Depuis plus de 10 ans, Muto et Ikegami sont deux Yakuza qui se font la guerre. Alors qu’il n’est pas chez lui, Ikegami débarque avec ses hommes, et Shizue, la femme de Muto, tue les hommes de main au couteau. Tout ceci va compromette l’avenir de leur fille, Mitsuko, qui veut devenir actrice. À cette époque là, Kôji, un apprenti réalisateur, fait la rencontre d’un petit voyou, qu’il va emmener sur ses tournages pour le faire devenir son Bruce Lee. Dix ans plus tard, alors que Shizue va sortir de prison, Muto se met en tête de faire un film avec sa fille dans le rôle principal pour faire plaisir à sa femme. Tout se complique lorsque sa fille s’enfuit, et qu’elle va tomber sur Kôji et son équipe. L’association entre apprentis cinéastes et Yakuzas va-t-elle donner un chef d’œuvre du septième art ?
Avis de Rick :
Sono Sion aurait eu l’idée de ce film il y a plus de 15 ans. Et en voyant les thèmes du film, on a bien envie de le croire. Mettant en scène un apprenti cinéaste passionné qui rêve de faire un film, et ayant pour thème, outre l’amour du cinéma, l’amour du 35mm, le film nous ramène à une époque où le numérique n’était pas encore à la mode. Sono Sion découpe d’ailleurs son métrage en deux parties. La première, plaçant tous les personnages, se déroule un peu plus de 10 ans en arrière. Occasion de mettre en image deux univers distincts, mais tous les deux aussi fous l’un que l’autre. Se voulant bien plus divertissant et dans le fond, commercial que ses films précédents, Sono Sion s’amuse donc ici, sans pour autant retirer tout ce qui fait son cinéma. Il suffit pour cela de regarder les premières minutes pour s’en rendre compte. S’ouvrant sur une fausse pub ramenant aux enfants qui chantent de Suicide Club avant de nous présenter une impressionnante galerie de personnages en passant avec son talent habituel de l’un à l’autre et en passant d’un style et d’un genre à l’autre, Sono Sion brosse son fan dans le sens du poil. Car finalement, dans le fond comme dans la forme, Why Don’t You Play in Hell ? est un film hystérique, varié, partant dans tous les sens et n’ayant peur de rien. La galerie de personnages le prouve bien.
Entre une équipe de tournage prête à tout pour faire le film ultime, le petit voyou qui va devenir le Bruce Lee Japonais (joué par Sakaguchi Tak), deux Yakuza aussi fou l’un que l’autre, une fille folle qui n’en fait qu’à sa tête, on a de quoi faire. Et si Sono Sion réutilise des tics, sons, musiques et des images qui rappellent clairement tous ses anciens films (outre la fausse pub rappelant Suicide Club, voir une enfant rentrer dans une pièce rouge car baignant dans le sang ramène à Strange Circus, l’auteur réutilise également des musiques provenant de Love Exposure et Cold Fish), il le fait avec sa maîtrise habituelle, faisant passer le tout comme une lettre à la poste. Une énergie totalement folle se dégage de son métrage. On passe d’un personnage à l’autre, d’un cri à un autre, entre meurtre violent au couteau, fusillades et autres moments surréalistes. Son métrage devient aisément son plus hystérique, à défaut d’être son plus passionnant. Car s’il se veut plus divertissant qu’autrefois, le fond de l’histoire se fait donc moins travaillé, et le métrage ne plaira pas à tout le monde. Mais le fan (ce que je suis) ou l’amateur de cinéma décalé (ce que je suis également) prendra lui un plaisir immense devant le film. Comme les acteurs qui ont du se faire bien plaisir sur le tournage, notamment Kunimura Jun en roue libre.
Car s’il y a bien une chose que l’on ne peut pas reprocher au métrage, c’est sa générosité. Partant dans tous les sens, le film surprend, fait rire de par ses situations et ses personnages qui semblent totalement venir d’une autre planète. Et quand on croit que le film ne pourra pas aller plus loin, il le fera, en témoigne son énorme scène finale, qui ne reculera devant aucun délire (à l’image de ce pauvre personnage shooté à la cocaïne), où tout le monde se fou sur la gueule dans un joyeux délire gore, aux giclées de sang parfois numériques mais que le spectateur accepte de par le concept même du métrage : celle du tournage d’un film. Si on aurait pu attendre tellement plus d’un auteur comme Sono Sion, il faut bien avouer qu’il s’est fait plaisir avant tout, et retourne à la source de son cinéma, en le boostant aux acides, alors que son précédent métrage, Land of Hope, se voulait plus classique, dans le fond comme dans la forme. Métrage imprévisible, mais également épuisant et savoureux, probablement avant tout réservé au fan, Why Don’t You Play in Hell ?, ou tout simplement Jigoku De Naze Warui ne va pas plaire à tout le monde.
Le dernier Sono Sion se fait plus fou et hystérique que jamais et ne va pas faire l’unanimité, mais reste savoureux et maîtrisé.
Titre : Why Don’t You Play in Hell? – Jigoku De Naze Warui – 地獄でなぜ悪い
Année : 2013
Durée : 2h09
Origine : Japon
Genre : Ça tourne et… ACTION!
Réalisateur : Sono Sion
Acteurs : Kunimura Jun, Nikaido Fumi, Tomohika, Hasegawa Hiroki, Hoshino Gen, Tsutsumi Shinichi et Sakaguchi Tak
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