[Film] A War Named Desire, de Alan Mak (2000)


Chun fait ses bagages et est prêt à aller en Thaïlande. Il va essayer de trouver son frère pour récupérer l’argent que celui-ci a volé à sa famille il y a 15/20 ans. La fiancée de Chun décide de venir avec lui. Une fois sur place, ils trouvent un des hommes qui travaillent pour son frère et celui-ci les fait se rencontrer. Son frère est en fait un homme important dans le milieu des triades thaïlandaises. Il lui rend son argent et lui dit de partir de Thaïlande. Mais au moment de partir, Chun met sa fiancée dans le bus et décide de rester avec son frère…


Avis de Sanjuro :
A l’instar de l’excellent A Hero Never Dies de Johnny To, ce « hero movie » réalisé en 2000 s’éloigne des films de jeunes triades poseurs, cabotins et moralement douteux alors à la mode (Young and Dangerous… Need I say more ?) pour puiser son inspiration dans les classiques du genre. En résulte un métrage certes classique (dont la seule véritable originalité réside dans sa localisation en Thaïlande), au scénario relativement archétypal à base de règlement de comptes entre bandes rivales, d’amitié, d’honneur, de famille etc…

Bien que réchauffé, ce script n’est pas pire qu’un autre et s’avère l’écrin parfait pour un film qui repose avant tout sur ses morceaux de bravoure. A ce titre, on retiendra avant tout une poursuite en voitures / fusillade ma foi fort bien foutue (avec une utilisation de la portière avant plutôt douloureuse !), un tango entre Gigi Leung et Francis Ng se finissant en gunfight ainsi qu’un sacrifice pour le moins explosif (qui conclut une séquence évoquant fortement le climax de A Hero Never Dies…Décidément !), et j’en passe. Tragiques, violents et ultra lisibles (malgré une poignée d’effets clippeux un peu « mode » mais jamais trop envahissants), les gunfights sont assurément le point fort du film d’Alan Mak… Certes, on ne se situe pas encore au niveau des fleurons du genre (The killer, My Heart is That Eternal Rose…) mais ça fait vraiment plaisir à voir. Au rayon des qualités, difficile de ne pas mentionner le casting dominé par un Francis Ng toujours aussi classe dans la peau d’un gangster dur à cuire mais loyal, un Sam Lee fidèle à lui-même, c’est à dire hirsute et gouailleur (dommage qu’il ne soit présent que dans la première partie) et une Gigi Leung belle, sensuelle et mystérieuse (dans un rôle très éloigné de ses nombreuses rom-com à 2 balles)… Seul le bellâtre Daniel Chan et son jeu inexpressif (à la Ekin Chen dira-t-on) ne se révèle pas à la hauteur.

Hélas, 1000 fois hélas, alors qu’il aurait pu être une série B haut de gamme n’ayant rien à envier aux plus grandes réussites de la Milkyway, A War Named Desire se retrouve plombé par quelques fautes de goût difficilement pardonnables qui le limitent au stade d’agréable divertissement. La plus gênante d’entre elles est sans conteste la présence de ces insupportables morceaux de dance (oui, vous avez bien lu !) qui ont eu le don de me sortir du film, et ce dès la première note. Dommage car mis à part ça la BO, à base de guitares douces et mélodiques, s’avère plutôt réussie. L’autre faute de goût pour le moins handicapante est l’omniprésence d’une esthétique ringarde à base d’intérieurs jaunes pétard et bleus pastel (entre autres…), de fringues kitschounettes (le T-shirt rose flashy du héros !) et d’éclairages criards (le chef op’ pousse tellement les contrastes comme un bourrin qu’on a parfois l’impression que la peau des personnages est orange !). Avec un peu (beaucoup ?) de mauvaise fois, je pourrais dire que ce visuel évoque certaines séries télé US réputées pour leur bon goût telles que 21 Jump street ou Les dessous de Palm beach…Mais bon faut pas pousser non plus ! Surtout que la mise en scène d’Alan Mak est un poil plus soignée et élégante que celle des produits suscités.

LES PLUS LES MOINS
♥ Le casting de manière générale
♥ De bien beaux gunfights
♥ Classique mais efficace
♥ Un dernier tiers très réussi
⊗ L’esthétique de certaines scènes
⊗ Daniel Chan, inexpressif
Bien que dénué de l’atmosphère mélancolique qui fait le prix des meilleurs représentants du genre, ce « hero movie » mérite le coup d’œil ne serait-ce que pour la qualité de son interprétation et, surtout, son excellent dernier tiers (bourré de scènes d’action énergiques et comprenant une poignée de morts tragiques émouvantes et mises en scène de façon inventive) qui parvient à conclure le film sur une note positive.



Titre : A War Named Desire / 愛與誠
Année : 2000
Durée : 1h45
Origine : Hong Kong
Genre : Hero Movie
Réalisateur : Alan Mak
Scénario : Joe Ma, Alan Mak, Clement Cheng

Acteurs : Daniel Chan, Francis Ng, Gigi Leung, Dave Wong, Sam Lee, Grace Lam, Pace Wu, David Lee, Dandy Chan, Wasun Sakulpong, Venna Rujirojsakul

 Oi yue shing (2000) on IMDb


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Auteur : Sanjuro

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