Les deux frères Morgan tentent de gagner de l’argent en proposant un engrais bio capable de transformer la production agricole des exploitants du coin en multinationales de légumineuses. Le secret des as de la fertilisation ? Un compost-maison à haute teneur en potassium confectionné avec les restes des accidentés de la route. Et les trois zigotos partis pour s’éclater à un festival de musique dont la voiture vient de tomber en rade tombent à pic pour alimenter les caissons à purin…
Avis de Cherycok :
Le très très fun Tucker and Dale vs Evil (2010) semble avoir fait des émules à l’autre bout du monde. Qu’est-ce que cette comédie horrifique avait de particulier ? Et bien les méchants n’étaient pas réellement des méchants, l’histoire était principalement racontée depuis leur point de vue à eux, personne ne voulait tuer personne et tout le carnage du film reposait sur des quiproquos. Deux ans plus tard, voilà que déboule en Australie 100 Bloody Acres, petite production au budget maigrelet qui reprend à peu près la même recette, tout en essayant de se démarquer suffisamment pour être considéré en tant que tel. En résulte une comédie noire des plus sympathiques, où des jeunes idiots sont confrontés à des cul-terreux qui n’ont pas la lumière dans toutes les cases, avec pour point de départ un engrais naturel qui, enrichi de potassium et de calcium, favoriserait une pousse extrême des légumes. Et qu’est-ce qui contient beaucoup de calcium et de potassium ? Le sang humain bien entendu !.
Le film va nous conter l’histoire de Reg Morgan, un agriculteur un peu mou du cerveau, qui par le plus grand des hasards va tomber sur un camion accidenté sur le bord de la route. Ni une ni deux, le voilà qu’il embarque le corps dans son camion frigorifique décoré aux couleurs de la petite entreprise qu’il tient avec son frère Lindsay. Sur le chemin du retour, il tombe sur trois jeunes en panne de voiture sur le bord de la route alors qu’ils se dirigeaient vers un festival de musique non loin de là. Sophie, la jolie rousse qui ne semble pas connaitre le terme de « monogamie », James, son chéri officiel qui s’apprête à la demander en mariage, et Wes, le bogoss décérébré adepte de fumette magique et autres substances qui font rire, accessoirement l’amant de Sophie. Après avoir hésité, et surtout après avoir vu la plastique avantageuse de Sophie, Reg Morgan s’arrête finalement et décide de les amener là où ils étaient censés se rendre. Sauf que voilà, par mégarde, nos deux playboys des bacs à sable, voyageant à l’arrière du camion, découvrent le macchabée et se mettent en tête que leur sauveur va rapidement devenir leur bourreau. Un quiproquo en amenant un autre, les voilà ligotés dans le hangar de l’entreprise familiale, avec un Reg Morgan malencontreusement tombé amoureux de la jeune et pulpeuse Sophie, le frérot Wes lui aussi pas très connecté du ciboulot et qui se dit qu’en plus de faire disparaitre les témoins, ça pourra toujours apporter un peu de potassium à ses cultures, une dispute conjugale un peu particulière, un policier qui va y laisser des plumes, ou encore une tatie qui cache bien son jeu.
Il est vrai que le scénario a un côté très poussif. Le coup d’enrichir la terre des cultures avec du sang parce que c’est blindé de potassium et de calcium est plutôt fun en soi, mais dans l’absolu, ces deux éléments chimiques sont présents dans bien d’autres substances, parfois en bien plus grande quantité et surtout sans avoir besoin de réduire des corps humain d’un état solide à un état liquide avec un grand broyeur. Mais soit, dès les premières images, 100 Bloody Acres se revendique comme une comédie horrifique donc on ne va pas commencer à chipoter et plutôt y voir l’aspect délirant de la chose. On ne rit jamais aux éclats, mais l’humour, souvent noir, parfois insolent et acide, marche plutôt bien et le film arrive à nous surprendre avec des gags très bien amenés, et ce jusque dans la toute dernière scène du générique de fin.
Grâce à sa courte durée (1h30), le rythme ne faiblit jamais, avec l’arrivée de personnages en cours de route (le policier, la tatie, le petit chien) et le film monte crescendo dans les scènes barrées comme ce moment improbable du cunnilingus sorti de nulle part ou cette course poursuite entre un de nos jeunes abrutis sous acide et un petit chien lui ayant volé sa main fraichement coupée. Les frères Cairnes n’oublient pas de ponctuer leur film de quelques effets gores des plus sympathiques, la plupart du temps à l’artisanale -et tant mieux car le rendu à l’écran est bien plus efficace, vive le latex- même s’ils succombent lors du final à du CGI qui, lorsqu’on a peu de budget, rend moyennement bien à l’écran. Mais qu’importe, la mise en scène des frangins tient la route malgré le faible budget, la bande son façon country texane y apportant en plus une petite touche exotique des plus agréables.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Le côté barré de certaines scènes ♥ Les quelques effets gores ♥ Les dialogues |
⊗ Un peu prévisible ⊗ Des personnages clichés |
100 Bloody Acres est un cocktail de comédie et d’horreur bien sympathique, où l’accent est mis sur le fun grâce à des personnages pittoresques et des dialogues très amusants. Un petit film d’ozploitation sans prétention mais qui fait passer un bon moment. |
Titre : 100 Bloody Acres
Année : 2012
Durée : 1h30
Origine : Australie
Genre : Comédie noire
Réalisateur : Cameron Cairnes, Colin Cairnes
Scénario : Cameron Cairnes, Colin Cairnes
Acteurs : Damon Herriman, Angus Sampson, Anna McGahan, Oliver Ackland, Jamie Kristian, John Jarratt, Chrissie Page, Paul Blackwell, Ward Everaardt