré la présence dans le rôle titre de Jim Kelly. Tennisman professionnel et champion du monde de Karaté, Jim Kelly s’est fait connaître aux yeux du monde au coté de Bruce Lee dans Opération Dragon, mais sa carrière ne décollera jamais et il y mettra un terme après une décennie de séries B dans lesquelles il lève la jambe pour Robert Clouse, Fred Williamson, Cirio H. Santiago et donc Al Adamson. Ce dernier ne change pas ses habitudes et donne dans le pur film d’exploitation avec Black Samuraï qui tient autant de la blacksploitation que du film de karaté mais pas que, c’est aussi un film d’espionnage.

Jim Kelly est Sand… Robert Sand, qui se fait appeler le black samuraï, c’est nettement plus classe. Jim Kelly est donc est un agent secret du DRAGON, qui reprend du service en plein congé estival, et il a les boules, pour aller sauver la fille du chef du gouvernement Japonais qui se trouve aussi être sa dulcinée, kidnappée par un cartel qui trempe dans la prostitution, la drogue et compagnie mais c’est aussi une secte satanique. Ni une ni deux, Jim Kelly met fin prématurément à ses vacances, prend un taxi pour aller prendre sa bagnole peinture couleur violet chromé qui fait à elle seule la nique à toute la vague de tuning post Fast And Furious et s’en va directement dans le repaire du méchant pour accomplir sa mission. Et tout ça dans les 20 premières minutes car dans Black Samuraï ça va vite, très vite. Enfin, en surface. Car si il faut bien reconnaître que sur le papier le rythme du métrage laisse peu de place à l’ennui, à l’écran c’est une autre histoire avec des scènes d’exposition à dormir debout. Les débuts de Black Samurai sont d’ailleurs peu encourageants, car voir Jim Kelly disputer un match de tennis c’est bien parce qu’il aime ça, mais c’est pas pour ça qu’on a payé, puis la machine se lance et la magie opère. Une magie du genre « Tadam ! » sans vraiment de sens : Jim Kelly est sur la route avec sa bagnole et « Tadam ! », des racistes débarquent de nulle part et se font exploser en un coup de lance roquette en option avec la voiture. Jim Kelly se pose à l’hôtel et « Tadam ! », un nain armé d’un shotgun sort par surprise de nul part et se fait rétamer. Cependant, Black Samuraï retombe très vite dans un cercle vicieux où se mêlent action et dialogues assommants écrits n’importe comment avec des décalages entre les questions et les réponses parfois hallucinants. Quant au scénario dans sa globalité, il ne faut pas chercher de sens, Jim Kelly arrivant très rapidement dans l’antre du méchant, pour ne pas trop vite griller toutes les cartouches le script va tout de même le faire voyager on ne sait où, piégé dans un jeu de piste à l’unité de lieu incompréhensible qui justifie un minimum le coté espionnage. Mais en plus, ça a beau être des traquenards tendus par les bad guys, Jim Kelly il s’en fout. Il le sait pourtant, mais il y va pour notre plus grand plaisir.

Car si l’on omet le reste, et ça peut être rude tant c’est chiant, Black Samuraï mise sur l’action et c’est là qu’est tout l’intérêt. Il ne faudra pas compter sur des bastons emballées avec le plus grand soin, ceci dit Jim Kelly est parfois bien mis en valeur et si il est un piètre acteur (à l‘image du reste du casting), il démontre ses capacités martiales et sa rapidité dans une succession de scènes d’action terriblement mauvaises mais si amusantes. Black Samuraï enchaîne les moments improbables, Jim Kelly défonce des nains, des indigènes sortis d’un bois, et même un vautour, un vrai. Ajoutez à cela un montage qui part en vrille, des faux raccord en pagaille dont certains trahissent l’ordre dans lequel le film a été tourné (et même l’heure de la journée), des figurants qui au choix manquent de se casser la gueule, sont hilares dans le fond, ou se demandent ce qu’ils foutent là et surtout quoi faire, et des plans qui défient la logique. A ce titre, comment ne pas rester admiratif face à un plan dont on ne verra rien car caché par la coupe afro d’un figurant qui se place pile devant la caméra. Ce genre de moments très cons mais très bons, Black Samuraï en est blindé avec le stealth kill le moins discret de l’histoire du cinéma, des déguisements dessinés par des gamins de maternelle, une scène où un mec fait une balade en jet-pack dans un moment qui, il faut le reconnaître, fait spectaculaire mais est tellement mal foutu que ça en devient risible, Jim Kelly qui sort un mini lance flamme de son slip, entre autres mésaventures qui trouvent un point d’orgue dans une baston finale entièrement redoublée en post prod, pour un résultat à s’en décrocher la mâchoire. Des scènes au potentiel nanar certain, mais qui paradoxalement se vivent aussi très bien au premier degré avec un petit sourire en coin puisqu’il ne faut pas oublier qu’avant toute chose, Black Samuraï est un pur film d’exploitation avec ce que ça apporte comme outrance et folie typique d’une époque révolue. Dans les deux cas, Black Samuraï est une curiosité à voir pour les amateurs de ce type de cinéma qui n’avait peur de rien, mais on ne va pas se mentir : quand il n’y a pas de bastons, il est difficile de garder les yeux ouverts sur la longueur.

LES PLUS LES MOINS
♥ Jim Kelly
♥ Des idées improbables
♥ Du cinéma d’exploitation comme on en fait plus
♥ C’est rigolo
♥ Le rythme…
♥ De l’action
⊗ Techniquement c’est mal foutu
⊗ Ça joue mal
⊗ Des scènes d’exposition assommantes
⊗ … en surface

Si les scènes au potentiel nanar sont bien présentes, Black Samuraï est avant tout un pur film d’exploitation avec ce que ça apporte comme outrance et folie typique d’une époque révolue. Une curiosité à voir pour les amateurs de ce type de cinéma qui n’avait peur de rien.



Titre : Black Samuraï
Année : 1976
Durée : 1h28
Origine : USA
Genre : Yasuke
Réalisateur : Al Adamson
Scénario : B. Readick, Marc Olden et Marco Joachim
Acteurs : Jim Kelly, Bill Roy, Roberto Contreras, Marilyn Joi, Chia Essie Lin, Biff Yeager, Charles Grant, des nains, un vautour
Black Samurai (1976) on IMDb


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Auteur : John Roch

Amateur de cinéma de tous les horizons, de l'Asie aux États-Unis, du plus bourrin au plus intimiste. N'ayant appris de l'alphabet que les lettres B et Z, il a une nette préférence pour l'horreur, le trash et le gore, mais également la baston, les explosions, les monstres géants et les action heroes.
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