[Film] Baby Assassins, de Sakamoto Yugo (2021)

Chisato et Mahiro sont deux lycéennes sur le point d’avoir leur diplôme. Elles sont également deux tueuses extrêmement douées. L’organisation pour laquelle elles travaillent les force à s’intégrer dans la société et à vivre en colocation tandis qu’elles continuent leurs petites occupations à côté.


Avis de Rick :
Sakamoto Yugo n’est pas un réalisateur très connu, néanmoins, depuis son premier long métrage en 2018, Hangman’s Knot, il enchaîne les projets à vitesse folle, avec déjà 6 longs métrages à son actif, dont la moitié écrits par ses soins. Je découvrais son œuvre avec Baby Assassins, film remarqué dans quelques festivals en 2021 avant de débarquer dans quelques pays en physique et en vod, et prochainement en France chez Spectrum Films. Depuis, le réalisateur, archi motivé, a livré une suite. Baby Assassins, tout est dans le titre, puisque nos deux protagonistes sont des jeunes femmes, très douées pour le meurtre. Venant tout juste d’être diplômées, elles vont devoir vivre ensemble et s’adapter à la vie active « normale » Japonaise tout en continuant de travailler pour l’organisation en accomplissant des contrats. Un postulat de départ qui promet du fun, de l’action, de l’humour, et un brin de folie, Japon oblige. Au final, si j’ai passé un bon moment sur le métrage de Sakamoto, j’en sors malgré tout un peu déçu. Comme si le film, en alternant action et humour, ne parvenait pas toujours à trouver le juste milieu entre les deux genres, et avait tout simplement décidé de séparer les deux, avec une ouverture qui met le paquet niveau action, puis une intrigue beaucoup plus légère se focalisant sur le quotidien de nos personnages, sur leur cohabitation, puis un final qui nous en donne beaucoup plus que ce que l’on pouvait en attendre en réalité. Revenons donc au commencement. Très rapidement, dés l’introduction, le film nous présente Chisato (Takaishi Akari) et Mahiro (Izawa Saori), et nous présente leur principale occupation. Eliminer les cibles qu’on leur donne. Un début surprenant, certes pas parfait puisqu’ayant recours aux effets digitaux en ce qui concerne les giclées de sang, mais qui séduit malgré tout, grâce à son ton décontracté, grâce aux chorégraphies appliquées et aux actrices impliquées.

Et puis car CGI ou pas, le film n’abuse pas des effets. Le sang est numérique, mais souvent furtif, les plans n’appuient pas dessus ni le montage, et au final, oui, ça passe plutôt pas mal. Les chorégraphies, signées Sonomura Kensuke, réalisateur notamment d’Hydra, sont excellentes par contre, rien à redire. Un vrai travail, c’est fluide, les coups s’enchaînent, c’est violent tout en étant souple et presque dansant, à part de choppes et de contres, et les actrices se donnent clairement à fond, puisqu’ayant l’air de faire leurs propres cascades. Un début très prometteur, au ton léger et amusant malgré la violence de l’action, et qui est rapidement brisé par un retour dans le passé pour mieux nous présenter les personnages, et centrer basiquement une bonne partie du récit sur autre chose en réalité, sur la cohabitation de nos deux tueuses, et donc un récit ressemblant bien plus à une histoire de passage à l’âge adulte. Non pas que l’idée soit mauvaise en soit, mais ça surprend. Cette longue partie donc se focalisera énormément sur les deux jeunes femmes dans leur nouvel appartement, et leurs heures de glandouilles sur le canapé, passées sur le smartphone ou la switch, et dés qu’elles mettent le nez dehors, c’est pour paraitre normales et chercher un boulot. Ah ça, elles vont tenter, surtout Chisato, parce que Mahiro, c’est plutôt la jeune renfermée sur elle-même qui ne veut pas de contact avec le monde extérieur. Et en réalité, malgré l’arrivée d’autres personnages, notamment un chef Yakuza et ses enfants, eux aussi dans le milieu, et bien j’ai trouvé le temps gentiment longuet pendant cette pause légère. Ironique au final pour un film ne durant que 1h35.

Ce n’est pas mauvais, loin de là, j’aurais même eu droit à quelques fous rires, mais parfois l’impression de voir le film faire du sur-place, notamment dans l’appartement, s’est fait ressentir. Heureusement, le film se ressaisit bien vite, et dés la scène dans le maid café avec les yakuzas, scène hilarante d’ailleurs par son ton totalement décalé, Baby Assassins repart sur de bonne base, sans renier son aspect « cool et léger », mais en remettant l’action sur le devant de la scène, pour un dernier acte des plus réussis, hyper généreux dans sa proposition, et qui parvient donc enfin à mélanger les différents tons abordés par le métrage pour un ensemble beaucoup plus harmonieux en réalité. Difficile donc de vraiment en vouloir au film. Oui, tout le milieu du métrage semble uniquement se baser sur son ton léger et ses deux personnages, et des longueurs ou plutôt une certaine redondance se pose là, mais Baby Assassins fait malgré tout passer un moment plaisant, plein de bonnes intentions, et parvient à marquer le temps de quelques scènes, soit délicieusement absurdes, soit bien rodées niveau action. J’en attendais plus, et certes trop, mais voilà. C’était sympa.

LES PLUS LES MOINS
♥ Un ton résolument léger
♥ Une alchimie entre les actrices
♥ Les chorégraphies, bien sympas
♥ La scène du maid café !
⊗ Une certaine redondance dans l’appartement
⊗ Le film semble vouloir trop séparer ses genres
note6
Baby Assassins est un divertissement léger, ponctué de quelques scènes très drôles et de combats bien fichus, mais qui tourne par moment un peu trop en rond.


Titre : Beibî Warukyûre – ベイビーわるきゅーれ
Année : 2021
Durée :
1h35
Origine :
Japon
Genre :
Action / Comédie
Réalisation :
Sakamoto Yugo
Scénario :
Sakamoto Yugo
Avec :
Takaishi Akari, Izawa Saori, Motomiya Yasukaze, Uekiya Satoshi, Mimoto Masanori, Fukushima Yukina, Mizuishi Atomu, Tobinaga Tsubasa, Oomizu Yôsuke et Nishima Takashi

Baby Assassins (2021) on IMDb


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Auteur : Rick

Grand fan de cinéma depuis son plus jeune âge et également réalisateur à ses heures perdues, Rick aime particulièrement le cinéma qui ose des choses, sort des sentiers battus, et se refuse la facilité. Gros fan de David Lynch, John Carpenter, David Cronenberg, Tsukamoto Shinya, Sono Sion, Nicolas Winding Refn, Denis Villeneuve, Shiraishi Kôji et tant d'autres. Est toujours hanté par la fin de Twin Peaks The Return.
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