[Festival] Retour Sur Le Festival Européen du Film Fantastique de Strasbourg 2024

Toute bonne chose a une fin, le dernier clap a eu lieu ce 29 Septembre 2024 pour la dix-septième édition du FEFFS. Une édition 2024 une nouvelle fois d’une richesse incroyable : 123 films au total, 70 longs-métrages et 41 courts. Bien que comme tous les ans, il y a un inévitable sentiment de frustration de ne pas avoir vu certains films (mais c’est le jeu, on ne peut pas tout voir), le bilan est plus que positif pour la dix-septième année d’un festival qui ne cesse de prendre de plus en plus d’ampleur et de succès avec une nouvelle année record en terme de fréquentation en attirant 2000 spectateurs de plus que l’année dernière pour un total de 20000 entrées et autant  de paquets de Bretzels dévorés pendant les séances parce qu’ en plus de nous nourrir en films, le FEFFS nous a nourri tout court cette année. Manquerai plus qu’ils nous propose la cannette qui va bien avec histoire de définitivement se sentir comme à la maison et parce que les bretzels, ça donne soif. Mais trêve de digression, place au palmarès, place aux films et à l’année prochaine pour une dix-huitième édition qui comme tout les ans depuis 2008 surpassera la précédente.

 

Le palmarès de cette dix-septième édition:

 

Compétition des Longs Métrages:

Octopus d’or : U Are the Universe de Pavlo Ostrikov

Mention spéciale du juryShe Loved Blossoms More de Yannis Veslemes

Prix du public : Dead Talents Society de John Hsu

Méliès d’argent : U Are the Universe de Pavlo Ostrikov

Grand prix Crossovers : Maldoror de Fabrice du Welz

Mention spéciale du jury CrossoverSteppenwolf de Adilkhan Yerzhanov

Cigogne d’or du meilleur long-métrage animé : Mémoires d’un escargot de Adam Elliot

Prix John Roch Approuved: Escape From the 21st Century de Yang Li

Mention spéciale John Roch Approuved: Kidnapping Inc de Bruno Mourral

 

Compétition des Courts Métrages:

Octopus d’or : Fragments of Us de Ido Gotlib

Prix du public : A Fermenting Woman de Priscilla Galvez

Prix made in France : Au Prix de la chair de Tomas Palombi

Méliès d’argent : Impossible Maladies de Alice et Stefano Tambellini

Prix d’animation : Stabat Mater de de Hadrien Maton, Quentin Wittevrongel, Arnaud Mege

Prix du Jury Jeune : Au Prix de la chair de Tomas Palombi

 


The Surfer, de Lorcan Finnegan – Australie, USA

Si le point de départ annonce un métrage dans lequel un homme sous pression cède à la violence en libérant ses pulsions dans le style de ce qui se faisait dans les 70’s, période à laquelle le film rend hommage, The Surfer prend une tournure inattendue en illustrant la déchéance mentale et sociale d’un homme qui perd tour à tour tout biens, matériels comme humains. Si l’intrigue est en partie prévisible à cause de l’utilisation de flashforwards qui mettent le spectateur sur la voie et un petit essoufflement sur la longueur, The Surfer marie drame social et huit clos à ciel ouvert qui tend vers le fantastique pour donner vie à cette descente aux enfers d’un Nic Cage comme toujours possédé par son rôle face à un Julian McMahon, inoubliable Christian Troy de la série Nip/Tuck, dans un rôle qui lui va comme un gant.


Flow, Le Chat Qui N’Avait Plus Peur De L’ Eau, De Gintz Zilbalodis – Lettonie, France, Belgique

Un bijou. Film d’animation sans dialogue mettant en scène des animaux dans un monde tout à coup submergé par les eaux, Flow est autant un film d’aventure au souffle épique qu’un parcours initiatique, doublé d’une belle réflexion sur la fraternité et l‘entraide entre des êtres que tout oppose. Le récit est dynamique, jamais ennuyeux et bourré d’humour, Flow est aussi une merveille technique. Le film est d’une beauté à couper le souffle et la mise en scène est aussi époustouflante que tourbillonnante, enchaînant plans séquences et mouvements perpétuelles fluides et rapides mais toujours lisibles.


Mémoires D’ Un Escargot, de Adam Elliot – Australie

Un bijou, encore. Après Mary et Max, Adam Elliot revient avec un Mémoires d’un Escargot aussi drôle qu’émouvant. La séparation, le deuil, la solitude, en fait tout ce qui peut arriver de pire psychologiquement parlant à un être humain, sont abordés dans ce métrage en stop motion incroyablement humain et touchant. Visuellement superbe, Mémoire d’un escargot est un film dépressif mais pas dénué d’un humour mi-noir mi-léger. Mais là où le film surprend, c’est dans la capacité de Adam Elliot à manipuler les émotions. C’est en effet un film rare, qui par la multitude de thèmes qu’il aborde fera s’attacher aux spectateurs qui se reconnaîtront peut être dans les personnages, les autres quand à eux montreront de l’empathie face à leurs destins qui ne laisse pas de marbre car si humains. Pur bombe à retardement émotionnelle, Mémoires d’un Escargot est un film qui sait prendre aux tripes et qui sans peine aucune fait monter les larmes dans les moments de peines pour les faire tomber dans ceux de joie. Un bijou !


