En pleine inauguration d’une nouvelle station balnéaire, des cadavres de vacanciers sont peu à peu retrouvés échoués sur la plage.
Avis de Cherycok :
Il y a quelques temps, je vous avais parlé de Nemesis 5, dernier opus de la saga Nemesis de Albert Pyun, réalisé par un certain Dustin Ferguson, spécialiste des productions à très très très petit budget avec à son actif pas moins de 118 films en 15 ans. Nemesis 5 avait écopé d’un magnifique 0.5/10 tant il n’y avait rien là-dedans, le néant absolu, les bas-fonds du cinéma bas de gamme. Allez savoir comment, ma chronique était arrivée aux oreilles du réalisateur qui, non content de ce que j’en disais (logique), était venu nous faire comprendre dans les commentaires qu’on était juste des gros cons, que lui au moins arrivait à gagner de l’argent en faisant ce qu’il aime bla bla bla. Bref, Mr Ferguson était colère, très colère. Ce qu’il n’a semble-t-il pas compris, c’est qu’essayer de faire des films, même en y mettant du cœur, même si ça nourrit des gens, certes c’est bien, mais ça ne fait pas forcément un bon film. Comme toute cette histoire nous a bien fait marrer, et comme je suis un peu maso, j’ai décidé de regarder un autre film de ce cher Dustin. J’ai porté mon dévolu sur Apex Predators, également appelé Jaws of Los Angeles (oui, j’aime les films de requins pourris). 1.5/10 de moyenne IMDB sur 371 votes à l’heure où j’écris ces lignes. Je m’attends à tout, surtout au pire, et pourtant je n’étais pas prêt à ce que j’allais voir…
Mais revenons au commencement. Au départ, il y a une campagne de financement participatif sur la plateforme Indiegogo. Dustin Ferguson demande 19008$ pour un film tout d’abord appelé Los Angeles Shark Attack, avec comme merveilleuse punchline « Make Shark Scary Again ». Dans la description, on peut voir comme information que « Le réalisateur Dustin Ferguson a remporté les prix du « meilleur réalisateur » et du « meilleur film » pour son film « Nemesis 5 » ». Après quelques recherches, ça serait au Los Angeles Nollywood Film Awards, un festival quasi inconnu même pur Google où peut-être que ce sont des mecs bourrés qui décernent des prix. Sur cette page Indiegogo, on trouve également « Fatigué des innombrables contrefaçons de « Sharknado » ? Ramenons les requins à l’essentiel ! ». Pour en avoir vu un paquet, je peux vous affirmer que même les plus mauvais films de The Asylum sont des chefs d’œuvre comparé à cet Apex Predators. On lit également « Le sous-genre « Shark » est devenu une énorme source de rire. Nous voulons aider à relancer la tendance à rendre les films de « requins » sérieux et effrayants à nouveau. ». Mouahahahahahahaha. « Sans les 20 000 dollars, on ne peut pas avoir de fin épique. Le film sera réalisé tant que nous atteindrons 10 000 $. ». La campagne Indiegogo a rapporté la somme de 1915$… Il avait promis de ne pas faire le film sans les 10000$ Dustin ! Il faut tenir ses promesses un peu bordel ! Bon, le film a finalement vu le jour, il a dû trouver le financement autrement le bougre, pour le plus grand malheur des malheureux spectateurs qui aiment se faire du mal, comme moi. Mais non, je n’étais pas prêt. Je crois que de ma vie de cinéphage, je n’ai jamais vu un truc pareil, je n’ai jamais vu un truc aussi nul. Et ceux qui me connaissent savent que je m’en suis enquillé des brouettes entières des films pourraves. Mais comme celui-là, jamais.
Pourtant, ça commençait bien, avec de jolis images de fonds marins. Oh des poissons bleus, oh des poissons jaunes, oh du corail. Bon, ça dure un peu beaucoup là… Mais c’est un film de vacances ? C’est du stockshot de fonds marins ? Ah, un vrai requin approche. Mince, il ne fait que passer. Oh, d’autres poissons exotiques. Bon, il va finir par se passer quelque chose bordel ? Ah ben non, ça dure 4 putains de minutes pour rien. Et des scènes du genre, le film en est farci. Un plan sur un bateau, sur des vagues, sur la plage, sur des oiseaux, sur des surfeurs, sur des oiseaux de nouveau, sur des gens qui courent, sur des gens qui jouent aux raquettes, sur une course de jet ski, … Quand on n’a rien à raconter, on comble comme on peut. Et je ne vous parle pas du générique d’intro qui dure 5 loooongues minutes. Bordel de merde, il filme un coucher de soleil en temps réel, sans coupe, à vitesse réelle ! Jamais de toute ma vie je n’ai vu autant de plans d’exposition qui ne servent à rien. Tu enlèves tous ces plans et la durée du film tombe à 30 minutes. Si tu enlèves les scènes de dialogues affreuses (on y reviendra) qui ne servent à rien, on doit tomber à 12 minutes de film. Il filme du vide pendant 1h10. Et la nature a horreur du vide. Moi qui croyait qu’avec le cinéma de René Perez (Alien Showdown, The Snow Queen), on avait atteint le fond, mais là, c’est encore un autre level. On n’est plus au fond, on a commencé à creuser très profond ! Alors avant de continuer d’énumérer ce qui ne va pas dans ce film, on va malgré tout saluer l’effort de placer 2 plans boobs gratuits, ça fait toujours plaisir de se rincer l’œil, et une musique métal qui m’a fait secouer la tête. Voilà, ça c’est fait, passons à la suite.
