[Film] Bad Biology, de Frank Henenlotter (2008)


Photographe professionnelle, Jennifer cherche l’homme qui lui fera découvrir le septième ciel. Ce n’est pas facile car la jeune femme a un appétit sexuel tel qu’elle use littéralement ses amants. Batz, quant à lui, a aussi des soucis avec sa sexualité puisqu’il dispose d’un organe aussi actif que démesuré. Leur rencontre va avoir des conséquences catastrophiques voire monstrueuses.


Avis de Rick :
Il faut dire ce qui est, en 2008, absolument personne ne s’attendait à voir Frank Henenlotter reprendre la caméra. Remarqué en 1982 grâce à son culte (mais fauché) Frères de Sang, le réalisateur n’aura pas beaucoup tourné. Pour preuve, son dernier film en date était le troisième opus de la saga Basket Case (Frères de Sang donc) et datait déjà de 1991. Il faut dire que le réalisateur a un style bien a lui, souvent grotesque, très sexuel, et surtout très underground. Je ne suis pas un grand fan du réalisateur, même si j’aime beaucoup son Elmer le Remue-Méninges de 1988. Sauf qu’après ce métrage, Henenlotter a accepté de tourner Frères de Sang 2 et 3 pour faire à côté des projets plus personnels, et a du laisser ses idées de côté. Déçu par l’expérience, il quitta le monde du cinéma. C’est en 2008 donc, 17 ans après, que Henenlotter revient avec un scénario signé par lui-même et son ami R.A. The Rugged Man (un rappeur). Un scénario qui nous fait dire que malgré 17 ans d’absence et son grand âge, le réalisateur est toujours aussi fou. Après le frère siamois tueur caché dans un panier, après le petit monstre qui se nourrît de cerveaux, Henenlotter nous offre une histoire d’amour… à sa façon. Jennifer à sept clitoris, un appétit sexuel hors du commun, peut tomber enceinte et faire naître un enfant en moins de deux heures, et surtout, ses orgasmes sont si violents qu’elle tue souvent ses amants. De son côté, Batz a un pénis gigantesque suite à un abus de stéroïdes, et parfois, son pénis part même faire des petites balades la nuit, tout seul comme un grand…

Aucun doute, nous sommes dans l’univers de Henenlotter, qui se fait plaisir, a sa liberté totale, et fait ce qui lui plait. Conséquence de ces choix ? Le budget du film n’est pas bien élevé (comme souvent), beaucoup de ses acteurs sont des amateurs (comme souvent aussi), et forcément, sa direction artistique est donc assez pauvre. Mais ces défauts, le réalisateur les compense avec un ton comique, des scènes osées, quelques règles cinématographiques brisées, et des acteurs qui ont l’air là par plaisir. C’est grâce d’ailleurs à son ton plutôt bon enfant que le métrage évite la plupart du temps la vulgarité trop prononcée malgré son sujet, sa nudité très présente et ses quelques scènes chocs. Car dés le début, avec un petit monologue de Jennifer dans un bar qui repère sa proie, puis son meurtre accidentel avant un accouchement dans une baignoire, Henenlotter réalise son film comme un grand enfant. Un sale gosse certes, mais enfant tout de même. Il brise même le quatrième mur en s’adressant au spectateur, avant de déplacer sa caméra pour nous montrer l’exact opposé de ce qu’il nous disait de ne pas tenter de voir. Sale gosse je vous dis ! De la même manière, malgré pour beaucoup leur première présence devant une caméra, les acteurs ont l’air content d’être là et livrent pour la plupart des prestations honnêtes pour des amateurs, notamment les deux principaux, Charlee Danielson et Anthony Sneed.

Tout n’est pas parfait pour autant, Bad Biology trouve rapidement ses limites, autant de par son budget très réduit que par son propos au final assez niais et simpliste. Car si Bad Biology parvient à amuser par moment et à divertir, tout n’est pas drôle non plus, certains éléments ne fonctionnent pas. Le réalisateur semble en être par ailleurs conscient lui-même lorsque mi-parcours, un personnage durant une séance photo avec des femmes ayant des vagins à la place du visage s’exclamera « ce n’est pas intelligent, ce n’est pas amusant, ce n’est pas artistique ». Est-ce que Bad Biology est tout ça, ou en est l’exact opposé ? Peut-être les deux à la fois, et par moment le film s’épuise, le tout avant un final qui se renouvèle mais échoue malgré tout plus vulgaire que le reste. Le réalisateur reviendra d’ailleurs sur cette fameuse séance photo plus tard, comme pour régler ses comptes avec l’industrie cinématographique qui aura tant tentée de la brider des années avant. Oui, on demande à Jennifer des photos controversées, et quand elle s’exécute, on lui dit qu’elle est allée trop loin. Le grand retour de Henenlotter est donc plutôt bancal, à la fois amusant et parfois créatif que trouvant vite ses limites narratives et visuelles, et c’est dommage, vu que quelques scènes amusent, d’autres frappent là où il faut. Les fans du réalisateur seront par contre sûrement aux anges.

LES PLUS LES MOINS
♥ Un concept fou
♥ Des moments amusent
♥ Henenlotter n’en fait qu’à sa tête
⊗ Très limité dans son propos
⊗ Pas toujours amusant
⊗ Le final beaucoup trop vulgaire
Retour en demi-teinte pour Frank Henenlotter, qui devrait néanmoins ravir ces fans. Mais l’ensemble semble trop forcé et limité pour convaincre.



Titre : Bad Biology
Année : 2008
Durée : 1h24
Origine : U.S.A
Genre : Horreur
Réalisateur : Frank Henenlotter
Scénario : Frank Henenlotter, R.A. The Rugged Man

Acteurs : Charlee Danielson, Anthony Sneed, Mark Wilson, John A. Thorburn, Remedy, Tom Kohut, James Shell

 Bad Biology (2008) on IMDb























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Auteur : Rick

Grand fan de cinéma depuis son plus jeune âge et également réalisateur à ses heures perdues, Rick aime particulièrement le cinéma qui ose des choses, sort des sentiers battus, et se refuse la facilité. Gros fan de David Lynch, John Carpenter, David Cronenberg, Tsukamoto Shinya, Sono Sion, Nicolas Winding Refn, Denis Villeneuve, Shiraishi Kôji et tant d'autres. Est toujours hanté par la fin de Twin Peaks The Return.
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