Lorsque Suze Trappet apprend à 43 ans qu’elle est sérieusement malade, elle décide de partir à la recherche de l’enfant qu’elle a été forcée d’abandonner quand elle avait 15 ans. Sa quête administrative va lui faire croiser JB, quinquagénaire en plein burn out, et M. Blin, archiviste aveugle d’un enthousiasme impressionnant. À eux trois, ils se lancent dans une quête aussi spectaculaire qu’improbable.
Avis de Rick :
Je n’attendais rien de spécial en regardant Adieu les Cons, malgré son titre quelque peu irrévérencieux qui rappelait la belle époque. Car c’est le dernier film de Dupontel dont il s’agît. Et Dupontel, s’il n’a pas été hyper actif, 7 films en 25 ans, m’avait quelque peu déçu passé Enfermés Dehors. À tel point que j’ai raté, à tort peut-être, ce qui semblait plus être une pause au sein de son propre style avec Au Revoir là-haut. Et oui, c’est comme ça. Mais Le Vilain ainsi que 9 Mois Ferme, ironiquement un film ayant un titre plutôt représentatif des personnages de Dupontel sur ces trois premiers métrages et le film qui fut enfin la consécration et la reconnaissance publique et critique pour lui en tant que réalisateur, ça ne m’avait pas vraiment plu. On y retrouvait, en surface, les éléments de son cinéma, mais tout y étant plus sage, plus gentil, comme si avec l’âge, Dupontel ne voulait plus taper sur divers éléments, et ne se servait alors de ses histoires juste à des ressorts dramatiques et comiques, là où Bernie critiquait énormément de choses, tout un milieu social, là où Le Créateur interrogeait l’art, la création tout en donnant au milieu du théâtre un visage peu flatteur, et qu’Enfermés Dehors montrait un portrait inhabituel des sans abris, tout en critiquant la police, les grandes sociétés, ceux qui courent constamment après l’argent. Et bien, Adieu les Cons, c’est un retour à cette époque là. En un peu moins méchant, en un peu moins hystérique (la palme était détenue à ce niveau par Enfermés Dehors), mais que ça fait du bien de retrouver Dupontel scénariste et réalisateur qui veut amuser tout en ayant des choses à dire, aussi simples soient-elles. Oui, taper sur la police, c’est encore plus facile de nos jours, c’est clairement dans l’ère du temps, mais ça peut toujours amuser.
Mais pas que, car on tape aussi sur les sociétés, encore, et surtout leur gestion des employés, parfois très compétents mais trop vieux et donc que l’on met de côté pour former des jeunes, ou encore embauchant des handicapés, car c’est bien vu et, ça amène aussi des aides financières de l’état… mais bon, ça emmerde, donc on prend un aveugle et on le met dans le noir au service que personne ne visite jamais, à savoir, les archives. Mais pas que hein. Adieu les Cons donc, c’est l’histoire de Suze, gravement malade et qui n’en a pas forcément pour longtemps, et qui décide de partir à la recherche de son fils, qu’elle a du abandonner lors de l’accouchement, alors qu’elle n’avait que 15 ans. Alors que forcément, sa recherche n’avance pas, car tout n’était pas informatisé à l’époque, et que les accouchements sous X ne sont pas si simples, elle croise la route de Jean Baptiste, employé en plein burn-out qui tente de se suicider, mais pas de bol, le coup rate et touche un collègue. Alors que tout le monde croit à une tentative de meurtre, JB n’a même pas le temps de s’expliquer que Suze le kidnappe et le fait marcher. Elle dira ce qu’il s’est réellement passé à condition qu’il l’aide à retrouver son enfant. Et sur leur route donc, ils vont croiser monsieur Blin, archiviste aveugle, qui va les aider dans leur quête. Simple, efficace, rapide, d’ailleurs le film n’est pas bien loin, comme souvent chez Dupontel (Enfermés Dehors par exemple ne durait que 1h23). Et d’entrée de jeu, on retrouve clairement ici la patte Dupontel, celle que le public cinéphile aime ou déteste au premier coup d’œil. Une mise en scène dynamique, une caméra mouvante qui tente souvent des choses, des placements improbables, des couleurs parfois bien saturées, un humour parfois méchant, et parfois plus grimaçant, hystérique, criant. Et ce jusqu’au caméo encore une fois de Terry Gilliam. C’est plus doux et plus posé qu’avant, sans doute moins méchant, mais on retourne malgré tout clairement dans ce qui faisait le sel de son œuvre.
Les personnages sont stupides, les quiproquo sont nombreux, le scénario va vite et du coup, tout s’enchaîne bien, voir trop bien, trop facilement, car là n’est clairement pas l’intérêt pour Dupontel d’ailleurs, et on tape sur les docteurs et leur gestion de la maladie chez certains patients, les violences policières, le monde du travail en général et tous ses travers. Alors forcément, quand la police recherche avec l’aide d’employés un brin stupide (dont un Philippe Uchan toujours hilarant), ça prend vite des proportions énormes pour quelque chose qui n’en méritait pas autant. Dupontel a en tout cas su s’entourer, puisque s’il tient toujours le rôle principal masculin, il s’entoure d’acteurs confirmés, autant avec de nouvelles têtes que ses habitués. Citons Virginie Efita, excellente même si son personnage aurait sans doute mérité encore plus de profondeur, Nicolas Marié répondant toujours présent et jouant l’aveugle ou Jackie Berroyer jouant un docteur atteint d’Alzheimer. Et cerice sur le gâteau, de nombreux clin d’œil et caméo, avec Kyan Khokandi (Bref) en médecin, ou le duo du Palmashow Grégoire Ludig et David Marsais en mecs comme toujours un peu à l’ouest. En fait, clairement, on s’éclate souvent devant Adieu les Cons, malgré ses énormes raccourcis scénaristiques, ou encore devant certains moments qui se veulent parfois plus doux, parler d’amour, et qui sont un peu trop faciles, voir presque niais pour totalement fonctionner. Mais on est loin du côté faussement méchant des deux précédents films personnels du réalisateur, et la blague fonctionne bien mieux ici, avec ce nouveau portrait de personnages souvent à l’écart de la société.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Un bon casting ♥ Des moments bien drôles ♥ Dupontel retrouve un peu son style personnel ♥ Pas mal de caméos fun |
⊗ Les allergiques au style Dupontel peuvent fuir ⊗ Moins méchant qu’à la bonne époque ⊗ Tout ne parvient pas à convaincre |
Adieu les Cons, c’est un retour de Dupontel à ses premiers amours, avec ces personnages paumés, un peu en marge de la société, dans un humour qui fait du bruit, un peu d’hystérie, un peu d’amour aussi. Tout ne marche pas dans le métrage, notamment dans sa dernière partie, mais la comédie amuse, les acteurs sont très bons, et ça passe comme une lettre à la poste. |
Année : 2020
Durée : 1h27
Origine : France
Genre : Comédie Dramatique
Réalisation : Albert Dupontel
Scénario : Albert Dupontel
Avec : Virginie Efira, Albert Dupontel, Nicolas Marié, Jackie Berroyer, Philippe Uchan, Bastien Ughetto et Marilou Aussilloux
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