[Film] Bugs, de Joseph Conti (2003)

Une entomologiste accompagne un commando pour éviter que des insectes préhistoriques s’échappent du métro.


Avis de John Roch :
Dans les années 80, le marché naissant des ordinateurs était divisé en deux principales catégories : IBM, destiné avant tout aux professionnels, et l’arrivée des machines familiales tels que Atari et Commodore. Plus attirantes et moins onéreuses, c’est surtout pour les jeux vidéo que ces machines sont appréciées. Puis vient l’effondrement du marché des consoles en 1983, pile le moment où une startup du nom de Amiga Corporation veut se lancer sur le marché. Ce qui se nomme alors projet Lorraine réussit néanmoins à taper dans l’œil car si ordinateur voulait dire jeux, c’est à partir de là que les gens ont commencé à se rendre compte qu’ils pouvaient faire plus. Bien que marqué du sceau de jouets du fait de sa distribution par Commodore qui a cette étiquette qui lui colle à la peau, l’Amiga est considéré à l’époque comme la « machine pivot qui brisera le fossé qui divise actuellement en deux le marché des micro-ordinateurs » et le « premier vrai ordinateur personnel », mais ironiquement c’est devenu la machine la plus populaire sur la scène démo vidéoludique. Pour briser cette image de console de jeux, Amiga fait alors le pari de faire reconnaître le produit par les professionnels de la vidéo et lance le Video Toaster. Doté à la fois d’une partie hardware et software, le Video Toaster est une bénédiction qui facilite la vie de ses utilisateurs qui trouvent dans cette station de montage un générateur d’effets, un titreur, un logiciel de dessin et surtout un logiciel de 3D et d’effets spéciaux : le LightWave 3D. Si les effets spéciaux digitaux se sont si vite développés dans les années 90, c’est grâce à LightWave 3D qui fait office de révolution et va rapidement être adopté par l’industrie de la télévision et du cinéma. Si il est aujourd’hui quelque peu obsolète depuis un rachat qui ne lui aura pas été bénéfique et un retard sur la concurrence, ce logiciel est resté très réputé et considéré comme indispensable aux yeux de la profession jusqu’au début des années 2010.

Une boite de SFX, Digital Magic, va être créée au départ spécialement pour la série Star Trek: The Next Generation qui avec sa cinquième saison fait un bon en avant en adoptant des effets numériques, dont la première forme de vie anaphasique digitale vue sur un écran. Un effet que l’on doit en partie (l’autre partie est au nom de Tim McHugh) à Joseph Conti, qui bossera par la suite sur des productions télé et ciné qui vont de Sea Quest à Love Lies Bleeding en passant entre autres par Xena la Guerrière, Men In Black et La Chute Du Faucon Noir. Comme beaucoup d’artisans d’effets spéciaux, Joseph Conti a sauté le pas de la réalisation avec Bugs, son premier (et avant dernier) film destiné à Sci Fi Channel aux States et en DVD star des bacs à soldes en France. Écrit par Patrick J. Doody et Chris Valenziano, plus tard responsables du scénario du jeu Silent Hill: Homecoming, le script de Bugs ne transpire pas l’originalité puisqu’il est question d’insectes qui s’adaptent pour chasser dans le métro. Mimic n’est pas loin, mais Bugs n’a finalement rien à voir passée une idée similaire. Ce qui prime dans Bugs, c’est le rythme qui ne faiblit jamais, le film se trouvant être surprenant de dynamisme. Il y a peu de place pour les scènes d’exposition, le métrage est dégraissé de tout élément superflu et envoit en moins de 20 minutes un agent du FBI, une entomologiste et une équipe du SWAT armée jusqu’aux dents (ils ramènent même une mitrailleuse lourde) traquer des bébêtes dans une voie de métro en fin de construction. On est dans un film d’attaque animale, il y a quelques clichés tel que le méchant promoteur qui pense uniquement pognon ou la vision à la première personne à coup de filtres des bestioles, et d’autres d’ordre plus général comme l’inévitable tension qui s’installe au sein du groupe ou le sacrifice final héroïque, mais tout cela est dilué dans 1h22 qui laisse bien plus de place à l’action qu’au blabla.

Bugs fait dans le bourrin, les attaques des insectes géants sont gentiment sanglantes, eux se font exploser dans des gerbes de sang jaune, le montage est aussi dynamique que le scénario qui va sans cesse de l’avant… en surface le film a tout du sympathique divertissement qui fait son job, mais c’est tout de même bien trop bancal pour convaincre totalement. Téléfilm oblige, il ne faut pas s’attendre à une quelconque imagination dans une mise en scène brouillonne par moments et qui n’arrive jamais vraiment à dévoiler les insectes dans toute leur splendeur. Les bestioles ont d’ailleurs un design jamais très clair, quelque part entre le scorpion, le scarabée et la guêpe. Les acteurs font également défaut. Certains sont dans le sur-jeu, d’autres dans le sous-jeu, on est même à la limite du miscast en la personne de Antonio Sabato Jr. qui avec sa gueule de beau gosse ténébreux issu d’un soap n’est pas crédible dans son rôle d’agent du FBI. On sauvera tout de même la mimi Angie Everhart qui fait plus d’effort que les autres. D’effort, il en est fait du coté des effets spéciaux. Ça démarre mal pourtant avec pour premier effet une tranche de pain de mie en CGI pas très heureux, mais pour un téléfilm de 2003, le mélange d’effets numériques et d’animatroniques n’est pas aussi dégueulasse qu’escompté. Alors certes, les créatures manquent de textures et l‘animation manque parfois de naturel mais elles se trouvent être très bien incrustées, globalement le résultat ne fait jamais gênant et de toute façon, et ça malgré la générosité du métrage, la mise en scène bancale et le dynamisme du montage permet de ne pas nécessairement s’attarder sur ce point et de faire passer la pilule. Dans le fond, Bugs est bien trop bancal pour convaincre totalement. Mais dans la forme, le film a tout du sympathique divertissement qui fait son job grâce à sa générosité et son rythme qui ne laisse pas de place à l‘ennui.

LES PLUS LES MOINS
♥ Le rythme
♥ Un scénario dynamique et jamais ennuyeux
♥ C’est généreux
♥ Des effets spéciaux plutôt corrects pour une production du genre…
⊗ La mise en scène bancale
⊗ Ça ne joue pas super bien
⊗ Les clichés
⊗ …mais bon, c’est un peu laid quand même
⊗ Le pain de mie en CGI

Dans le fond, Bugs est bien trop bancal pour convaincre totalement. Mais dans la forme, le film a tout du sympathique divertissement qui fait son job grâce à sa générosité et son rythme qui ne laisse pas de place à l’ennui.



Titre : Bugs
Année : 2003
Durée : 1h22
Origine : USA
Genre : Mimic
Réalisateur : Joseph Conti
Scénario : Patrick J. Doody et Chris Valenziano
Acteurs : Antonio Sabato Jr., Angie Everhart, R.H. Thomson, Karl Pruner, Duane Murray, Romano Orzari, Stephanie Moore, Wes Williams
Bugs (2003) on IMDb


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Auteur : John Roch

Amateur de cinéma de tous les horizons, de l'Asie aux États-Unis, du plus bourrin au plus intimiste. N'ayant appris de l'alphabet que les lettres B et Z, il a une nette préférence pour l'horreur, le trash et le gore, mais également la baston, les explosions, les monstres géants et les action heroes.
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