L’histoire d’un homme qui, après avoir subi une très violente agression, n’est pas au bout de ses peines lorsqu’il se retrouve de nouveau persécuté par un autre psychopathe du village où il était parti chercher de l’aide.
Avis de Cherycok :
Dans les années 70 en Australie, on a vu déferler une vague de films d’exploitation suite à l’introduction de la classification R en 1971, année qui a également marqué le début du mouvement de la Nouvelle Vague australienne. Ces nombreux films d’exploitation qui sont arrivés, on a appelé ça la Ozploitation et elle a duré jusqu’à la fin des années 80. On a eu droit à moult films à petit budget : des comédies, de la sexploitation, des thrillers, des films d’action, ou encore beaucoup de films d’horreur. C’était souvent un cinéma brutal, sans concession, qui a marqué pas mal de cinéastes. Après une décennie assez calme dans les 90’s, le genre horrifique australien reprend du poil de la bête dans les années 2000, avec une production qui passe de 20 films d’horreur dans les années 90 à plus de 60 entre 2000 et 2008. On a vu débarquer des films comme Wolf Creek (2006), The Loved Ones (2009), Solitaire (2008), Black Water (2007) ou encore Les Ruines (2008). Dans les années 2010, bien que les sorties ont continuées, ça s’est un peu calmé. Pourtant, l’Australie continue de temps à autre à nous envoyer des bobines de genre bien vénères, et le nouveau film de Sam Curtain, Beaten to Death (2023), sentait bon le survival bien bien méchant, bien bien violent, avec une bande annonce nous promettant un spectacle jusqu’au-boutiste. Bon, autant vous dire tout de suite que Beaten to Death est une énorme déception.
Troisième et dernier film en date à l’heure où j’écris ces lignes de Sam Curtain après The Slaugtherhouse Killer (2020) et Blood Hunt (2017), Beaten To Death a été présenté pour la première fois au Night of Horror Film Festival 2022 en Australie où il semble avoir fait parler de lui à cause de sa violence extrême et de son côté jusqu’au-boutiste. Alors oui, lorsque cette violence est là, elle monte rapidement le curseur assez haut, sauf qu’au final, il n’y a pas tant de violence que ça contrairement à ce que le trailer aurait voulu nous faire croire. Mais nous y reviendrons. Nous sommes une fois de plus dans le gros cliché de la campagne australienne bien reculée où tout le monde semble être de la même famille et ou, surtout, tout le monde semble être un dégénéré susceptible d’envoyer n’importe qui qui s’approcherait d’un peu trop près bouffer les pissenlits par la racine. Et au milieu de tout ça, un mec, Thomas, va en prendre plein la gueule sans qu’on sache pourquoi, dans un calvaire qui semble sans fin. Bien entendu, on va découvrir petit à petit qui il est, ce qu’il est là, avec un scénario non linéaire qui va se déplacer à travers plusieurs lignes temporelles. Le procédé au final n’apporte rien et, si nous avions eu tous les éléments dans l’ordre, cela n’aurait rien changé. En y réfléchissant, cela aurait peut-être même été plus efficace avec une tension qui serait monté crescendo là où, en l’état actuel des choses, le rythme et la tension sont en dents de scie. Le problème est que Sam Curtain étire beaucoup trop son film pour arriver comme il le peut à l’heure et demie réglementaire. Certaines scènes sont beaucoup trop longues (quand on le voit errer à l’aveugle, quand il reprend son souffle, …) et il y a fort à parier que Beaten to Death aurait été bien plus efficace en moyen métrage de 45/50min. C’est simple, il doit y avoir 20 à 30 bonnes minutes en tout où on regarde le personnage central pleurer, crier, gémir, se lamenter, tenter de mettre fin à ses jours, marcher à l’aveugle dans des champs, … D’autant plus que, plus le scénario se dévoile, moins il devient intéressant. C’est simple, la hype qu’avait généré la bande annonce est redescendue à fur et à mesure que le film avançait.
Il faut dire qu’en plus, ce scénario est bardé d’énormes facilités et d’incohérences qui ne l’aident pas (attention, ça va spoiler). Sur qui notre héros tombe après plusieurs jours de marche à l’aveugle dans des champs ? Sur un membre de la famille dégénérée. Notre héros passe plusieurs heures crucifié à un mur avec des gros clous plantés dans les mains ? Qu’importe, on le fait creuser quelques minutes après un trou dans lequel il rentre 5 fois sans qu’il ne se plaigne de douleurs aux mains. Et ça va être comme ça tout le long. En plus de ça, tout est extrêmement prévisible, même sans avoir vu la bande annonce. En même temps, lorsqu’on tue son assaillant au bout de 15 minutes, on se doute bien que le film ne va pas en finir là et qu’il va falloir se méfier du moindre nouveau personnage. Autre point noir du scénario, outre le fait que si on le prend dans son ensemble il n’a ni queue ni tête, il oublie de développer le peu qu’il a à développer. Toute la relation avec la petite amie du héros est éclipsée et n’a guère de sens. Elle est certes le catalyseur, mais son personnage est expédié en moins de deux et on ne sait strictement rien sur elle ni sur leur relation. Sincèrement, on finit par se faire un peu chier, voire beaucoup. Et on ne peut que sortir du film avec cette impression de gâchis. Du gâchis car l’ambiance glauque, étouffante et crados à souhait est sincèrement réussie, avec une photographie qui a de la gueule, tantôt lumineuse, tantôt crade, nous donnant envie de prendre une douche devant tant de saleté (le personnage central passe une bonne partie de son temps recouvert d’un mélange de sang et de boue séchée). Il y a même certaines bonnes idées de mise en scène, comme ce bout de scène qu’on voit à travers son reflet dans une petite flaque de sang. La violence est également très bien retranscrite et Beaten to Death est clairement réservé à un public très averti, parfois craspec (énucléation, passage à tabac, …) mais au final, pour les habitués, on est bien loin de films comme Terrifier et surtout sa suite qui vont beaucoup, beaucoup plus loin en termes de violence. D’autant plus qu’au final, à part deux passages de 5 minutes assez extrêmes, le reste est très très sage.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Les moments gores… ♥ L’ambiance craspec ♥ Visuellement propre |
⊗ … au final peu nombreux ⊗ Des scènes qui s’étiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiirent ⊗ Des facilités et incohérences ⊗ Très prévisible |
Beaten to Death ne sera pas le renouveau du cinéma horrifique australien bien vénère malgré un trailer qui le vendait ainsi. Ce nouveau film de Sam Curtain a des qualités indéniables, mais est plombé par des problématiques bien plus importantes. |
Titre : Beaten to Death
Année : 2023
Durée : 1h32
Origine : Australie
Genre : Pétard mouillé
Réalisateur : Sam Curtain
Scénario : Sam Curtain, Benjamin Jung-Clarke
Acteurs : Thomas Roach, David Tracy, Nicole Tudor, Justan Wagner, David Curtain, John McGregor, Andy Krambousanos, Fiona Svamvur, Benny Blake, June Clarke