[Film] Attaque à Mains Nues, de Cirio H. Santiago (1981)


Une femme part à la recherche de sa soeur portée disparue aux Philippines. Sur place, elle fait la rencontre d’une bande de malfrats bien décidée à l’éliminer et abuser de son corps. Mais ils ne savent pas que la demoiselle est une pratiquante d’arts martiaux…


Avis de Cherycok :
Connu sur les marchés et territoires anglophones sous deux titres différents, Firecracker et Naked Fist, Attaque à Mains Nues a été présenté dans ses bande annonces comme le « premier thriller érotique sur les arts martiaux ». Quand on sait que le public principal des films d’arts martiaux, du moins à cette époque, était essentiellement masculin, Roger Corman, producteur du film sous la houlette de New World Pictures, a dû se dire que si en plus il rajoutait du boobs, son film ferait un tabac. Attaque à Mains Nues a fait un peu parler de lui pour une scène d’arts martiaux seins nus qui a été légèrement controversée et qui a d’ailleurs été coupée dans un certain nombre de versions du film. Autre fait intéressant, Attaques à Mains Nues présentait la particularité assez rare, du moins au tout début des années 80, d’avoir une femme occidentale comme protagoniste principal d’un film d’arts martiaux, avant que Cynthia Rothrock ne vienne s’imposer aux States sur ce créneau-là. Est-ce suffisant pour que ce film d’exploitation et d’arts martiaux soit bon ? Clairement pas. Mais Attaque à Mains Nues est par contre un joli petit nanar.

Attaque à Mains Nues semble être essentiellement une vitrine pour la belle et athlétique Jillian Kesner, comme si Roger Corman avait envie de la mettre sur le devant de la scène afin de la réutiliser régulièrement dans ses productions ultérieures. Le scénario est ici très proche de celui de TNT Jackson (1974), autre film du philippin Cirio H. Santiago, avec une partie de l’équipe du film qui est également présente sur Attaque à Mains Nues, au point que certains parlent carrément de remake. Mais surtout, on ne comprend pas grand-chose au scénario. Alors, le fil conducteur est clair, là n’est pas le problème, l’histoire d’une femme qui va aux Philippines pour retrouver sa sœur et qui va se retrouver confrontée à des gens peu fréquentables. Mais il y a tellement d’incohérences, de facilités, d’ellipses temporelles avec des personnages qui semblent se téléporter, qu’on finit par se rendre compte que certaines choses n’ont aucun sens et on ne comprend parfois même pas pourquoi les personnages se battent. Il y a quelques lignes de dialogue, ça se bagarre, ça change de scène et ce schéma se répète jusqu’au générique de fin. Clairement, ça manque d’écriture, de montage, de mise en scène, car on sent que ce n’est pas du tout ce qui intéresse le réalisateur qui a simplement envie de faire un film d’arts martiaux avec une jolie blondinette qui lève la gambette. Et elle a environ 10 scènes de combat dans le film, dont la première se produit après seulement deux minutes ! Le premier problème, c’est que bien qu’il y ait tout un tas d’artistes martiaux dans le film, Jillian Kesner qui interprète ladite blondinette n’en est pas une. Elle est certes athlétique, elle semble même avoir eu droit à une petite formation martiale pré-tournage, mais elle rencontre très vite ses limites, ne levant pas la gambette plus haut que le ventre de ses adversaires, semblant parfois improviser ses mouvements comme elle le peut, en plus d’être régulièrement doublée par un homme affublé d’une perruque blonde assez dégueulasse et pas tout à fait de la même couleur que ses cheveux. Quoi qu’il en soit, le film a une certaine dynamique et, sans tomber dans l’action non-stop, c’est suffisamment rythmé pour ne jamais s’ennuyer. Tout du moins si on apprécie ce genre de divertissement.

