Chauffeur pour des braqueurs de banque, Baby a un truc pour être le meilleur dans sa partie : il roule au rythme de sa propre playlist. Lorsqu’il rencontre la fille de ses rêves, Baby cherche à mettre fin à ses activités criminelles pour revenir dans le droit chemin. Mais il est forcé de travailler pour un grand patron du crime et le braquage tourne mal… Désormais, sa liberté, son avenir avec la fille qu’il aime et sa vie sont en jeu.
Avis de Cherycok :
Edgar Wright fait partie de ces réalisateurs dont je suis la carrière attentivement depuis la découverte en 2004 de son Shaun of the Dead puis de son Hot Fuzz trois ans plus tard. Après un génialissime Scott Pilgrim (2010) et un complètement WTF Le Dernier Pub Avant la Fin du Monde (2013), le voilà qui revient plus motivé que jamais avec Baby Driver, un film sortant de tous les produits formatés qui envahissent les salles de cinéma depuis quelques années (les Marvel/DC, pour ne citer qu’eux). Un film à l’atmosphère unique, originale, parfois déroutante, puisque le personnage principal n’est autre que la bande originale, et que tout le film est construit autour d’elle. Alors je vais rassurer tout de suite les allergiques et autres réfractaires, nous ne sommes pas là en présence d’une comédie musicale avec des moments chantés et des numéros dansants. Juste ici, tout est rythmé au son de la musique. Et quand on dit « tout », c’est « tout ». Rien que pour cet exercice de style très particulier, Baby Driver mérite qu’on s’y intéresse.
La musique du film est donc un personnage à elle toute seule. Et les images vont se calquer du début à la fin sur elle. Les pas, les gestes, les balles, les dérapages en voiture, … Tout suit le rythme des différentes musiques qui composent une bande originale décalée rappelant fortement le délire de celles des Gardiens de la Galaxie et leur coté nostalgie des années 70/80. Edgar Wright pousse le vice jusqu’à faire correspondre certaines phrases des dialogues avec les paroles des chansons, la même chose avec des tags ou écritures présents sur les décors où les personnages évoluent. Le film est orchestré au millimètre près. Mais les musiques représentent bien plus que ça. Omniprésentes, elles ne sont jamais le fruit du hasard et le réalisateur a passé un temps conséquent à bien toutes les sélectionner afin que, en plus d’accompagner les images, elles définissent également les interactions entre les différents personnages et deviennent annonciatrices de quelque chose. Les rares moments où la musique s’arrête, c’est pour laisser la plupart du temps place à un sifflement, celui que le héros, Baby, interprété par le surprenant Ansel Elgort (Divergente, Nos Etoiles Contraires), a depuis sa plus tendre enfance dans son oreille, un acouphène causé par un accident de voiture qui causa la mort de ses parents. La musique est devenue depuis un refuge pour Baby, se détachant un peu du monde qui l’entoure en écoutant cette musique qui depuis rythme sa vie.
Il est à noter que de nombreux artistes font de brèves apparitions dans le film comme Big Boi (de Outkast), Killer Mike (Run the Jewels), Jon Spencer, Sky Ferreira, Paul Williams, ou encore Flea des Red Hot Chili Peppers.
Même si Edgar Wright s’était déjà prêté à l’exercice le temps d’un clip il y a quelques années, le montage du film et surtout la synchronisation avec la musique a dû être l’enfer sur Terre pour le réalisateur vu le travail monstre que cela représente. Néanmoins, cela ne se ressent à aucun moment à l’écran tant la mise en scène est tout bonnement hallucinante. Images et photographie magnifiques, un montage donc aux petits oignons, et des plans de toute beauté. Edgar nous refait même le coup du looooong plan séquence (après celui dans Shaun of the Dead) en tout début de film. De l’aveu même des réalisateurs, un plan séquence, au-delà d’une certaine durée, devient rapidement un cauchemar à mettre en boite. Alors imaginez ici qu’il doit en plus coller parfaitement à la musique qui l’accompagnera. Tout y est chronométré et synchronisé à la demi seconde près.
Les scènes d’action, principalement les courses poursuites, font, elles aussi, preuve d’un travail et d’un montage assez exceptionnel. C’est simple, on n’avait pas vu aussi impressionnant depuis le Mad Max Fury Road. Et si le rendu est aussi génial à l’écran, c’est parce que Edgar Wright a décidé d’utiliser le moins possible de CGI et d’écrans verts. Les crashs sont vrais, les explosions sont vraies, il est même allé jusqu’à faire payer des cours de pilotage « sportif » à ses acteurs afin que le rendu final en jette le plus possible. Travail payant Mr Wright, les scènes d’action sont jouissives et très efficaces.
Edgar Wright insuffle dans Baby Driver un humour très second degré. Les personnages sont des caricatures, ils n’ont clairement pas inventé le fil à couper le beurre. Le réalisateur joue avec les clichés et les fait évoluer à travers des situations pas piquées des vers. Malheureusement, à part Baby, ils manquent parfois un peu de profondeur. C’est dommage car le casting est tout bonnement excellent. Kevin Spacey (American Beauty, Usual Suspect) se régale à interpréter une fois de plus un « méchant », Jamie Foxx (Miami Vice, Django Unchained) est très fun en bourrin un peu écervelé et très cabotin, Lily James (Cendrillon, La Colère des Titans) est tout bonnement sublime, et le charismatique Jon Hamm (The Town, la série Mad Men) est celui qui tire le plus son épingle du jeu.
Dommage que le scénario de Baby Driver, que Edgar Wright a mis plus de 20 ans à écrire, ne soit pas des plus originaux. Il reste au final un film de braquage très classique avec une histoire d’amour au milieu si on enlève toute la partie musicale. D’ailleurs cette dernière a tendance à un tout petit peu s’essouffler au fur et à mesure que le film avance dans le sens où, on a l’impression sur la dernière partie que cette synchronisation Vidéo / Musique est forcée, presque artificielle, un peu comme si le soufflet retombait légèrement, que c’était quand même bon, mais que ça avait du coup moins d’intérêt.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Le concept de départ ♥ La mise en scène ♥ Les acteurs ♥ L’absence de CGI |
⊗ Certains personnages ⊗ Histoire peu originale |
Baby Driver est un divertissement très rafraichissant et proposant un concept des plus originaux. Un film au début déroutant, qui pourra en agacer certains, mais à l’enthousiasme communicatif et aux scènes d’action géniales. |
Titre : Baby Driver
Année : 2017
Durée : 1h53
Origine : Angleterre / U.S.A
Genre : La musique dans la peau
Réalisateur : Edgar Wright
Scénario : Edgar Wright
Acteurs : Ansel Elgort, Kevin Spacey, Lily James, Jon Hamm, Eiza Gonzalez, Jamie Foxx, Jon Bernthal, Flea, R. Marcos Taylor, Lanny Joon, CJ Jones, Brogan Hall