Tout juste débarqué de sa campagne, le jeune Guei trouve rapidement un travail dans cette jungle urbaine qu’est Pékin : il est engagé comme coursier, on lui confie un vélo, et dès ses premiers jours il multiplie les courses. Pour lui, réussir à vivre dans une ville comme Pékin relève du tour de force. Aussi ce n’est pas sans fierté, après avoir durement travaillé, qu’il se trouve sur le point de pouvoir racheter le vélo, et d’en devenir enfin propriétaire. Tout s’effondre le jour où on lui vole son seul outil de travail …
Avis de Oli :
Pour parler de Pékin, le réalisateur chinois Wang Xiaoshuai choisit d’utiliser l’un de ses symboles : la bicyclette. Celle-ci tient en effet lieu de fil conducteur au sein d’une histoire qui paraît légère mais qui dérape vite sur un ton plus grave.
Beijing Bicycle c’est donc avant tout un portrait : celui de Pékin. La ville tient en effet le premier rôle du film. Xiaoshuai la dépeint parfaitement, et c’est un véritable bonheur de pouvoir ainsi naviguer dans ses artères gigantesques ainsi que dans ses ruelles plus étroites. Les personnages, multiples, semblent se faire aspirer et engloutir par la masse. La ville fourmille d’activité, les gens se pressent, se bousculent, et pour se mouvoir correctement il n’y a pas trente-six solutions : il faut un vélo, quand on ne peut pas se payer autre chose. A partir d’un fait divers banal, à savoir le vol de la bicyclette d’un jeune coursier, Wang Xiaoshuai brosse une galerie de portraits très variés, mais qui baignent tous dans un pessimisme urbain palpable : des bandes de jeunes voyous qui cultivent un goût prononcé pour la violence, un jeune élève qui doit faire face aux promesses que son père ne tient jamais, un coursier venu de la campagne et qui découvre les désillusions et les injustices des villes, cette jeune femme de chambre qui s’invente une vie bourgeoise pour oublier le quotidien, etc.
Les portraits sont donc multiples, mais ils ont presque tous un point commun : leur malheur trouve sa source dans la pauvreté. Car à Pékin il y a du travail, mais il faut accepter des sacrifices, il faut accepter de suer sang et eau, il faut également savoir surmonter les obstacles et les injustices, les mensonges comme les violences, lorsque l’on ne fait pas partie des privilégiés. Guei va bien vite s’en rendre compte, pourtant il mettra beaucoup de temps à perdre sa naïveté de campagnard, avant d’apprendre qu’il est possible de se faire marcher dessus sans pourtant jamais avoir provoqué les coups. Bien vite, la recherche de la bicyclette volée va prendre la forme d’un conte initiatique. Une initiation dans la douleur, et les larmes.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Le portrait de Pékin ♥ La galerie de personnages |
⊗ Les malheurs parfois usants |
Beijing Bicycle est un film intéressant, en particulier pour son immersion totale dans la mégalopole chinoise. Pourtant je dois bien avouer que la guigne chronique qui s’abat sans cesse sur le pauvre coursier a fini par m’exaspérer quelque peu. |
Titre : Beijing Bicycle / 十七岁的单车
Année : 2001
Durée : 1h53
Origine : Chine / Taïwan
Genre : Drame
Réalisateur : Wang Xiaoshuai
Scénario : Wang Xiaoshuai, Peggy Chiao, Danian Tang
Acteurs : Cui Lin, Li Bin, Zhou Xun, Gao Yuanyuan, Li Shuang, Zhao Yiwei, Pang Yan, Zhou Fangfei, Xie Jian