[Film] Aladdin, de Guy Ritchie (2019)


Quand un charmant garçon des rues du nom d’Aladdin cherche à conquérir le cœur de la belle, énigmatique et fougueuse princesse Jasmine, il fait appel au tout puissant Génie, le seul qui puisse lui permettre de réaliser trois vœux, dont celui de devenir le prince Ali pour mieux accéder au palais…


Avis de Cherycok :
Je ne suis pas un enfant Disney. Petit, dans les années 80, j’ai été bercé par des Jackie Chan, Bruce Lee, Bud Spencer et Terence Hill, et des classiques tels que la trilogie Star Wars, Les Gremlins, Willow, L’Histoire dans Fin et autres Les Goonies. Mais je n’ai jamais accroché aux classiques de la firme de Mickey tels que La Petite Sirène, Merlin l’Enchanteur, Robin des Bois, Alice aux Pays des Merveilles ou encore Peter Pan. J’ai d’ailleurs pas mal de lacunes puisque nombreux sont les dessins animés Disney que je n’ai pas vus. Ai-je raté mon enfance ? Je n’en sais rien. Suis-je bizarre ? C’est possible. Ces films sont adorés de beaucoup mais ils ne me font ni chaud ni froid. Sauf un, Aladdin (1992), que je considère encore aujourd’hui comme un chef d’œuvre de l’animation. Pourquoi me jeter sur cette nouvelle adaptation live de Disney me direz-vous qui, soit dit en passant, sent la pompe à fric à plein nez… Je ne sais pas. La curiosité peut-être, malsaine sans doute, de voir à quel point ils ont réussi à détruire leur seule bobine (vraiment estampillée Disney) que j’aimais vraiment. Après visionnage, une chose est sûre, c’est que Aladdin version 2019 est un film qui ne sert à rien.

Disney continue donc sa route dans l’adaptation live de ses propres dessins animés. Maléfique, Cendrillon, Dumbo, Le Livre de la Jungle, La Belle et la Bête, Alice aux Pays des Merveilles, Peter et Eliott le Dragon, Jean Christophe et Winnie, Le Roi Lion, … Prochainement Mulan, La Belle et le Clochard, Pinocchio, Cruella, La Petite Sirène, Blanche Neige, Merlin l’Enchanteur et sans doute d’autres. Où s’arrêteront-ils ? Tant qu’il y a du pognon à se faire pour faire plaisir à leurs actionnaires et leurs investisseurs, on se dit qu’on va malheureusement encore en bouffer pendant un moment…
Mais revenons-en au film qui nous intéresse aujourd’hui, Aladdin, et cette question qui nous vient immédiatement à l’esprit dès que le générique de fin pointe le bout de son nez : A quoi sert ce film ? Cette version live est un quasi copier-coller, parfois plan par plan, de la version de 1992. Certes, il y a quelques rajouts scénaristiques (l’introduction, le personnage de la servante), quelques scènes sont omises. Pour les chansons, c’est la même chose. On retrouve « Je suis ton Meilleur Ami », « Prince Ali » ou encore « Ce Rêve Bleu », bien que quelques paroles aient légèrement été modifiées, et on notera quelques ajouts comme la chanson féministe. Cette dernière semble d’ailleurs tout droit sortie de La Reine des Neiges, toute aussi crispante avec ses envolées lyriques très aiguës qui ont tendance à faire saigner les tympans. Un ajout que beaucoup applaudiront et qui montre que Disney s’engage dans des combats (prochainement, une héroïne LGBT), mais qui fait un peu forcé, artificiel, comme si Disney essayait de se racheter une bonne conscience. Une chose est sûre, c’est que la chanson « Ce Rêve Bleu » est aussi kitch et crispante en film qu’en dessin animé (allez-y, vous pouvez me cracher dessus).

Mais de manière générale, on a l’impression de voir le même film, en beaucoup moins bien tant Aladdin est au final un produit sans vie, froid, qui ne dégage aucune émotion, aucun sentiment. Tout y est lisse, fade. Disney essaie de moderniser l’ensemble, donnant parfois à son film des airs de comédie musicale made in Bollywood (je rappelle que l’histoire se passe au Moyen Orient, …), mais tout y est tellement aseptisé que le soufflé retombe à peine avait-il commencé à gonfler. Certaines scènes se la jouent grandioses, avec des centaines de figurants, dansant et chantant tous en cœur, mais il ne s’en dégage qu’un côté niais. Niais, et moche, avec ses couleurs flashy kitchissimes. Pire que ça, la plupart des chansons sont bien moins prenantes et entrainantes que dans l’original.
Étant fan de la VF de l’époque, j’ai voulu voir cette version en VF également (uniquement pour les chansons, car le doublage est sacrilège pour moi). Mais la VF est tellement exécrable, en plus d’avoir osé changer les paroles, que j’ai dû switcher en VO au bout de 20 minutes.

