
Jane, une jeune écologiste, vient enquêter avec un caméraman sur une île du Pacifique qui abrite une usine d’élimination de déchets nucléaires. Le complexe industriel est dirigé par l’autoritaire colonel Kovacks, dont seul le professeur Joffre se risque à contester les ordres. Jane et son équipier parviennent à s’introduire dans l’usine au moment où Kovacks ordonne de jeter des fûts de déchets dans le volcan voisin. Repérée, Jane parvient à s’enfuir mais le caméraman est fait prisonnier. Avec l’aide de Bob, un chasseur de serpents qui travaille pour l’Institut Pasteur, elle retourne à l’usine pour libérer son équipier, mais une étrange créature apparaît et tue tout sur son passage…
Avis de Rick :
Il y a quand même quelque chose de fascinant avec la « mort » du cinéma Italien à la fin des années 80. Car si on sera tous d’accord pour dire que peu importe le metteur en scène, tourner en Italie devenait plus compliqué, que les budgets devenaient plus radins et que la qualité des films diminuait, et bien, on y revient. Oui, que ce soit les grands (Argento, Fulci), les très honnêtes artisans (Lenzi, Margheriti, Martino), leurs œuvres tardives, la plupart du temps, même si bancales et moyennes, gardent un certain charme. On pourrait presque dire la même chose de Lamberto Bava. Mais clairement pas d’un Bruno Mattei, qui n’a jamais été un grand, et jamais été un honnête artisan non plus. Alien Degli Abissi, ou par chez nous Alien la Créature des Abysses (bien traduit tiens), c’est l’un des derniers métrages d’Antonio Margheriti, et ce fut, à l’époque, une de mes toutes premières critiques, sur mon tout premier site. Autant dire que ma connaissance du cinéma Italien était un poil plus petite il y a 25 ans, et que le confort de la vision n’était pas le même.
Voilà en images comment qu’on introduit son personnage principal !
Si bien que j’ai décidé de tout simplement réécrire une chronique en revoyant le film. Non pas que mon avis a clairement changé, le métrage est toujours très moyen. Comme souvent, Margheriti nous livre un mélange de genre, mais la sauce a parfois du mal à prendre, alors que tous les ingrédients sont là. Une créature géante et monstrueuse (le fameux Alien, qui en vrai ne vient pas trop des abysses, tant pis), des explosions, la jungle des Philippines, un message écolo un brin lourdingue, un méchant très méchant joué par un acteur un poil plus connu mais pas trop (Charles Napier), de l’aventure, des morts, du kitch, des maquettes avec un charme fou, et même un petit bonhomme en mousse pour une cascade risible. Le souci, c’est que le métrage manque sacrément de rythme, et qu’avec son titre, on se sent un peu arnaqué, tant l’Alien, il ne fait son apparition qu’après 50 minutes de film, pour un bout de sa pince, et qu’il faut attendre 1h20 pour enfin « admirer » la bête. Sur 1h30 environ oui. En VHS et en VF à l’époque, j’avais détesté le film. En DVD et en Anglais via le dvd allemand, je le trouvais très moyen. Et bien via sa sortie en blu-ray chez Severin en Anglais, je le trouve toujours aussi moyen. Pour pas mal de raisons.
