Quel est le meilleur avantage d’être mort ? Ce n’est pas d’échapper à votre patron, à votre ex, ou même d’effacer votre casier judiciaire. Ce qu’il y a de mieux avec la mort … c’est la liberté. La liberté de lutter contre l’injustice et le mal qui rôdent dans notre monde, sans que rien ni quiconque ne vous arrête. Six individus, issus des quatre coins du monde, tous, les meilleurs dans leur domaine, ont été choisis non seulement pour leurs compétences, mais aussi pour leur désir unique d’effacer leur passé afin de changer l’avenir. La bande est réunie par un leader énigmatique, dont le seul objectif est de s’assurer que tous tomberont dans l’oubli mais que leurs actions, pour sûr, leur survivront.
Avis de Cherycok :
Netflix continue encore et toujours à faire venir sur sa plateforme de VOD de gros réalisateurs hollywoodiens qui semblent y retrouver la liberté qu’Hollywood ne veut plus leur donner tant la rentabilité est devenue le maitre mot. Ce coup-ci, c’est Michael Bay qui s’y colle avec, bien entendu, un bon gros film d’action des familles. Non, il ne sera point question ici d’un film au discours philosophique ou un questionnement de soi par rapport à ce qui nous entoure. C’est bien de grosses bagnoles, d’explosions en tous genres, de belles nénettes, avec un bourrinage rarement atteint tant le réalisateur pousse son « art » à son paroxysme. Michael Bay est en totale roue libre. Ses adorateurs seront aux anges. Ses détracteurs auront des envies de meurtre. Quant à moi qui n’aie jamais eu d’atomes particulièrement crochus avec le bonhomme, j’avoue être resté un peu de marbre devant le spectacle proposé. Avec 6 Underground, Bay souffle le chaud et le froid, pour un résultat bien moyennasse…
Ceux qui me connaissent savent bien que ce genre de gros blockbusters, je les prends avec des pincettes tant ce n’est habituellement pas ma came. Mais je ne partais avec aucun apriori en me lançant dans le visionnage de 6 Underground pour la bonne et simple raison qu’il y a certains films du bonhomme que j’apprécie. Certes, la saga Transformers a tendance à me provoquer des crises d’urticaire aiguës, et des films tels que Armageddon ou Pearl Harbor m’ont laissé de marbre, mais 13 Hours était très bon, No Pain No Gain des plus agréables, et je prends toujours un certain plaisir devant un petit Bad Boys. Et puis la bande annonce de son dernier film rappelait parfois l’ambiance cool et décontract d’un Bad Boys 2.
D’entrée de jeu, 6 Underground essaie de nous en mettre plein la vue et nous balance une masta grosse course poursuite en Italie entre nos héros, dans une Alfa Romero bien voyante, et tout un tas de sbires aussi crétins que poétiques. Et d’entrée de jeu, ça cloche. Le film va tenter d’impressionner, et comme Bay sait si bien le faire, y’a plein de tôle froissée, de véhicules qui explosent, de balles qui fusent dans tous les sens, avec en fond une musique bien outrancière. Bay se la joue méchant, voire trash, écrasant des passants sans aucune raison, virant dans le gore qui tâche avec ralentis sur des gerbes de sang, le tout pendant quasiment 30 minutes top chrono. Sauf que c’est visuellement infâme, avec un monteur qui semble avoir bossé après avoir ingurgité une sacrée dose de cocaïne et de cachets d’extasy. Le montage est saccadé plus que de raison, calamiteux même parfois, avec des cuts sauvages et une quantité impressionnante de faux raccords. On se croirait dans un mauvais clip, avec des placements de produit en mode industriel au point que Netflix s’est même senti obligé de mettre un message d’avertissement à ce sujet en début de film. Certes, certains diront que osef la crédibilité, on veut du bourrinage et du fun ! Sauf qu’au final, ce n’est pas bourrin mais putassier, et ce n’est pas fun mais plat…
