À Hollywood, dans les années 1950. Eddie Mannix travaille à la production pour le studio Capitol Pictures. Il officie également comme fixeur : il doit régler les problèmes en tout genre des stars. Il doit ainsi retrouver le célèbre Baird Whitlock qui a disparu en plein tournage de Hail, Caesar!. Il doit également gérer plein de petits tracas, comme le réalisateur exigeant Laurence Laurentz, la presse, la grossesse d’une actrice, sa vie de famille et la société Lockheed qui souhaite l’engager.
Avis de Iris :
Habitués du « savoir tout faire » et des récompenses, les Frères Coen nous livrent avec Ave, César ! leur 17ème long métrage. Ils en sont les très polyvalents scénaristes, producteurs, réalisateurs et monteurs comme sur bon nombre de leurs films. Présenté à tort par les diverses bandes-annonces comme l’histoire de l’enlèvement d’une star du cinéma des 50’S, Ave, César ! est avant tout un film à double tranchant qui en déroutera plus d’un et risque de déplaire même aux fans des deux frangins les plus en vue du cinéma.
Tout d’abord, il est réellement compliqué de présenter un réel scénario du film sans spoiler pour la seule raison que j’en cherche encore le fil conducteur. Il ressort en tous les cas que le personnage principal du métrage est vraiment Eddie Mannix et qu’il devra régler tout un tas de petits détails pour conserver l’image de grandeur et de bienséance des studios hollywoodiens et de leurs stars. Donc le film va imbriquer un certain nombre d’épiphénomènes portés à la fois par un casting all stars, pour certains brillants et pour d’autres légèrement sous utilisés, des images sincèrement magnifiques et un hommage parodique au cinéma des années 50. En suivant les pérégrinations de notre « fixeur », nous nous baladons sur les tournages en cours dans les studios. La quasi-totalité des genres de l’époque sont réinterprétés à la sauce Coen : le cinéma musical-aquatique avec la référence à Esther William dans la sirène d’Hollywood, le western et ses stars tant douées au galop qu’au lasso, la référence à Carmen Miranda et ses chapeaux banane – les fruits hein, pas la coiffure ^^- les comédies musicales et claquettes telles qu’un jour à New York avec un clin d’œil à Gene Kelly, les films plus « classes » et respectables et bien sûr les péplums ! Alors évidemment c’est bourré de références vous l’aurez compris au cinéma de l’âge d’or des studios hollywoodiens, à certaines stars (Eddie Mannix a réellement existé par exemple, fouillez un peu sur le net et vous trouverez également d’autres anecdotes concernant certaines stars qui nous laissent à penser que le réalisateur bicéphale, et bien qu’il s’en défende, a trouvé son inspiration dans ces petits potins fondés ou pas, retranscris fidèlement ou pas), parodiées ou sublimées selon le point de vue, le tout saupoudré d’un pseudo complot sovieticommuniste (parano des années 50 oblige !). Le film est porté par un Josh Brolin très juste et un Alden Ehrenreich surprenant et se suit assez facilement. La BO est également dans le ton et sert bien l’ensemble.
Alors pourquoi à double tranchant me demanderez-vous ? (vous ne me le demandez pas ? ben je vous le dis quand même) Parce que ceci manque un tout petit peu de tout. Il manquera tout d’abord ce qui fait le sel des précédentes créations des Frères Coen, à savoir ce cynisme, cette accumulation de « merdouilles » qui arrivent systématiquement aux protagonistes, des dialogues d’une qualité habituellement meilleure. Et quelque part c’est un peu frustrant, sans toutefois donner envie de quitter la salle en hurlant au scandale mais cela pourra décontenancer leur public et le décourager quelque peu. Ca reste drôle, on garde les scènes WTF (celle du sous-marin est excellente), on garde les dialogues assez délirants mais un peu en dessous que de coutume selon moi. A double tranchant également parce qu’à trop vouloir mettre en exergue des références à un cinéma que beaucoup ne connaissent que peu, on fait un film qui amusera les cinéphiles mais risque de laisser de marbre ceux qui passent à coté. Il faut tout de même avoir déjà visionné les improbables scènes de claquettes qui commencent à tout moment pour savourer celle assez gaie du troquet du port. A double tranchant encore parce qu’à trop vouloir encoder les allusions, on livre un cinéma dont la substance est inaccessible au premier abord (allez donc deviner que certains faits ont en effet été relatés et que des rumeurs d’un accident causé par une star et endossé par un « sbire » des studios avait été en effet relatées). A double tranchant enfin parce qu’à ne pas choisir entre hommage et parodie, on ne fait vraiment ni l’un ni l’autre et le spectateur peut peiner à se situer surtout si ce qu’on lui propose reste malgré tout en deçà de l’original. Tout y est subtil, tout est effleuré et avec talent, mais au risque de justement manquer d’évidence.
Alors soyons clair, j’ai beaucoup aimé ce film, je l’ai trouvé beau, j’ai ri, j’ai percuté à chaque clin d’œil et j’ai halluciné sur le wtf de certaines scènes. Les quasi deux heures passent vite et bien et je me suis régalée. Juste que le cinéma des années cinquante me fait sans doute moins triper et ayant en référence des films comme Barton Fink, Fargo ou The Big Lebowski, il est clair que ce dernier opus des Fréros Coen ne me fait pas l’effet escompté avant visionnage.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ La photographie ♥ Le casting ♥ Le WTF |
⊗ Le manque de lisibilité ⊗ Un peu en dessous des autres Coen |
Très beau et bien rythmé malgré un fil conducteur absent, Ave César est sans doute un film qui divisera : certains pourront adorer mais au risque que d’autres restent sur la touche sans que l’accès leur soit donné au second degré et au cynisme habituel des deux réalisateurs. Un peu dommage. |
Titre : Ave, César ! / Hail, Caesar !
Année : 2016
Durée : 1h40
Origine : U.S.A / Angleterre
Genre : Comédie
Réalisateur : Joel Coen, Ethan Coen
Scénario : Joel Coen, Ethan Coen
Acteurs : Josh Brolin, George Clooney, Alden Ehrenreich, Ralph Fiennes, Scarlett Johansson, Tilda Swinton, Channing Tatum, Frances McDormand, Jonah Hill, Christophe Lambert