Jina est une jeune femme qui vit seule et qui n’a pas noué de relations sur son lieu de travail, ni même en dehors. Quand le corps de son voisin, avec lequel elle échangeait quelques mots de temps à autre, est retrouvé une semaine après sa mort, Jina remet en question son mode de vie.
Avis de Rick :
Après avoir vu Aloners, je me suis fais une simple remarque. Le film, dans sa manière d’aborder son sujet, m’aura beaucoup fait penser à du Kim Ki-Duk. Et comme je l’ai très souvent mentionné, j’aimais beaucoup le cinéma de Kim Ki-Duk. Et voilà, on peut clore mon avis ici, j’ai beaucoup aimé Aloners, voilà voilà ! Trêve de plaisanteries, Aloners est un drame Coréen de 2021 qui nous invite à suivre le quotidien de Jina pendant une courte période de sa vie. Jina est une femme solitaire, vivant seule dans un petit appartement, qui n’a que peu de contact avec le monde extérieur, ne fait qu’aller à son travail, où elle répond aux appels dans une banque, et s’avère être la meilleure des employées d’ailleurs. Son quotidien est on ne peut plus simple. Elle se lève, va au travail, s’installe, réponds aux appels, prend sa pause déjeuner seule, reprend le travail, rentre chez elle en bus après s’être acheté un plateau repas, rentre chez elle, allume la télévision, mange son repas devant, s’endort, et rebelotte le lendemain. Les deux autres éléments notables de ses journées seront, de temps en temps, une ou deux phrases échangées avec son voisin lorsqu’elle le croise en train de fumer devant son appartement, et son refus de répondre aux appels téléphoniques de son père, utilisant toujours le numéro de téléphone de sa défunte mère pour tenter de prendre contact avec elle, et pour boucler la succession, dans laquelle il récupère tout, et Jina ne récupère rien du tout. Un portrait d’une femme solitaire, qui tient à son côté solitaire, malgré les nombreuses tentatives des autres pour la faire sortir de son cocon. Avec les quelques phrases de son voisin, les louanges de sa supérieure lors des pauses cigarette à l’entreprise, ou encore le fait qu’on va lui imposer, pendant une semaine, de former une nouvelle employée.
Rien qu’avec ses quelques éléments, on aperçoit déjà les thématiques que le réalisateur, qui signe aussi le scénario et le montage, a voulu mettre dans son film, qui est d’ailleurs son tout premier métrage. La solitude au sein de la société actuelle, mais aussi face aux technologies modernes, Jina préférant passer ses trajets devant son téléphone, regarde des vidéos culinaires durant ses repas et une fois chez elle, s’installe sur son lit devant la télévision. Ni plus, ni moins. On pourrait aussi parler de ces phénomènes, clairement Asiatiques, et qui sont abordés dans le film avec le personnage du voisin, qui ne sort jamais de chez lui, et sera rapidement retrouvé mort, mais une semaine après son décès. Cela rappelle le cas des hikikomori au Japon, mais ne connaissant pas spécialement la culture Coréenne, je ne sais pas si ce phénomène est fréquent chez eux et a aussi droit à son terme précis. Et bien évidemment sera abordé le sujet de ses appartements, qui, après le décès du précédent locataire, est souvent nettoyé par une société extérieure, puis remis en vente à un prix défiant toute concurrence. Aloners tente de brasser une multitude de thèmes liés à la solitude que l’on ressent actuellement dans une grande ville, une fois dans le monde du travail. Et la force du métrage, c’est qu’il ne va pas nous forcer le métrage dans la gorge, ou étirer son intrigue, en soit simple et directe, mais va aller à l’essentiel. 1h30 seulement au compteur, et surtout donc, un soin particulier, à la fois pour l’enrobage du film, techniquement donc, que pour les acteurs. Car ce qui impressionne dans un premier temps, c’est la sobriété de l’ensemble, qui semble pourtant maitrisé et millimétré.
Et ça fait du bien en réalité. Pas de plans stylisés à l’extrême, pas de mouvements de caméra tape à l’œil, mais juste un film simple, maitrisé, filmant ce qu’il doit filmer avec simplicité et efficacité. La mise en scène de Hong Sung-eun est excellente, et on pourra en dire de même de son montage, qui sait rendre le tout fluide tout en faisant durer ses plans, coupant pile là où il faut. Pour rester dans la technique pure, on pourra citer aussi la bande son du métrage, signée Lim Min-ju, minimaliste, collant parfaitement à l’ambiance se dégageant du métrage, et qui m’aura semblé finalement excellente. Pas le genre de bande son que l’on écoutera en dehors du film, mais qui sur le moment, participe grandement à l’expérience proposée. Cerise sur ce gâteau déjà fort alléchant, Gong Seung-yeon, l’actrice principal jouant Jina, dans son premier rôle au cinéma après une petite carrière à la télévision, est absolument superbe dans son rôle, tout en nuance, et son cheminement émotionnel, son changement s’opérant doucement et subtilement au fur et à mesure du film fonctionne à merveille. A mes yeux, Aloners est une vraie réussite, et le réalisateur est clairement un réalisateur à suivre, même si le métrage, de par son rythme volontairement lent, et son intrigue jouant plus sur le ressenti est forcément avare en rebondissements, et donc, ne parlera pas forcément à tout le monde.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Des thématiques intéressantes ♥ Visuellement propre et sobre ♥ Court et allant à l’essentiel ♥ Gong Seung-yeon, excellente ♥ De très beaux moments |
⊗ Un rythme souvent contemplatif et pas pour tous donc |
Aloners, c’est une excellente surprise. Un drame contemplatif avec des sujets d’actualité, le tout traité avec justesse et surtout sans jamais juger, et porté par une technique irréprochable et une excellente actrice. |
Titre : Aloners – 혼자 사는 사람들 – Honja Saneun Salamdeul
Année : 2021
Durée : 1h30
Origine : Corée du Sud
Genre : Drame
Réalisation : Hong Sung-eun
Scénario : Hong Sung-eun
Avec : Gong Seung-yeon, Jeong Da-eun, Seo Hyun-woo et Park Jeong-hak
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