Kidnapping Inc., de Bruno Mourral – Haïti, France, Canada

Entre Pulp Fiction et La Cité de Dieu, tel est défini le Haïtien Kidnapping Inc et c’est exactement ça. Cette histoire de kidnapping qui tourne mal impliquant aussi bien deux gangsters bras cassés que des membres du gouvernement menée tambour battant pendant 1h47 est aussi plaisante que loufoque et parfois à mourir de rire. Mais plus la conclusion se profile, plus Kidnapping Inc. délaisse la comédie pour devenir un film social qui n’a pas peur de critiquer son gouvernement. Le métrage réussit même à carrément devenir terrifiant dès que le générique de fin se pointe, la réalité trouvant un écho dans une fiction qui, comique mis à part, est avant tout un drame social sur la violence et la criminalité qui règnent à Haïti.


Strange Harvest, de Stuart Ortiz – USA

Réalisateur connu pour le found footage Grave Encounter, Stuart Ortiz tente ici le pari du film concept qui s’inspire des true crimes, ces documentaires sur des faits divers comme par exemple en France les enquêtes impossibles de Pierre Bellemare. Le résultat est en demie teinte. D’un coté, il faut reconnaître que dans la forme le film est bien fichu et sait être captivant en retraçant le parcours d’un serial killer sur une période de 15 ans. De l’autre, on pourra s’interroger sur la pertinence du film, qui ne se diffère des émissions télé dans des images plus graphiques et un soupçon de fantastique. Le concept est là et fonctionne, le pari est tenu, reste à savoir si c’est le type de film qu’on a envie de voir au cinéma…


Handsome Guys, de Nam Dong-hyeop – Corée du Sud

Derrière la première comédie gore de l’histoire du cinéma Coréen se cache un remake de Tucker And Dale Fightent le Mal. Le concept est le même et joue sur les apparences extérieures et enchaîne les quiproquos dans un déluge de comédie mais possède le même défaut que l’original, à savoir un concept qui ne tient pas sur la longueur. Mais là où le film de Eli Craig se transformait dans sa dernière partie en banal slasher, celui de Nam Dong-Hyub est plus surprenant en intégrant le concept des morts accidentelles dans un délire satanique qui lorgne du coté d’Evil Dead. Aussi sympathique que son modèle, Handsome Guys ne manque pas d’humour, en revanche pour le gore, si il n’est pas complètement absent, le métrage est assez gentillet en la matière.


Mr. Crocket, de Brandon Espy – USA

En voila un sympathique film d’horreur comme il en faudrait plus. Non pas que Mr. Crocket révolutionne ou apporte quoi que ce soit au genre, mais ce qu’il fait il le fait bien. Le script est simple mais va à l’essentiel et amène un petit fond en parlant de Monoparentalité, le rythme est bien géré et ne laisse que très peu de place aux baisses de rythme, les morts sont sympas et gores et le boogeyman, une sorte de croisement entre Ça et Dorothée, est plutôt bien exploité. Il ne faut pas en attendre plus de ce petit film d’horreur sans aucune prétention qui renvoi à l’époque des vidéos clubs, mais qui s’avère être plus fréquentable que les Blumhouseries qui sortent sur les écrans.


The Last Stop In Yuma County, de Francis Galluppi – USA

Un film agréable, rien de fou ni de marquant mais sympa. Je n’en dirai pas plus, non pas que la flemme me gagne, mais Cherycok en parle si bien ici que je passe le relai.


 Escape From the 21st Century, de Yang Li – Chine

La pop culture, la comédie, le film d’action, de baston et de SF s’entrechoquent dans cette histoire d’amitiés, de rivalités, de voyage dans le temps, du futur à sauver tout en préservant le passé. C’est tout ça à la fois Escape From The 21st Century et même bien plus. Un hallucinant bordel complètement jouissif blindé d’idées visuelles, de mise en scène et de montage frénétiques mais maîtrisés au rythme qui ne se calme que lorsque le générique de fin se termine. Fatigant pour certains, personnellement avec ce genre de délire qui explose le cerveau, j’ai tendance à en vouloir encore et toujours plus.


Handling the Undead, de Thea Hvistendahl – Norvège

En voila un que j’aurai vraiment voulu aimer, du moins bien plus que je ne l’ai apprécié. Non pas que cette adaptation du roman de John Ajvide Lindqvist (Morse) soit un mauvais film, loin de là. Handling The Undead sort du schéma classique du film de zombie pour parler de deuil en confrontant trois familles qui voient leurs proches décédés revenir à la vie. En surface, Handling The Undead est une réussite rigoureuse, de l’ambiance froide sans un pet de travers à la mise en scène superbe en passant par l’interprétation et un scénario épuré mais intelligent et jamais chiant (le film est lent, pas long). Le métrage loupe cependant le coche sur l’essentiel: l’émotion. Question de ressenti sûrement, bien que je me transforme facilement en madeleine avec ce genre de film, mais si la thématique est là et très bien exploitée dans des moments d’intimité où les personnages revivent leurs derniers instants avec leurs êtres chers, le métrage ne décolle jamais vraiment et si il est appréciable que le métrage de Thea Hvistendahl ne fasse pas dans le lacrymal, il ne parvient pas à réellement toucher non plus.


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Auteur : John Roch

Amateur de cinéma de tous les horizons, de l'Asie aux États-Unis, du plus bourrin au plus intimiste. N'ayant appris de l'alphabet que les lettres B et Z, il a une nette préférence pour l'horreur, le trash et le gore, mais également la baston, les explosions, les monstres géants et les action heroes.
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