Cathy et Jane, deux infirmières britanniques en vacances en France, décident de faire une balade à vélo dans la campagne. Un jour, dans un café, l’une d’elles fait la connaissance d’un homme. Peu après les deux amies se disputent et se séparent. Quand Jane revient dans le village pour retrouver Cathy, celle-ci a disparu… Jane va essayer de la retrouver, d’autant plus qu’il y aurait eu des disparitions similaires auparavant. Mais elle ne parle pas français…
Avis de Rick :
And Soon the Darkness est bel et bien la preuve que faire un remake ne va pas forcément amener un nouveau public vers le film original. Mon premier contact avec le film fut son remake de 2010 avec Amber Heard et Karl Urban. Un métrage classique, cliché, ennuyeux, avec des retournements de situations prévisibles et des acteurs en général peu inspirés, même si Amber Heard et les décors Argentins étaient un plaisir pour les yeux. Et malgré sa sortie, l’original est toujours dans l’ombre, rare et inconnu de beaucoup. Réalisé en 1970 par Robert Fuest, le réalisateur alors âgé de 43 ans débutait sa carrière, après seulement un long métrage et surtout 7 épisodes pour la série Chapeau Melon et Bottes de Cuir de 1968 à 1969. Quand il tourne And Soon the Darkness, il emmène avec lui une partie de l’équipe de la série. Brian Clemens et Terry Nation signent le scénario tandis que Laurie Johnson signe la musique. Et pas d’Argentine ici, mais la France rurale. Il faut croire qu’en 1970, la France attirait beaucoup plus qu’un pays comme l’Argentine, mais dans les deux cas, nos deux personnages ne parlent pas la langue. Basiquement, l’histoire est la même que le remake, deux jeunes femmes sont en vacances, font du vélo, et l’une d’entre elle disparaît. Jane part à la recherche de son ami mais se heurte à la barrière de la langue d’un côté, au refus d’obtempérer de l’autre, mais également à certains habitants qui semblent hostiles. Et contre toute attente, And Soon the Darkness, cuvée 1970, en étant malgré tout proche de son remake, fonctionne bien mieux. Comme quoi, il suffit parfois de peu de choses pour faire un bon film.
Par contre disons le direct, le film baigne dans une ambiance années 70 bien voyantes qui déplaira à certains. Les coupes de cheveux et j’en passe nous rappelle bel et bien que le film a presque 50 ans. Mais honnêtement, cela ne dérange pas du tout. Comme pour son remake, le film prend son temps pour poser son histoire et ses personnages. On suit donc pendant 20 minutes Cathy et Jane, jouées par Michele Dotrice (Pacte avec le Diable) et la toute mignonne Pamela Franklin (Les Innocents, La Maison des Damnés). Entre leurs accents so british (le film est anglais pour rappel) et les locaux bien Frenchy (et oui, le film alterne du coup les deux langues), le métrage a quelque chose de séduisant. À moins que ce ne soit la mise en scène agréable à l’œil et plutôt maitrisée de Robert Fuest. Car dans ses grandes lignes, le métrage conserve la même structure que son remake des années plus tard, mais fait bien les choses, parvenant à maintenir le suspense, à semer le doute sur quasi toute la durée, sans pour autant avoir recours à des effets faciles. Tout est dans la suggestion jusqu’à son final. Cathy disparaît, et Jane se lance donc à sa poursuite. Au départ aidée par un habitant étrange, la jeune femme apprend que trois ans plus tôt, une jeune femme a été tuée, blonde et jeune aussi, et que le coupable n’a jamais été retrouvé. Jane va continuer son enquête, en allant à la rencontre des habitants qui ne parlent que rarement anglais, en essayant de trouver le gendarme du village qui semble absent, et avec l’aide donc d’un mystérieux individu pour qui elle aura très rapidement des doutes.
Mais la force de ce film original, contrairement à son remake, est de savoir maintenir le doute. Pas d’éléments gros qui font pencher la balance d’un côté ou de l’autre, mais un suspense très correctement maintenu, des éléments troublants qui nous font réfléchir et penser à telle ou telle possibilité, mais sans jamais totalement confirmer ou démentir une possibilité. Du coup, on se prend au jeu. Durant 1h35, et malgré il est vrai quelques moments ayant un peu vieillit, le film tient la route, et tient en haleine. Même son final se fait beaucoup plus réussi dans ce film comparé au remake, car beaucoup plus subtil, et sans accumuler les retournements de situations. L’ensemble est donc crédible, bien mené, et on se pose des questions sur les habitants, sur le gendarme et sur le possible ami de Jane tout le long, les yeux rivés à l’écran avec un intérêt certain. Et c’est bien la force de ce métrage, qui avec peu de moyens, et en suggérant tout, parvient à faire bien mieux que son remake des années plus tard, qui lui a voulu suggérer moins, offrir plus de retournements de situations, sans pour autant être plus intéressant.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Un suspense maîtrisé ♥ Mise en scène solide ♥ Casting anglais et français réussi |
⊗ Quelques éléments un peu vieillots |
Un film misant tout sur le suspense et la suggestion, et qui fonctionne en plus, grâce à un scénario subtil et une mise en scène maîtrisée. |
Année : 1970
Durée : 1h29
Origine : Angleterre
Genre : Suspense
Réalisation : Robert Fuest
Scénario : Brian Clemens et Terry Nation
Avec : Pamela Franklin, Michele Dotrice, Sandor Elès, Jean Carmet, Claude Bertrand, John Nettleton et Clare Kelly
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