Ichi se rend dans un petit village pour assister au premier levé de soleil de la nouvelle année au sommet d’une montagne. Un lieu chargé de souvenirs puisque c’est ici qu’à six ans il fut séparé à jamais de son père. En chemin, un mystérieux étranger lui demande de bien vouloir remettre à une certaine Sen un message de la plus haute importance. Ichi, toujours prêt à rendre service, accepte de bon cœur et finit par s’installer dans l’auberge tenue par cette dernière. Sa compagne de chambre se trouve être une jeune fille à la recherche de son père, disparu sans laisser de trace. Ichi va proposer son aide aux deux jeunes femmes et découvrir que leurs histoires sont liées et désignent le chef du gang local comme origine de tous les maux. Le masseur aveugle devra à nouveau user de sa légendaire canne épée pour que justice soit rendue.
Avis de Kwaidan :
Après un chef d’œuvre absolu signé Kenji Misumi, ADVENTURES OF ZATOICHI, neuvième film consacré aux exploits du plus célèbre des masseurs aveugles, revient vers une histoire beaucoup plus classique réservant néanmoins quelques surprises de taille.
Le film lève un peu plus le voile sur le passé d’Ichi en nous apprenant de nouveaux éléments sur son enfance. Le masseur aveugle garde l’espoir de revoir son père dont il a été brutalement séparé à l’âge de six ans. Un souhait qui pourrait bien avoir été exaucé par la rencontre avec le vieux poivrot dont l’histoire concorde étrangement avec ses souvenirs. Même si Ichi affirme qu’il ne peut s’agir de son père suite à la trahison du vieil homme, le film n’écarte jamais complètement cette possibilité d’autant que nous avons vu par le passé combien le héros pouvait refuser obstinément la vérité dans ce genre de circonstances (la trahison de Tane dans l’épisode 4, ZATOICHI THE FUGITIVE). Il appartient donc au spectateur de se faire sa propre opinion sur l’éventuelle filiation entre les deux personnages. Reste que cet élément important de l’histoire pose un gros problème de continuité lorsque le vieil homme dit n’avoir eu qu’un fils, ce qui n’a pas l’air de choquer Ichi alors qu’il affrontait pourtant son frère dans le deuxième épisode.
ADVENTURES OF ZATOICHI montre bien la popularité désormais énorme de la série auprès du public. Les aventures d’Ichi attirent les comiques du moment, ici un duo de petits rondouillards, qui viennent jouer les guest stars et faire leur numéro en parodiant Shintaro Katsu dans une scène pas vraiment du meilleur goût pour les fans du personnage. Autre passage obligé lorsqu’une saga devient immensément populaire : la présence des deux gamins débrouillards venant prêter main forte au héros et permettant aux enfants qui passent leurs journées à imiter Ichi de trouver des protagonistes à qui s’identifier. Deux nouveautés dont on aurait pu se passer mais, que voulez-vous, Zatoichi est victime de son propre succès. Ces éléments ne viennent cependant pas entacher l’esprit de la série et on échappe heureusement à un « Ichi sur l’île aux enfants ».
Le film n’est pas franchement inventif dans les combats mais on peut largement y trouver de quoi prendre son pied. A commencer par cette excellente scène où Ichi s’interpose entre Sen et ses poursuivants dans un escalier et, jouant au pauvre aveugle maladroit, en profite pour leur en mettre plein la gueule. Le quart d’heure final est comme toujours fabuleux, magnifiquement chorégraphié et d’autant plus beau qu’il se déroule sous la neige. Ichi s’y montre particulièrement hargneux et même plutôt sadique lorsqu’il s’acharne sur le chef de gang avant de se jeter sur les derniers hommes de main encore debout. S’ajoutent à cela d’émouvants moments dramatiques, notamment entre Ichi et la jeune fille à la recherche de son père, une excellente introduction comportant une réplique à ranger au rayon « culte » et un final terrassant de beauté. Plein de bonnes choses donc…
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Le développement du héros ♥L’esprit de la saga ♥Un final fabuleux ♥Les combats |
⊗ Assez classique |
ZATOICHI 9 est ce qu’on pourrait appeler un épisode « classique ». Sans compter les deux petits points précédemment évoqués dont on se serait bien passé, on retrouve avec bonheur tous les ingrédients de la série : du rire, de l’émotion, des combats magnifiques, une histoire efficace. Un très bon film donc, mais qui ne se détache pas particulièrement de l’ensemble comme le faisait par exemple FIGHT ZATOICHI FIGHT. Les fans purs et durs seront comme toujours aux anges, mais je conseillerais à ceux qui abordent pour la première fois la saga d’Ichi de se tourner plutôt vers un des grands chef d’œuvres qui la parsèment, comme par exemple le 8, le 21 ou même le 26 (en ce qui me concerne, l’épisode qui m’a rendu complètement accroc). |
Titre : Adventures of Zatoichi / Zatoichi 9 / 座頭市関所破り
Année : 1964
Durée : 1h26
Origine : Japon
Genre : Chambara
Réalisateur : Kimizoshi Yasuda
Scénario : Shozaburo Asai
Acteurs : Shintaro Katsu, Eiko Taki, Miwa Takada, Mikijiro Hira, Kichijiro Ueda, Akitake Kono, Koichi Mizuhara, Ikuko Mori