Ahingsa est un jeune Thaïlandais branché et un peu voyou sur les bords. Il partage sa vie avec ses deux meilleurs amis, U-Kote et Einstein. Un jour, un mystérieux homme habillé tout de rouge apparaît en se faisant passer pour son karma et passe son temps à le battre sans raison. Ahingsa ne sait pas ce qu’il veut et pourquoi il le pourchasse sans arrêt, il essaie de s’en débarrasser, mais en vain. C’est alors que sous l’emprise du LSD il se met à voir des événements qui se dérouleront quelques heures plus tard.
Avis de Laurent :
C’est avec beaucoup d’appréhension que l’on retrouve Kittikorn Liasirikun derrière la caméra. Certes, son Saving Private Tootsie et son groupe de transsexuels confrontés à une guérilla locale fut une énorme surprise, mais le lamentable The Bullet Wives avait montré à quel point ce réalisateur prometteur pouvait être responsable de films désastreux. Heureusement, Ahimsa : Stop To Run est une énorme surprise et Kittikorn Liasirikun devient sans doute l’un des réalisateurs thaïlandais à suivre de très près.
Ahimsa : Stop To Run se base encore une fois sur un scénario aussi original que tordu. Ahimsa (Boriwat Yuto) est un jeune Thaïlandais un peu cramé sur les bords (abusant parfois sur le LSD) qui se retrouve persécuté par son karma. Celui-ci se matérialise sous la forme d’un pur psychopathe aux cheveux rouges (Teeradanai Suwanahom), habillé d’un jogging de la même couleur, et qui passe son temps à le tabasser sans raison. Suite à ces persécutions, le comportement d’Ahimsa change brutalement, il devient complètement paranoïaque et hallucine en voyant des événements qui auront lieu finalement quelques heures plus tard. Suivi par un médecin, Pattaya (Taranya Sattabusya), il en tombe amoureux, et au même moment devient le suspect principal du meurtre de son meilleur ami. Ahimsa va tout faire pour se débarrasser de son karma et modifier son destin.
Kittikorn Liasirikun nous avait montré ses limites en tant que réalisateur sur le lamentable The Bullet Wives. Cette fois-ci, il nous sort le grand jeu avec une mise en scène énergique et inspirée. Même si l’ensemble est assez inégal et ponctué par quelques baisses de régime lors de certains passages, on retrouve une des toutes meilleurs réalisations thaïlandaises de 2005, avec un montage alternant des scènes posées et des passages complètement déjantés où Kittikorn Liasirikun nous montre l’étendue de son imagination et de son savoir-faire. Même si au final le résultat est déséquilibré entre scènes d’anthologie et scènes bancales, on retrouve une envie de bien faire communicative. On sent le film fait avec le cœur, la sueur et les tripes. Accompagné par une bande son de tout premier choix alternant sans complexe rock, thaï pop et musique électro, Ahimsa : Stop To Run joue dans la cour des grands et s’engouffre dans la brèche ouverte par les inatteignables Pen-Ek Ratanaruang et Wisit Sasanatieng. L’interprétation est parfois monstrueuse (Teeradanai Suwanahom est sans aucun doute le personnage le mieux réussi), parfois insignifiante (Taranya Sattabusya très soap) et quelquefois décevante (Boriwat Yuto manque incontestablement de charisme).
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Mise en scène inspirée ♥ Des moments barrés ♥ Fait avec le cœur et les tripes ♥ La bande son |
⊗ Des baisses de régime ⊗ Des scènes bancales |
Trop bancal et plombé par un léger manque de rythme pour être le chef d’œuvre attendu, Ahimsa : Stop To Run reste néanmoins un film excellent, bourré de bonnes idées et de bonnes intentions. Merci la Thaïlande de proposer encore des films aussi déjantés bien loin des films calibrés et aseptisés. Espérons tout simplement que Kittikorn Liasirikun confirme tout le bien que l’on pense de lui et que The Bullet Wives ne soit finalement qu’un incident de parcours. |
Titre : Ahimsa: Stop to Run / อหิงสา จิ๊กโก๋ มีกรรม
Année : 2005
Durée : 1h25
Origine : Thaïlande
Genre : Drame
Réalisateur : Kittikorn Liasirikun
Scénario : Kittikorn Liasirikun
Acteurs : Boriwat Yuto, Theeradanai Suwannahom, Kiradej Ketakinta, Phitoon Laisakul, Prinya Ngamwongwarn, Ampon Rattanawong, Taranya Sattabusya