Une autre question qu’on se pose une fois le visionnage terminé, c’est se demander à quel point Guy Ritchie (Snatch, Arnaques Crimes et Botanique) a eu les mains liées pour pondre le film. Certes, la mise en scène est correcte, mais à aucun moment il ne s’approprie quoi que ce soit. Il a pris le pognon et s’est contenté de faire ce qu’on lui a dit de faire, tel un vulgaire yes-man de base. Aucune folie, aucune émotion, et les quelques moments politiquement incorrects du dessin animé ont même ici complètement disparu. Techniquement, les décors sont magnifiques, rien à redire là-dessus. Mais pour les nombreuses scènes en fond vert, là c’est bien plus discutable. C’est d’ailleurs un peu la maladie de tous ces blockbusters où le CGI est le maître mot sans essayer de donner un côté plus réaliste à l’ensemble. La scène dans la grotte, toute la chanson Ce Rêve Bleu, ça sonne immédiatement faux. Rajah (le tigre de Jasmine) et Iago (le perroquet de Jafar) sont ratés. Et puis, pourquoi accélérer en post-prod certaines scènes (en particulier celles de danse) ? Pour leur donner un côté plus punchy car ils se sont rendus compte que c’était parfois mou ? Raté. En plus de nous faire résonner la célèbre musique de Benny Hill dans un coin de notre tête, ça reste mou.
Et puis il y a les acteurs. La bande annonce avait fait hurler les foules sur la toile dès les premières images de Will Smith, tout bleu, en génie de la lampe. Et bien figurez-vous que c’est celui qui s’en sort le mieux. Certes, le personnage du génie est beaucoup trop cartoonesque pour être adapté correctement en film live, mais Will Smith y met tout son cœur et le résultat est néanmoins correct. Par contre, pour les personnages d’Aladdin et Jafar, c’est la catastrophe totale : plats du début à la fin, mal interprétés, sans la moindre once de charisme. C’est quand même ballot quand l’un est censé être le héros de l’histoire et l’autre le grand méchant. Ça en est même improbable de se rater à ce point niveau casting. Au moins, ils auront fait l’effort de choisir des acteurs originaires du Moyen Orient… Et Jasmine dans tout ça ? Et bien elle est jolie. Mais elle joue bien ? Euh… elle est jolie.

LES PLUS LES MOINS
♥ Certains très beaux décors
♥ Will Smith, étonnement
⊗ Aucun intérêt cinématographique
⊗ Le casting à côté de la plaque
⊗ Vide d’émotion
⊗ CGI parfois très très limites
Pour certains, cet Aladdin version 2019 est un massacre cinématographique, une insulte au dessin animé. Et quelque part, je les comprends. Pour moi qui n’en attendais strictement rien, c’est juste au final un produit quelconque, sans aucune saveur, dont l’unique intérêt aura été de me redonner envie de voir le dessin animé.

LE SAVIEZ VOUS ?
• La chanson Prince Ali a nécessité 250 danseurs et plus de 200 figurants, pour lesquels il a fallu que Michael Wilkinson et son équipe confectionnent des costumes. Le chameau sur lequel Aladdin arrive mesure 9 mètres et est composé de 37000 fleurs. 15 maquettistes ont travaillé dessus pendant trois semaines.
• Plusieurs clins d’œil au Prince de Bel Air, série culte ayant mis Will Smith sur le devant de la scène, sont présents dans le film. Par exemple, dans la chanson « Je suis ton Mon Meilleur ami », le tapis effectue le fameux pas de danse de Carlton.
• Jim Carrey était d’abord pressenti pour incarner le génie, mais Guy Ritchie a demandé à ce que Will Smith soit choisi. C’est d’ailleurs son premier rôle dans un film Disney.
• Le célèbre Wilhelm Scream peut être entendu lorsque le génie cherche à habiller Aladdin en Prince Ali.


Titre : Aladdin
Année : 2019
Durée : 2h08
Origine : U.S.A
Genre : Pourquoi ?
Réalisateur : Guy Ritchie
Scénario : John August, Guy Ritchie

Acteurs : Mena Massoud, Naomi Scott, Will Smith, Marwan Kenzari, Navid Negahban, Nasim Pedrad, Billy Magnussen, Jordan A. Nash, Taliyah Blair

 Aladdin (2019) on IMDb


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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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