Lok Ying Choi, agent international des stupéfiants, est chargé d’enquêter sur une scène de crime où le corps du défunt, Yung, est resté caché pendant huit ans et n’a été découvert que récemment par des ouvriers d’entretien lors de la rénovation d’un vieil immeuble.
Avis de Cherycok :
Dennis Law, c’est un promoteur de Hong Kong passionné de cinéma, mais il rêve secrètement de devenir metteur en scène. Un jour, il décide de créer sa boite de production, Point of View Movie Production, afin de produire ses propres films et de devenir cinéaste à part entière. La recette est simple, il écrit, produit, finance et réalise lui-même ses films, histoire d’avoir le contrôle total dessus. Le problème, c’est que, Dennis Law a beau être passionné, il n’est pas très compétent et cela s’en ressent dans ses films qui, sortis des scènes d’actions, souvent mises en boite par l’excellent directeur de l’action Nicky Li, c’est un peu la catastrophe. En résulte des films semi-foireux tels que Fatal Contact (2006), Fatal Move (2008), Bad Blood (2010) ou encore Vampire Warriors (2010) qui brillent dans leurs combats mais ne valent pas un kopek pour le reste. Mais alors qu’en est-il du dernier film en date de Dennis Law, A Murder Erased, thriller à base d’enquête façon Agatha Christie ? Autant vous le dire tout de suite, ce n’est pas fameux. J’irais même jusqu’à dire que c’est mauvais…
Le très très gros problème de A Murder Erased, c’est son scénario, aussi bien sa construction que la crédibilité de ce qu’il raconte. On nous parle d’un meurtre qui a été commis il y a 8 ans suite à un cadavre fraichement découvert, et le film va sans cesse faire des allers retours entre présent et passé, avec un inspecteur en charge de l’enquête qui va examiner tous les suspects possibles, essayer de faire des liens, … bref, tout ce qu’il y a de classique dans ce genre de film. Mais Dennis Law prend beaucoup trop de temps pour nous présenter les antécédents et surtout les motivations de chaque personnage, répétant sans cesse les mêmes techniques pour chacun des suspects de l’enquête, nous montrant la vie de chacun de ces suspects (avec plus ou moins de temps à l’écran). On comprend son envie de développer ses personnages en leur amenant un peu de profondeur, sauf que lorsque c’est trop comme ici, ça ne fait que trainer le film en longueur d’autant plus que Law s’attarde souvent trop sur des scènes complètement inutiles. D’autant plus que les différentes techniques employées sont parfois grossières, parfois improbables, à tel point que cette simili enquête perd tout crédibilité. Les interrogatoires sont très douteux, les suspects sont constamment traités de menteurs sans justification aucune. Le personnage de Choi utilise sans cesse des sources non conventionnelles pour faire avancer son enquête sans que jamais on ne se soucie de la crédibilité de la chose. Lorsque des infos sont dévoilées, personne ne semble prendre le temps de vérifier quoi que ce soit. La technique du prêcher le faux pour le vrai est constamment employé au point que ça en devient simplement redondant. Le scénario passe beaucoup trop de temps à établir ces relations entre certains personnages et durant les deux premiers tiers, ça traine énormément en longueur en plus de ne jamais arriver à passionner ou à amener un semble de réelle tension. C’est bavard, beaucoup trop bavard pour pas grand-chose et Dennis Law a beau essayer de faire les choses correctement, en s’inspirant de ce qu’il semble avoir déjà vu / lu, il ne sait pas faire les choses comme il le devrait et le résultat frôle parfois le catastrophique.
Pour le dernier tiers, lors de l’acte final, Dennis Law change de fusil d’épaule et essaie de rendre son film plus intelligent qu’il ne le devrait, mais le résultat vire à la catastrophe. Le ton change, jouant la carte de la comédie noire, comme pour prendre à contre-pied le spectateur qui s’attend à un dénouement à la Agatha Christie. Sauf qu’il aurait dû rester sur cela car en l’état, ce dernier acte frise le ridicule, avec un monologue final du juge qui vire presque au comique tellement il est raté avec son côté philosophique à côté de la plaque et ses métaphores scatologiques, à un point que ça en devient même presque gênant. Il résulte de ces 1h47 que rien n’est crédible et que sur certains points, A Murder Erased frôle carrément avec le nanar sans jamais y tomber réellement dedans. Et c’est dommage, car il y avait un réel potentiel et on sait que Hong Kong a moult fois très bien exploité ce genre de pitch de départ. Mais rien n’y fait, A Murder Erased est ennuyeux, semble interminable, en plus d’avoir un côté très prétentieux avec ses dialogues guindés qui énervent plus qu’ils ne servent et des ruptures de ton mal amenées. Comme si ce n’était pas suffisant, le casting est la plupart du temps à côté de la plaque. Autant Eddie Cheung (Vengeance, Election) et Maggie Siu (The Longest Nite, PTU) s’en tirent à peu près bien, croyant en leur rôle, autant le reste de la distribution rate le coche. Entre ceux qui sont simplement faux, et ceux qui ne semblent être là que pour toucher leur cachet sans jamais essayer de faire plus que le minimum, A Murder Erased n’est clairement pas gâté. Et c’est d’autant plus dommage qu’avec cette jolie brochette de seconds couteaux, que ce soit Lam Suet, Cheung Tat-Ming ou encore Tony Ho, il y avait un coup à jouer. Mais rien n’y fera, Dennis Law nous montre une fois de plus que même s’il a envie, il ne sait pas faire et s’il laissait au moins le soin à des scénaristes confirmés de participer à ses productions plutôt que de vouloir tout faire lui-même, on se retrouverait peut-être avec des films qui tiennent un peu plus la route.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Une photographie pas trop dégueux ♥ Quelques rares scènes |
⊗ Le scénario ⊗ Des incohérences de partout ⊗ Un 3ème acte à côté de la plaque ⊗ Le jeu d’acteur ⊗ Assez mou |
Lorsqu’il y a un bon film HK qui sort, on se doit d’en parler. Mais lorsqu’un film HK est raté de bout en bout, il faut également le signaler et ce A Murder Erased de Dennis Law est un joli petit naveton qui ne vaut pas la peine qu’on y perde 1h47 de son temps. |
LE SAVIEZ VOUS ?
• Dennis Law se serait inspiré d’un fait divers survenu en 1983 et dans lequel un cadavre a été retrouvé dans le réservoir d’eau d’un immeuble situé sur To Kwan Wan Road.
Titre : A Murder Erased / 被消失的凶案
Année : 2022
Durée : 1h47
Origine : Hong Kong
Genre : Agatha Christie du pauvre
Réalisateur : Dennis Law
Scénario : Dennis Law
Acteurs : Eddie Cheung, Dada Chan, Timmy Hung, Maggie Siu, Lam Suet, Tony Ho, Joe Junior, Stephanie Che, Cheung Tat-Ming, Winnie Leung, Belinda Yan, Lee Lam-Yan