Lou est une fille paumée qui vit dans la campagne anglaise avec sa mère acariâtre et manipulatrice. Elle développe une fascination pour les coachs de vie et surtout Chuck Knoah, dont elle écoute les K7 en boucle. Un jour, lors d’une représentation d’un coach, elle fait la connaissance de Val. Val est tout ce qu’elle aimerait être : belle, drôle, cynique, dominatrice, autoritaire, … Elle fait preuve d’assurance et semble avoir tout ce qu’elle veut dans la vie. Cette dernière lui propose alors de la suivre dans un road trip un peu particulier dont elle ne ressortira pas indemne…
Avis de Cherycok :
Et si on parlait de nouveau d’un tout petit budget que personne ne connait ? Allez, chiche. On va causer aujourd’hui de A Serial Killer’s Guide To Life. Il s’agit d’une petite bobine anglaise méconnue du jeune réalisateur anglais tout aussi méconnu Staten Cousins Roe, également producteur, scénariste et monteur sur le film. Un nom qui ne parle sans doute à personne mais un réalisateur qui avait pourtant triomphé avec son premier court métrage, This Way Out, programmé dans plus de trente festivals, raflant au passage moult prix. Pour finir de financer son premier long métrage, une campagne Kickstarter a été mise en place, lui permettant de récolter 27000£ (sur les 18000 demandées) en à peine un mois. Staten Cousins Roe pouvait enfin présenter au monde entier, du moins à ceux s’intéressant aux petites productions indépendantes britanniques, son road movie un peu particulier A Serial Killer’s Guide to Life.
Le film nous présente un monde assez noir à travers les yeux de Lou, jeune fille un peu paumée, bloquée chez elle à cause du chantage affectif de sa mère qui a décidé que sa fille resterait à ses côtés jusqu’à sa mort. Sauf que Lou est au bord du pétage de plombs. Elle n’en peut plus de cette situation et ne trouve refuge que dans les discours d’un célèbre coach de vie dont elle possède toutes les cassettes et qu’elle écoute en boucle. Lou rêve de devenir plus forte, de vivre une vie meilleure, et elle voit l’occasion se présenter lorsqu’elle rencontre Val, une mystérieuse jeune femme qui semble tout avoir, avec une extraordinaire confiance en elle et des buts clairs dans la vie. Val lui propose de la suivre, pour un retour aux sources. Pour arriver à se détacher de sa mère. Pour reprendre confiance en elle. Pour enfin arriver à mener la vie qu’elle est en droit de mener. C’est le début d’une amitié un peu particulière, où une thérapie va en remplacer une autre, avec cette femme qui va faire ressortir chez Lou ce qu’elle est vraiment, que ce soit le meilleur comme le pire.
A Serial Killer’s Guide to Life est en quelques sortes un road trip avec deux anti-héros très intéressants : Lou, la jeune fille un peu loufoque mais émotionnellement fragile, et la froide et imprévisible Val, où Val est tour à tour la grande sœur, la mère, le modèle féminin que Lou n’a jamais eu. Et comme le laisse à penser le titre du film, les cadavres vont s’accumuler. Car Si Val est bonne en quelque chose, c’est tuer des gens. C’est d’ailleurs la base de l’enseignement qu’elle va transmettre à Lou.
Très rapidement, le film nous met sur la voie de la vraie nature de certains personnages. On sent bien que certains nous cachent des choses, que d’autres sont borderlines. Sans dire que le film est prévisible, on se pose quand même la question plusieurs fois durant tout le métrage sur le futur possible dénouement. Le scénario dissémine ci et là des indices afin de nous aiguiller et c’est vrai que du coup, lorsque le final arrive, on n’est pas réellement surpris. Le rythme est lent, afin de bien mettre en place l’atmosphère du film, assez particulière, et ne décollera jamais réellement, sans pour autant ennuyer. Cela va permettre au réalisateur de développer petit à petit ses personnages, plus particulièrement le duo d’anti héroïnes, interprétées de main de maitre par Katie Brayben (les séries L’Alieniste et Luther), toute en retenue en fille à la fois naïve et perdue, et Poppy Roe (Drown, The Big Finish), absolument géniale en tueuse froide et complexe. Via des images subliminales, le film nous laisse à penser que ça va déraper et la musique, toute douce et légère en fond, est volontairement en décalage avec les images. Mais A Serial Killer’s Guide to Life préfère ne rien montrer des agissements de notre duo, ou plutôt préfère les suggérer en hors champ, un peu comme s’il voulait rester sur la retenue. Même chose pour l’humour noir qui flotte tout le long du film, toujours discret, léger, et typiquement british. Même chose également en termes de mise en scène, toujours juste, plutôt jolie, avec des images toujours bien cadrées mais jamais plus qu’il n’en faut, avec une attention toute particulière aux détails mais sans jamais s’attarder dessus. Du coup, le film semble ne jamais exploser, et pourra rebuter un public qui espérait plus. Plus de sang, plus de punch, plus de rythme. Non, A Serial Killer’s Guide to Life est un film posé, tranquille, et parfois, c’est bien aussi.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Bien mis en scène ♥ Casting principal réussi ♥ Une ambiance particulière |
⊗ Parfois un peu mou ⊗ Des seconds rôles anecdotiques |
A Serial Killer’s Guide to Life est un film surprenant, tout en retenue, dont le dénouement est au final classique mais qui malgré tout arrive à retenir l’attention grâce à son duo d’actrices. Un Thelma & Louise à la sauce british, pas parfait mais recommandable. |
LE SAVIEZ VOUS ?
• James Layton est le directeur de la photographie du film. Il a notamment travaillé sur les séries Sherlock, Downton Abbey, Humans ou encore Fortitude et son travail y a à chaque fois été salué.
• Le réalisateur Staten Cousins Roe et l’actrice Poppy Roe, qui incarne le personnage de Val, sont mari et femme.
Titre : A Serial Killer’s Guide to Life
Année : 2019
Durée : 1h21
Origine : Angleterre
Genre : Suis-moi et tuons des gens
Réalisateur : Staten Cousins Roe
Scénario : Staten Cousins Roe
Acteurs : Katie Brayben, Poppy Roe, Ben Lloyd-Hughes, Sarah Ball, Tomiwa Edun, Sinead Matthews, Sian Clifford, Fiona Glascott, Owain Rhys Davies, Carys Lewis