De retour, après une petite absence due à l’absence de films asiatique, pour ce 7e jour de l’Etrange Festival cuvée 2011.
On commence par Piscine sans eau de Wakamatsu, le maître du Pinku eiga. Une variation des Belles endormies de Yasunari Kawabata avec les thèmes habituels cher au réalisateur (perversion, claustrophobie …).
Et on enchaine avec Revenge : A love story de Wong Ching Po avec l’ancienne star de l’AV Aoi Sora. Il s’agit du second film Catégorie III pour la société de production de Josie Ho et Conroy Chan après Dream Home et le film a déjà reçu le prix de la meilleure réalisation au 33e Festival du film de Moscou.
L’histoire : Un soir, un poinçonneur effacé intervient pour empêcher un viol. Se liant à la victime, il commence à nourrir des fantasmes en s’introduisant dans des appartements de femmes célibataires avec du chloroforme pour leur faire l’amour, les prendre en photo et devenir leur prince charmant.
Mon Avis : Wakamatsu Koji est considéré comme un maître du Pinku eiga mais au début des années 80 alors que le genre commence à trouver une certaine reconnaissance, le réalisateur anarchiste décide de s’orienter petit à petit vers un cinéma plus « classique ». Piscine sans eau est né de la collaboration entre Wakamatsu et le rocker / acteur Japonais Uchida Yuya qu’on a pu apercevoir par la suite chez Oshima Nagisa (Merry Christmas, Mr. Lawrence) ou encore dans Black Rain. Le film raconte l’histoire d’un poinçonneur vivant à Osaka et qui après avoir sauver une jeune fille de 2 violeurs commence à avoir lui même des fantasmes. Il achète alors du chloroforme dans sa forme la plus pur pour endormir et violer ses victimes sans qu’elles ne s’aperçoivent de rien.
Wakamatsu prend son temps et nous montre petit à petit cet homme banal et sans histoire, à la vie bien formater, se transformer et se révolter. Il y a 2 éléments déclencheurs, le premier est le sauvetage de la jeune fille au début du film qui va amener à casser son train train quotidien. Se sentant pousser des ailes, il va alors ensuite essayer de s’interposer de la même manière entre un pilier de comptoir ivre et des yakuza mais va récolter une blessure à la main qui va influer sur son travail puisqu’il ne peux désormais plus poinçonner les tickets de métro. C’est ainsi que de fils en aiguilles, il va se remettre en question et va arriver le 2e élément déclencheur qui est la vision de son fils jouant avec sa collection d’insectes. Jaloux de la manière dont son enfant s’amuse et de sa « liberté », voir de ses enfants d’ailleurs puisqu’il y a un plan assez osé où il jette un regard suspect sur sa petite fille qui est toute nue; il va lui aussi faire la même chose en s’adonnant au viol de femmes inconscientes.
Le traitement du film est très froid et le rythme est lent, la première scène de viol notamment en huit-clos dans un silence absolu est filmé en quasi temps réel, ce qui la rend pesante. Heureusement au fur et à mesure, le rythme s’accélère à l’image de son personnage qui en veux toujours plus, prenant sans cesse plus de risques jusqu’à perdre totalement contrôle. Petit bémol sur le score que j’ai trouvé particulièrement affreux avec son synthé absolument horrible. Piscine sans eau est à mis chemin entre le thriller et le Pinku, encore faut-il aimé et être habitué au genre pour bien apprécier le travail de Wakamatsu.
Le Trailer :
L’histoire : Un tueur s’attaque aux femmes enceintes en les éventrant pour faire disparaitre le foetus. Les enquêteurs découvrent avec horreur que ces femmes étaient en fait les épouses de deux collègues. Les inspecteurs arrêtent un jeune homme de 23 ans et réalisent qu’il se venge pour une affaire ayant eu lieu six mois auparavant…
Mon Avis : Revenge : a love story est le 2e film à être produit par la société de production 852 Films Ltd dirigée par Josie Ho (Purple Storm, Dream Home) et son mari Conroy Chan. Déjà avec Dream Home on sentait la volonté de la société de production non seulement de remettre au goût du jour et sur le devant de la scène le Cat 3 mais également de l’encrer dans une réalité et un contexte social. Même si le film de Edmond Pang n’est pas une réussite totale, il avait au moins le mérite d’amener quelque chose de frais dans le paysage cinématographique Hong Kong actuel qui se voue de plus en plus à plaire au public mainland plutôt que de contenter son public. C’est donc avec une certaine impatience qu’était attendu Revenge : a love story sans toutefois masquer une inquiétude quant au nom du réalisateur : Wong Ching Po. En effet ceux qui ont eu la malchance de voir Mob Sister savent que malgré un gros casting et des moyens conséquents mis à sa disposition, le film est un gros gâchis et la tendance de son réalisateur à vouloir sans cesse styliser le moindre plan est fatiguante.
Wong Ching Po décide de construire son film sous la forme de chapitres ayant pour trait la religion, ce qui est assez intriguant mais qui trouve néanmoins son explication dans le final. Ce n’est pas pour autant que le métrage est linéaire, le réalisateur utilise les flashbacks assez rapidement pour composer son récit. Au niveau du casting Aoi Sora se débrouille plutôt pas mal, Chin Siu Ho qui est sorti de sa période « cheveux longs DTV » et que l’on commence à revoir sur le devant de la scène (Vampire Warriors, The Lost Bladesman) est également convainquant, Juno Mak livre une bonne prestation « physique » et Anthony Lau que je n’avais pas reconnu du premier coup, acteur présent dans les films de Bruce Lee et de la Shaw notamment, est celui qui tire le mieux son épingle du jeu. Malheureusement le background et les relations entre les personnages sont assez pauvres et peu développées.
Revenge : a love story réussi son pari du Cat 3 réaliste, c’est glauque, les séquences de commissariat possèdent une photo au teint sombre et dégueulasse. Par contre contrairement à Dream Home le film n’est pas véritablement gore, ni extravaguant dans sa violence hormis peut être la mort d’un des personnages à la station service. Il en va de même pour les séquences de viols, on aurait pu croire que la société de production était allé chercher Aoi Sora pour booster les scènes de sexes alors que ça reste vraiment soft au niveau visuel tout du moins puisque l’effet de malaise recherché est lui bien présent. En revanche le final du film est assez catastrophique, hormis l’idée des enfants qui est plutôt sympa, tout le côté biblique est clairement du foutage de gueule.
Au final le film est donc une semi réussite, sur la forme c’est plutôt pas mal et la première partie est très réussie mais les personnages et l’histoire manque de consistance. Si encore le film ne se prenait pas au sérieux ça aurait pu mieux passer mais ce n’est pas le cas. Néanmoins tout n’est pas à jeter et Revenge : a love story reste un film bien glauque jusqu’au boutisme, une sorte de mélange entre Outrage de De Palma et un Dog bite dog en moins frénétique.
Le Trailer :