Comparé aux films martiaux que Hong Kong produisait à cette époque, Firecracker fait pâle figure, aussi bienen termes de chorégraphie que de mise en scène, mais on sent malgré tout l’envie de proposer quelque chose de lisible, avec parfois des plans assez longs et une caméra qui reste suffisamment loin des combattants pour qu’on puisse apprécier l’ensemble. Certaines scènes de Attaque à Mains Nues sont tout bonnement mémorables, comme ce long moment où notre héroïne se promène tranquillement, se fait poursuivre par deux voyous et va, petit à petit, avec des moyens qui sont constamment improbables pour lui enlever ses vêtements, finir en petite tenue et même nibards à l’air lorsque, d’un coup de faucille, son soutien-gorge se fait découper. La deuxième est une scène de sexe complètement out of this world. Pourquoi se déshabiller normalement avant de faire l’amour quand on peut se déchirer les vêtements avec des couteaux et se mettre deux ou trois coups de poing. Ha l’amour vache… C’est long, ça dure, c’est improbable, et ce n’est clairement là que pour allonger artificiellement la durée d’un film qui, malgré cette scène interminable, dure à peine 1h17 générique compris. On se rend compte très rapidement que ces deux scènes ont été rajoutés en post-production. Roger Corman a sans doute estimé que le sex-appeal de Jillian Kesner n’était pas assez exploité lorsqu’il a vu le premier montage du film, il a engagé Allan Holzman, futur réalisateur de Forbidden World (1982) toujours pour Corman, pour ajouter deux nouvelles scènes, longues si possible, dans lesquelles il déshabillera la jeune demoiselle. Jillian Kesner a d’ailleurs fait savoir qu’elle n’était pas très heureuse que ces deux scènes soient ajoutées juste pour qu’on la voit nue, mais Corman est ce qu’il est, un vieux cochon, et les scènes faisaient bien partie du montage final. A noter que le peu de gore que comporte le film se trouve dans ces scènes rajoutées car Corman savait bien que c’était une composante appréciée à une époque où les films d’horreur avaient le vent en poupe. Une chose est sûre, c’est que pas grand-chose ne va dans Attaque à Mains Nues, du scénario à la mise en scène en passant par le jeu d’acteur, mais l’amateur de nanar y trouvera clairement son compte. Entre ce sous-Chuck Norris (qui s’appelle Chuck…), tout en moustache et en permanente, ces dialogues parfois improbables (« Ils ont cherché la petite bête ? Ils ont trouvé la grosse »), ces scènes érotiques complètement gratuites et WTF, ces combats souvent approximatifs, ou encore cette doublure trop voyante, on rigole devant ce Attaque à Mains Nues !

LES PLUS LES MOINS
♥ Jillian Kesner
♥ Des scènes WTF
♥ Beaucoup d’action
♥ C’est court
♥ On se marre
⊗ Il manque clairement des scènes
⊗ Aucun effort d’acting
⊗ Les combats approximatifs
⊗ Mise en scène souvent à côté de la plaque
Note :
Note nanar :
Attaque à Mains Nues est un petit plaisir cinématographique pour quiconque apprécie un tant soit peu les nanars martiaux ou les films d’exploitation des années 80. Alors si vous aimez les deux, c’est le jackpot assuré ! Et puis, Jillian Kesner est sacrament mimi.



Titre : Attaque à Mains Nues / Firecracker / Naked Fist
Année : 1981
Durée : 1h17
Origine : U.S.A / Philippines
Genre : Il était une fois une blonde aux Philippines
Réalisateur : Cirio H. Santiago
Scénario : Cirio H. Santiago, Ken Metcalfe, Allan Holzman

Acteurs : Jillian Kesner, Darby Hinton, Rey Malonzo, Ken Metcalfe, Pete Cooper, Don Gordon Bell, Carolyn Smith, Chanda Romero, Tony Ferrer, Vic Diaz, Omar Camar

Firecracker (1981) on IMDb


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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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