Deux autres grosses scènes d’action du même acabit, avec explosions et effets en tous genres, viennent compléter cette première scène, mais si on enlève le trip de l’aimant surpuissant de la dernière scène et une Mélanie Laurent en mode badass, il n’y a rien de mémorable si ce n’est qu’elles en deviennent vite fatigantes. A coté de ça, des scènes plus posées, où on fait connaissance avec les personnages. Bay tente d’en développer certains, mais rien à faire, ils restent désespérément creux, voire complètement inutiles (la toubib sert à quoi sincèrement ?). Ryan Reynolds s’en sort plutôt bien, même s’il a tendance à avoir le même jeu que dans Deadpool, personnage qui semble lui coller à la peau. Le scénario tente d’être développé, avec des thématiques (parfois politiques) qui sont évoquées, mais rien n’est maitrisé et le résultat est très grossier car proche du vide abyssal. On a l’impression que c’est écrit par un gamin de 12 ans, ça part dans tous les sens et ça a du mal à raccrocher les wagons en route. C’est dommage car l’idée des « fantômes » était plutôt sympathique en soi, mais c’est tellement simpliste…
6 Underground est un film à regarder en ayant bien pris soin de déconnecter chacun de nos neurones. Le principe en soi n’a rien de choquant et bon nombre s’y sont essayé avec succès. Mais Bay pousse le bouchon beaucoup trop loin. Il y va à fond dans la crétinerie, dans l’autodérision au point de se parodier lui-même. C’est du tape à l’œil pour du tape à l’œil avec une mise en scène clinquante au point d’en devenir éreintante. On a cette impression de chaos pas maitrisé, complètement anarchique lors des scènes d’action, souvent vide et puéril lors des scènes posées. Les comédiens semblent s’être beaucoup amusés, c’est d’ailleurs confirmé par Mélanie Laurent lors de plusieurs interviews, j’avoue m’être un peu ennuyé malgré quelques moments sympathiques.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Certains personnages ♥ Quelques bonnes idées (l’aimant) |
⊗ Montage affreux ⊗ Personnages vides ⊗ Scénario famélique ⊗ Clinquant jusqu’à l’écœurement |
Sans parler de ratage, 6 Underground est un énième blockbuster sans queue ni tête qui ne doit son salut qu’à quelques bonnes idées ci et là. Prétentieux, bête, méchant, laid, beauf, cet énième trip explosif de Michael Bay tient plus du pétard mouillé que du divertissement bourrin jubilatoire. |
LE SAVIEZ VOUS ?
• C’est la 4ème fois que Ryan Reynolds travaille avec les scénaristes Paul Wernick et Rhett Reese : Deadpool, Deadpool 2, Life : Origine Inconnue et donc 6 Underground.
• Avec son budget de 150M$USS, c’est le deuxième film le plus cher produit par Netflix, le premier étant The Irishman de Martin Scorsese qui a coûté 175M$US.
• Un an avant la sortie du film, Ryan Reynolds a posté une vidéo sur la toile où il parle du fait que les films de Michael Bay sont très calmes alors qu’on voit en arrière-plan une voiture exploser. La scène de la voiture qui explose est bien dans le film et on peut apercevoir en petit tout à fond Ryan Reynolds en train d’enregistrer la vidéo qu’il avait donc posté un an avant.
• Lorsque le personnage de « 3 » dit « La prochaine fois, on ne peut pas simplement braquer un casino ? », c’est un clin d’œil à la saga Ocean’s Eleven.
Titre : 6 Underground
Année : 2019
Durée : 2h08
Origine : U.S.A
Genre : Over the Top
Réalisateur : Michael Bay
Scénario : Paul Wernick, Rhett Reese
Acteurs : Ryan Reynolds, Melanie Laurent, Manuel Garcia-Rulfo, Ben Hardy, Adria Arjona, Dave Franco, Corey Hawkins, Lior Raz, Payman Maadi, Yuri Kolokolnikov