Des méchants qui passent le film à regarder des images de volcan
Le rythme déjà. Alien la Créature des Abysses, pour un film qu’on nous vends donc comme un film de monstre, met un sacré bout de temps à démarrer, et s’apparente donc la plupart du temps bien plus à un film d’aventures dans la jungle avec un message écolo, le tout dans une ambiance un peu kitch qui ne serait pas sans nous rappeler le cinéma des années 60 et 70. Après tout, au milieu de cette jungle, une méchante entreprise a une base secrète, non loin d’un volcan, et tout cela sonne un peu comme si Charles Napier était le grand méchant d’un James Bond. L’autre grosse déception au final, c’est un peu con, mais c’est clairement que finalement, sa partie dite aventures, sa première heure donc, est clairement meilleure que sa deuxième heure qui part dans le film de monstre, à tendance navet. Nous suivons donc en particulier Jane et son caméraman Lee qui se rendent sur place en bateau pour tenter d’infiltrer sur l’île la base où le colonel Kovacks (ce bon vieux Charles Napier qui passe une heure de film à regarder des stock shots de volcan sur un écran) balance des déchets radioactifs dans le volcan. Nous sommes en terrain connu, avec la jungle, la base, les militaires, les gentils héros traqués, les animaux dangereux dans la jungle (ici, des serpents majoritairement, dont un lancé sur un figurant, avec main apparente dans le plan). En fait, c’est presque dommage que l’ensemble manque clairement de budget, car Margheriti fait de son mieux pour filmer tout ça le plus sérieusement du monde, et s’il n’y a pas de quoi se relever la nuit, ça reste filmé de manière plutôt professionnelle. Les aventures ne font ceci dit pas dans l’originalité, avec le colonel vraiment très méchant, le scientifique qui finalement a grand cœur et aidera nos héros dans la dernière ligne droite (et va se sacrifier, aussi), Jane trouvera l’aide d’un chasseur de serpents à lunettes dans la jungle, Bob, qui va donc l’aider, et nous fournir quelques dialogues assez amusants. Oubliable, dispensable, un peu mou, mais jamais totalement désagréable, malgré le fait qu’on se sente un peu roulé. Et l’Alien il est où ?
Des maquillages pas si dégueulasses en vrai
Il est là, caché, et fera enfin sa première victime vers 50 minutes de film, nous donnant enfin quelques effets spéciaux (plutôt convaincants) avant de révéler une partie de son corps, sa fameuse pince. Et dès ce moment-là, alors qu’il ne reste à peine plus d’une demi-heure au compteur, on comprend bien que l’Alien ne sera pas la grande réussite du film, loin de là. Sa pince nous met en garde après tout, elle qui arrive à bouffer une partie des figurants alors qu’elle semble lourde à faire bouger, et ne se ferme que deux fois par minute. Si vous voulez rire, sachez en tout cas qu’il est toxique, donc si l’alien vous touche, c’est the end, et que le scénario nous dit qu’il ne vient pas des abysses (diantre !) mais qu’il viendrait du soleil, et serait plus vieux que la Terre. Avec sa vitesse en tout cas, le potentiel dangereux de la créature est anéanti, et le film plonge alors dans, au choix, le navet ou le nanar. Navet car rien n’est crédible, que l’Alien déçoit et ne se fait jamais impressionnant, et que l’ensemble manque de folie. Nanar car on a quand même droit à l’hilarante chute du petit bonhomme en mousse du haut d’une falaise, à pleins de maquettes qui explosent, et à une scène de décontamination totalement gratuite, juste pour amener Marina Giulia Cavalli en t-shirt blanc prendre une douche et faire apparaître vous savez quoi. Et tout ça, c’est dommage. Même si ça garde un petit charme, et qu’on se dit que le cinéma Italien de la fin des années 80, même si mourant et fauché, avait tout de même plus de gueule que le cinéma fauché de nos jours tournés en digital avec couleurs moches en option. Dommage que la première partie manque de rythme car ce n’était pas un film d’aventures déshonorant, dommage que le final manque de folie car ça aurait pu être un super nanar. A la place, on a juste un film un peu mou, traversé de quelques éclairs amusants et divertissants, jamais totalement désagréable, mais bien moyen.
Tremblez devant l’alien qui ne vient pas des abysses
LE MEILLEUR | LE PIRE |
♥ Quelques dialogues amusants ♥ Une poignée de bons effets et maquettes ♥ Une première partie aventures |
⊗ Un rythme bien mou ⊗ Souvent plus navet que nanar ⊗ L’Alien totalement foiré |
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Alien la Créature des Abysses, c’est un des derniers films d’Antonio Margheriti, et c’est moyen, surtout la faute à son alien et son rythme, trop lent. |
Titre : Alien la Créature des Abysses – Alien Degli Abissi
Année : 1989
Durée : 1h36
Origine : Italie
Genre : La Terreur des Abysses de l’Espace Biomécanique
Réalisation : Antonio Margheriti
Scénario : Tito Carpi et Antonio Margheriti
Avec : Daniel Bosch, Marina Giulia Cavalli, Robert Marius, Charles Napier, Luciano Pigozzi, John Anthony Kater, Frank Wannack Dieter et Roberto Dell’Acqua
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