Neuf ans se sont écoulés depuis l’incident du vaisseau Discovery, toujours en orbite autour de Jupiter. Il est temps d’éclaircir ce mystère.
Avis de Rick :
Que l’on aime ou pas le cinéma de Stanley Kubrick, il faut reconnaître qu’il a révolutionné les effets spéciaux avec 2001 L’Odyssée de l’Espace. Un film culte, intouchable. Et pourtant oui, j’ai beaucoup de mal avec ce film. Je reconnais toutes ces qualités, mais j’ai souvent du mal à rentrer dedans, notamment dans la première partie (avec les singes, la seconde me botte beaucoup plus). Du coup oui, il ne figure pas parmi mes films de science fiction favoris (qui n’est de toute façon pas l’un de mes genres préférés), ni parmi mes Kubrick préférés, je lui préfère largement Orange Mécanique ou The Shining. Ainsi la vision de la suite de 2001, 2010, ne m’attirait pas particulièrement, même si dés le départ, il faut bien avouer que Peter Hyams, le réalisateur, habitué à la science fiction d’ailleurs (il avait signé Outland en 1981 et Capricorn One en 1977), a eu bien du courage. En effet, oser se lancer dans une suite à 2001, un des films les plus aimé du genre, ce n’est pas une mince affaire. Et c’était bien rare à l’époque. Moins aujourd’hui, avec par exemple Denis Villeneuve et Blade Runner 2049. Mais bref, 2010 donc. Je me suis finalement lancé, bien curieux du résultat, en le prenant non pas pour une suite du film de Kubrick (ce qu’il est de toute façon), mais comme une adaptation du roman de Arthur C. Clarke faisant lui-même suite au premier roman. Dés le départ, Peter Hyams et les producteurs font le choix risqué de rapprocher le film de l’opus de Kubrick. Oui, utiliser pour le générique la même musique, c’est risqué, peu subtil, et surtout, ça invite à la comparaison. Heureusement passé cette ouverture, le film s’éloigne de 2001, à presque tous les niveaux. Peter Hyams, réalisateur donc mais également scénariste et directeur de la photo du film, n’a pas le style de Kubrick, et cela s’en ressent. La mise en scène est plus classique, le film bien plus dialogué, et malgré les liens évidents avec le premier film (oui, c’est une suite), 2010 parvient à faire quelque chose de grand.
Oui, 2010 est un bon film, même un très bon film de science fiction. Il ne sert à rien de la comparer à 2001, les deux films ne jouent pas dans la même catégorie, et n’ont d’ailleurs pas le même but. L’histoire débute donc neuf ans après les événements de 2001, après la perte de contact de Discovery. Une équipe, mi Américaine mi Russe, est envoyée sur Jupiter pour retrouver Discovery, et rebrancher HAL, l’ordinateur de bord, afin de comprendre ce qui a bien pu se passer, ce qui a causé la mort de l’équipage, et la disparition de David Bowman. Et également aussi pour retrouver le fameux monolithe, identique à celui trouvé sur la lune. Alors oui, bien entendu, datant de 1984, cette suite paraît un brin vieillotte par certains aspects. Non pas par ces effets spéciaux, la plupart tenant toujours bien la route, mais par le contexte même de son histoire. Le contexte ? Oui, la guerre froide qui n’est pas terminée, les tensions entre Américains et Russes. De très bonnes idées en soit, qui donnent de la profondeur au récit, surtout que la guerre froide n’était pas terminée lors de la sortie du film en 1984, et encore moins lors de l’écriture du roman 2010 : Odyssée 2… mais on le sait à présent, en 2010, tout ça, ça n’existait plus. C’est bel et bien dans son contexte que 2010 a vieillit ! Au-delà de ça par contre, 2010 se fait un récit plutôt intéressant, et surtout un bien bon film de science fiction, très différent de l’original certes, mais qui n’a pas à rougir, loin de là ! Si son histoire n’est pas toujours parfaite et que certains moments, notamment vers la fin, semblent un peu too much, l’ensemble tient bien la route, et est aidé par plusieurs éléments.
Si la mise en scène de Peter Hyams est plus classique que celle de Kubrick, tout comme sa narration, elle se fait efficace et très propre, bon point pour le film donc. Ensuite, le casting. Voilà bien là un des points forts du métrage, qui bénéficie d’un excellent casting, avec Roy Scheider (Les Dents de la Mer) en tête, crédible et intéressant, mais également John Lithgow (pas mal de De Palma, la saison 4 de Dexter) ou Helen Mirren (Hitchcock, The Queen, Excalibur). Suite de 2001, 2010 inclut forcément quelques personnages et donc acteurs du premier film. Keir Dullea reprend le rôle de Dave Bowman pour de courts instants, tandis que Douglas Rain prête de nouveau sa voix à HAL 9000, l’ordinateur de bord du Discovery. Autre point positif, 2010 contient quelques scènes à l’ambiance tendue, comme la première virée dans l’espace de John Lithgow et Elya Baskin, ou tout simplement son final. Par contre, ceux qui attendent des réponses claires et nettes concernant les événements du film et du coup, de 2001 risquent d’être déçus. Mais c’est aussi ce qui fait la force du métrage, et ce qui en fait un film de science fiction bien plus intéressant que de nombreux autres métrages du genre. Certains moments font clairement rêver ! Alors oui, je défends et défendrais toujours ce 2010, une suite souvent oubliée et surtout souvent boudée, voir une suite dont certains ignorent l’existence, et pourtant, une très bonne suite, différente certes, mais très bonne. Imparfaite certes, avec un début sans doute trop long sur Terre, mais rien que ne valent le coup de bouder le film.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Quelques excellentes scènes ♥ Un propos intéressant ♥ Le final ♥ Excellent casting |
⊗ Le contexte de l’intrigue a vieillit ⊗ Pour les fans de 2001, plus classique |
Forcément différent de l’original, 2010 s’avère être un très bon film de science fiction, intéressant et avec quelques scènes pleines de tension. |
Titre : 2010: L’année du Premier Contact – 2010: The Year We Make Contact
Année : 1984
Durée : 1h56
Origine : U.S.A.
Genre : Science Fiction
Réalisation : Peter Hyams
Scénario : Peter Hyams d’après Arthur C. Clarke
Avec : Roy Scheider, John Lithgow, Helen Mirren, Bob Balaban, Keir Dullea, Douglas Rain, Madolyn Smith et Dana Elcar
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