Après avoir protégé son sa maison de thé contre les triades, Cheng, un restaurateur charismatique et expert en arts martiaux fait régner la loi dans le quartier afin de protéger les habitants et de venger des amis tués par un groupe de mafieux.
Avis de Sanjuro :
Suite de The Tea House et plaidoyer pro peine de mort / pro milices de quartier aussi infect que jouissif, Big Brother Cheng pousse le bouchon tellement loin qu’il finit par ressembler à une caricature outrancière des polars ritals produits à la chaîne durant la même période.
Dans ce film de Kuei Chih-Hung (immortel réalisateur d’une poignée de « classiques » du bis HK dont l’inéna(nar)rable The Boxer’s Omen), les rues de Hong-Kong évoquent irrésistiblement le Rome de Brigade spéciale (fleuron du genre starring Maurizio -père spirituel de Steven Seagal- Merli), c’est à dire qu’il est tout simplement impossible de faire un pas sans tomber sur une agression. La « racaille » (le mal à abattre donc…) est partout, prête à voler, à tuer, à violer (entre autres joyeusetés) d’honnêtes citoyens. La vision proposée par Kuei Chih-Hung s’avère d’autant plus surréaliste qu’elle passe par la glorification béate de Big Brother Cheng (Chen Kuan-Tai, toujours aussi classe), vigilante aux méthodes de mafieux (ses relations avec la population évoquent à plus d’un titre le jeune Vito Corleone, « héros » d’un célèbre film de Gérard Krawczyk dont je tairais le nom) … Et pourtant le « grand frère », il n’y va pas avec le dos de la cuillère ! Citons, à titre d’exemple, cette séquence où, accompagné par les habitants du quartier (qui assistent aux diverses sentences dans la joie et la bonne humeur), il « punit » un groupe de violeurs en leur accrochant, à l’aide d’une corde, de grosses pierres au bout de la @*% £ !…La scène suivante nous montre le voisinage (qui s’est bien poilé face au spectacle de ces criminels traînant leurs gros cailloux avec une démarche de canard !) entonner un chant à la gloire du grand Cheng…Chanson qui, d’ailleurs, constituera le leitmotiv du film. Notons que la description des « petites gens » qui peuplent le quartier se montre plutôt réussie et fait preuve d’une certaine authenticité… Big Brother Cheng a beau être outrageux, il n’en possède pas moins de véritables qualités cinématographiques.
Au rayons des séquences hallucinantes, il est impossible de passer sous silence le final nous montrant toute la population d’un immeuble prendre les armes afin de casser du malfrat (et, accessoirement, protéger leur « parrain » préféré). Véritable festival de morts violentes, de petites vieilles qui éclatent du voyou à grands coups de balais et d’autres trucs tout aussi sympathiques, ce climax, filmé en accéléré, évoque irrésistiblement une version trash de Benny Hill…Bien que je doute fortement qu’il s’agisse de l’intention de départ ! Le spectateur, ébahi devant ce divertissement aussi profondément réac que poilant (si on le prend au second degré) sera achevé par un twist final crétinoïde parvenant à rendre le « message » encore plus puant alors que son but était, apparemment, de l’atténuer !
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Belle mise en scène ♥ Des séquences hallucinantes ♥ Chen Kuan-Tai |
⊗ Le message pro peine de mort |
Fans des petites sauteries nocturnes de Paul Kersey, je ne peux que vous conseiller de jeter un œil sur cette merveille d’humanisme qui, à l’instar du Barberousse de Kurosawa, devrait vous faire fondre le cœur. |
Titre : Big Brother Cheng / 大哥成
Année : 1975
Durée : 1h50
Origine : Hong Kong
Genre : Polar / Action
Réalisateur : Kuei Chih-Hung
Scénario : Sze-To On
Acteurs : Chen Kuan-Tai, Karen Yip, Tung Lin, Wai Wang, Chung Chan-Chi, Lin Wei-Tu, Lau Luk-Wah, Wong Yu, Fung Ging-Man, Chan Lap-Ban, Shum Lo