[Film] Angaar, de Shashilal K. Nair (1992)


Le film dépeint les problèmes de la « basse classe » de Mumbai, dus aux réseaux criminels et au combat mené contre eux par un jeune homme en colère.


Avis de Laurent :
Peu prolifique au sein de la production indienne (seulement 8 films en 16 ans), on peut dire que K.Shashilaal Nair revient de loin avec ce Angaar. Effectivement, il s’en est fallu de peu pour ne pas arrêter le visionnage de Angaar après une première heure incompréhensible et poussive au possible. Enchaînant les coupes de charcutiers et un montage sans queue ni tête, Angaar tente de poser son cadre et ses personnages de manière lamentable. Et c’est alors que le miracle a lieu, et que l’intrigue s’enchaîne à notre plus grand soulagement.

Sous ses vieux airs d’un énième film d’action décérébré, Angaar prend le statut de brulot social sauce Bollywood. En effet, il raconte le combat mené par Jaikishen (prononcez Jackie Chan pour les puristes) a.k.a. Jaggu (le ténébreux Jackie Shroff en moustache et marcel dégueulasse) qui va lutter contre la violence et l’injustice des groupes mafieux, des policiers corrompus et des politiciens véreux. Face à lui Kader Khan interprète un parrain local ambigu dont le fils, interprété par le sublime Nana Patekar, fera tout pour éliminer le révolté des bidonvilles.

Très bonne surprise au final. Angaar se révèle être un film puissant, violent, sans concession et profondément sincère. Cette confrontation entre pauvres des bidonvilles et riches habitants des quartiers luxueux enchaîne à une vitesse folle les scènes d’anthologies : bastons à l’indienne, dynamitages d’immeubles façon Fight Club, tortures à la Orange Mécanique, meurtres atroces, émeutes urbaines … le tout sous l’oeil bienveillant de Lénine qui ne se retrouve pas affiché sur le mur des bureaux de l’imprimerie locale par hasard. Shashilal K. Nair affiche ses convictions le temps d’un film avec une naïveté communicative. Le film sera pour la peine récompensé par 4 awards indiens.

Angaar ne se distingue malheureusement pas davantage par ses passages musicaux qui sont trop peu nombreux. Cependant, ces derniers sont complètement hallucinants avec une influence disco hors du temps, et un Jackie Shroff osant concurrencer notre Christian Morin national à la clarinette. Jackie Shroff est parfait dans son rôle de Robin des bois sauce curry et confirme une fois encore son immense talent (Pathar Ke Insan, Devdas, Mission Kashmir). Les bad guy ne sont pas en reste avec un Kader Khan sous ecstasy et un Nana Patekar pourri jusqu’à la moelle qui devient au fil des ans l’un des acteurs les plus intéressants du paysage cinématographique indien (Aanch, Ab Tak Chhappan).

LES PLUS LES MOINS
♥ Le brulot social
♥ Sans concession
♥ Un film sincère
♥ D’excellentes scènes
⊗ Une première heure (très) pénible

Angaar se révèle au final un film important mais qui souffre malheureusement d’une entrée en matière laborieuse pour sortir définitivement du lot. A découvrir tout de même car il possède de grands moments de cinémas qui méritent une attention particulière.



Titre : Angaar
Année : 1992
Durée : 2h25
Origine : Inde
Genre : Action
Réalisateur : Shashilal K. Nair
Scénario : Kader Khan, Sujit Sen

Acteurs : Jackie Shroff, Dimple Kapadia, Nana Patekar, Om Puri, Kader Khan, Kiran Kumar, Mazhar Khan, Achyut Potdar, Sulbha Deshpande, Neena Gupta

Angaar (1992) on IMDb


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Auteur : Laurent

Un des membres les plus anciens de HKmania. N'hésite pas à se délecter aussi bien devant un polar HK nerveux, un film dansant de Bollywood, qu'un vieux bis indonésien des années 80. Aime le cinéma sous toutes ses formes.
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