Si on parlait du scénario ? Le scénario… pfiou… Une demoiselle se fait tuer par un requin au bord de la plage, il ne reste plus que sa main en plastique sur le sable. Est-ce un serial killer se demandent les personnages ? Mais non, c’est un requin, ah ah ! Du moins selon d’éminents spécialistes dont le laboratoire se limite à des meubles blancs, des blouses blanches, et un microscope pour enfants à 19.99$. Il mute le requin qu’elles nous disent les laborantines, et même que c’est le principe de l’évolution. Apparemment, il a muté en requin invisible et plat. Plat, parce qu’il est capable d’attaquer dans 25cm d’eau, et transparent parce que, sortis des stockshots, les seuls requins que vous verrez sont ceux de l’affiche. Un mec flotte sur une bouée, OMFG il tombe à l’eau ! La bouée continue de flotter. Une fille fait des photos dans l’eau ? Le plan suivant elle n’y est plus. Au moins, on pourra remercier Ferguson de ne pas nous infliger des CGI dégueulasses. Il n’a pas de sous, il ne met pas de CGI. Et le casting ? Le casting… pfiou… C’est cataclysmique. On est dans l’amateurisme le plus total. Au moins, ça leur permet de payer les factures, c’est déjà ça. A noter la présence (comme dans beaucoup de films du réalisateur) du vieux Mel Novak qui semble empaillé et de la blonde qui refuse de vieillir, Dawna Lee Heising, mais qui à force d’injection de botox ressemble de plus en plus à un poisson. Il est à noter que, lors des plans en ville, on a l’impression que c’est filmé sans autorisation, et les passants ne semblent pas être des figurants mais de vrais passants. Certains font même un regard caméra. Quoi qu’il en soit, les personnages sont sans intérêt, ils sont crétins, et les dialogues sont inintéressants.
Si on parlait de la mise en scène ? La mise en scène… pfiou. Ferguson semble avoir oublié le trépied de sa caméra avant le tournage. Ça bouge dans tous les sens, même lors des plans fixes ce n’est pas stable. Pour les dialogues, c’est du champ / contre champ sorti d’un soap opéra avec des acteurs qui balancent leurs répliques sans conviction et sans jeu. Alors oui, il est fort probable que ce genre de film soit tourné en 3 jours et demi, mais ça n’empêche pas d’essayer d’être un minimum convaincant dans son jeu et de s’appliquer un minimum pour tenir la caméra pour que le spectateur ne se chope le mal de merde. Oui, c’est comme le mal de mer mais ça pue les chiottes publiques. Et le final ? Le final… pfiou… C’est épique. C’est la panique dans la ville, nos personnages se demandent ce qu’il se passe. Ils regardent à la fenêtre et, tout au fond, non loin des montagnes, se dessine à l’horizon une tête de requin géant, d’au moins 30 mètres de diamètre, mal incrustée à l’image. Enfin ça va bouger, enfin il va se passer quelque chose. Ah non, c’est le générique de fin. Un générique de fin de 9 putains de minutes. La page Indiegogo nous disait « Nous pouvons faire le film avec 10 000 dollars, mais avec 20 000 dollars, le film aura un « Requin géant » à la fin ! ». Bon bah voilà, ils n’ont pas eu les 20000$. Je suis sorti du visionnage en me disant « Qu’est-ce que je viens de voir !?! ». Même si cette chronique est un peu méchante pour faire un peu rigoler l’auditoire (Dustin, ne prend pas ça trop au sérieux, ce n’est que du cinéma), punaise ouais : « Qu’est-ce que je viens de voir !?! ». J’en suis encore tout retourné…
LES PLUS | LES MOINS |
♥ C’est joli les fonds marins ♥ 2 ou 3 fous rires incontrôlés |
⊗ 1h10 de vide ⊗ La mise en scène ⊗ Le jeu des acteurs ⊗ Les dialogues ⊗ Pas de tension ⊗ Pas d’action ⊗ Rien ne va |
Note : |
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Après un Nemesis 5 de très triste mémoire, ce 2ème film de Dustin Ferguson (sur les 118 de sa filmographie) aura eu raison de moi. J’en avais un troisième en stock mais, non, je vais m’arrêter là, pour le bien de ma santé mentale. |
LE SAVIEZ VOUS ?
• Outre les requins, Ferguson a déjà réalisé des films avec des aliens, des robots, des zombies, des araignées, des dinosaures, des clowns, des boogeyman, des guêpes tueuses, … Toutes les figures du cinéma horrifique ou de SF sont représentées dans sa filmographie.
• Une suite est prévue, appelée Apex Predators 2 : The Spawning, avec entre autres au casting Vernon Wells (le méchant de Mad Max 2 et Commando)
Titre : Apex Predators / Jaws of Los Angeles
Année : 2021
Durée : 1h10
Origine : U.S.A
Genre : Genre c’est un film ça ?
Réalisateur : Dustin Ferguson
Scénario : Dustin Ferguson
Acteurs : Brinke Stevens, Vida Ghaffari, Dawna Lee Heising, Maria Olsen, Mel Novak, Thom Michael Mulligan, Sheri Davis, Shawn C. Phillips, Julie Anne Prescott