Serge Buren est un flic de légende, entouré d’une bande de jeunes flics aux méthodes peu conventionnelles. Qu’importe qu’ils utilisent des battes de baseball ou « oublient » le règlement au cours d’arrestations spectaculaires, les résultats sont au rendez-vous ! C’est alors qu’un groupe de braqueurs meurtriers entre en scène, dévalisant avec une facilité déconcertante banques et bijouteries de la capitale, à coup d’armes de guerre et de scénarios imparables…
Avis de Cherycok :
J’avoue, je fais partie de ces quelques personnes qui ont apprécié La Horde et Goal of the Dead, les deux précédents films de Benjamin Rocher. Deux films très imparfaits, dont beaucoup ont, à raison, relevé les nombreux défauts, mais qui pour moi sont à part dans le paysage cinématographique français qui manque cruellement de films de genre. Du coup, bon, voilà, je surveillais de près le réalisateur et me voilà donc embarqué dans cet Antigang qui se veut, selon les dires du réalisateur lui-même, un « Heat à la française ». Oui, ça fait un peu prétentieux, et du coup un peu casse gueule dès le départ tant le film de Michael Mann est culte pour toute une génération. Il rajoute que son film a été réalisé dans un esprit proche des comédies policières américaines des années 80 telles que L’Arme Fatale, Piège de Cristal ou encore 48 Heures. On ne demande que ça hein, mais il faut toujours attendre de voir la marchandise avant de juger. Et bien c’est vu, et sans être la catastrophe que certains semblaient annoncer, Antigang n’est pas fameux fameux…
Premier réel problème, Jean Reno. Elles sont loin les années 90 et l’époque des Leon, Ronin ou encore Mission Impossible… C’est qu’il vieillit le Jeannot ! Son personnage de flic baroudeur vieillissant, gros dur, aux méthodes peu orthodoxes, aurait pu lui coller à merveille. Et d’ailleurs l’illusion est intacte lors de sa première apparition. Mais tout s’effondre rapidement dès que l’action rentre en jeu et qu’on constate qu’il a du mal à bouger sa carcasse et à tenir une arme correctement. On le sent fatigué, et surtout pas forcément très intéressé par son rôle qui ne présente au final que peu d’intérêt, les véritables « stars » étant le reste du casting et principalement Alban Lenoir. Révélé au grand public avec ses rôles dans les séries Kaamelott et Hero Corp ou encore les films Les Gamins (2013), Gibraltar (2013), Goal of the Dead (2013) donc, ou encore Un Français (2015), il vole d’entrée de jeu la vedette à Reno et est à l’origine de toutes les meilleures scènes du film. Ses répliques plutôt drôles dans l’ensemble en font immédiatement le seul personnage réellement attachant du film. A n’en pas douter, un acteur sur lequel il faudra compter dans les années à venir dans le paysage cinématographique français, capable de jouer à peu près tous les rôles, des plus légers aux plus musclés, comme il le montre ici lors des scènes de baston plutôt bien troussées.
Car oui, malgré des gunfights parfois un peu mollassons (ceux qui impliquent Jean Reno), certains passages bien pêchus (ceux où on retrouve Alban Lenoir donc) relèvent clairement le niveau, grâce à une mise en scène qui tient la route et des plans vraiment bien foutus dotés, d’une jolie photographie, pour lesquels le réalisateur nous évite un montage trop cut histoire de garder un minimum de lisibilité.
Le très gros problème de Antigang, c’est qu’on ne croit pas une seconde à ce que le film nous raconte. Vraiment. Les membres d’une bridage antigang qui partent en intervention avec des battes de baseball, qui n’hésitent pas à volontairement abîmer les voitures mises à leur disposition, habillés comme s’ils allaient faire leurs petites courses au supermarché du coin, et qui défoncent des mecs à coups de tonfa-bélier, on atteint le niveau zéro de la crédibilité. Certes, il faut peut-être voir cela avec un côté un peu second degré, en se disant qu’il s‘agit d’un simple divertissement (ce qui dans l’absolu est vrai), mais ça coince forcément à un moment donné, surtout lorsque la seule réponse qu’ils ont à apporter à leurs méthodes peu conventionnelles est : « On va encore se faire engueuler. ». D’autres se sont fait virer pour moins que ça, je te le dis moi ! Les incohérences sont nombreuses et c’est pas parce qu’on essaie de faire un divertissement « à l’américaine » façon buddy movie des 80’s que le résultat va fonctionner à tous les coups.
On sent que Benjamin Rocher a du talent, quelques fulgurances sont là pour le prouver. Mais on a l’impression qu’il ne sait pas encore réellement l’exploiter. Il veut peut-être trop copier les choses qu’il aime dans le cinéma, Antigang semblant calqué sur la sympathique production britannique The Sweeney (2013) qui s’inspirait déjà elle-même de Heat…
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Alban Lenoir ♥ Quelques fulgurances |
⊗ Des incohérences à foison ⊗ Originalité zéro ⊗ Jean Reno ⊗ Un « Heat à la française » ? WTF ? |
Trop d’incohérences, un Jean Reno en dehors de ses pompes, rien d’original ni même de réellement intéressant dans Antigang qui s’apparente plus à une bobine assez lambda qu’à un réel coup de fouet dans le cinéma de genre français. Aussitôt vu, aussitôt oublié. |
Titre : Antigang
Année : 2015
Durée : 1h33
Origine : France
Genre : Policier / Action / Comédie
Réalisateur : Benjamin Rocher
Scénario : François Loubeyre, Tristan Schulmann
Acteurs : Jean Reno, Alban Lenoir, Caterina Murino, Thierry Neuvic, Stéfi Celma, Oumar Diaw, Sébastien Lalanne, Jean-Toussaint Bernard, Stephen Scardiccchio