[Avis] Water Wars, de Cirio H. Santiago (2011)

Alors que la Terre n’est plus que l’ombre d’elle-même, une tribu d’amazones dirigée par trois sœurs protège une oasis dans laquelle se trouverait une source intarissable et qui est la convoitise de bien des mercenaires tant l’eau est devenue une denrée rare sur la planète…


Avis de Cherycok :
Le post-apo est un sous genre qui a été popularisé par la série Mad Max de Georges Miller à tel point que dans les années 80 voire même 90, on a vu pulluler d’innombrables ersatz de plus ou moins qualité (surtout moins), souvent très bis voire Z, par exemple en Italie avec Enzo G. Castellari, mais surtout aux Philippines avec un des papes du genre, le dénommé Cirio H. Santiago dont c’est devenu le genre de prédilection. Nous allons nous intéresser ici à son dernier film, Water Wars, dont la production n’aura pas été simple…

Plan nichon numéro 1…

Tourné en 2008, le film s’appelait à l’origine Road Raiders. Deux mois après le tournage, Cirio H. Santiago décède des suites d’un cancer laissant un peu le projet à l’abandon. Mais c’était sans compter sur son producteur, l’infatigable Roger Corman qui décida rapidement de mettre sur le coup, pour terminer la dernière œuvre du maitre, le gros tâcheron Jim Wynorski, un habitué des productions bas de gamme qu’on ne remerciera jamais assez pour ses « magnifiques » Camel Spiders, Dinocroc vs Supergator ou encore Komodo vs Cobra… que du lourd en somme…
Malgré cela, et sans doute à cause de problèmes de droits suite à la mort du réalisateur, le film n’est à l’heure actuelle toujours pas exploité. Pas de sortie ciné et aucune édition DVD à l’horizon. La seule copie qui circule (sur le net) semble être une version qui avait été distribuée à la presse avec un message régulier en bas de la bande signalant qu’il s’agit ici d’une propriété de New Horizons. Les informations sur le net sont d’ailleurs assez difficiles à trouver et à part un trailer datant de 2011, pas plus de news que ça.

Ça peut paraître impressionnant mais en fait non…

On retrouve dans Water Wars tous les ingrédients inhérents au genre, la formule n’ayant que peu changé depuis près de 30 ans : une tête d’affiche de série B (voire Z) à peu près connue, ici Michael Madsen en mode « J’ai besoin de payer mes impôts », de la playmate peu frileuse jouant on ne peut plus mal mais aux courbes généreuses afin respecter le quota de plans nichons, des carrières de cailloux et des grottes parce que ça coute pas un rond et que ça fait post-apo, ou encore du figurant local car le philippin se contente de peu question salaire.
Mais là où il se différencie un peu, c’est par le nombre impressionnant de stockshots qui ont été utilisés. Cirio H. Santiago a toujours usé de cette étrange pratique, souvent par soucis d’économie sans doute, mais ici sur les 1h20 que dure Waters Wars, 20 bonnes minutes proviennent d’autres films du réalisateur comme par exemple Equalizer 2000 ou Raiders of the Sun. C’est vraiment flagrant et il est très facile de les repérer car comme ces films ont souvent bien 20 à 25 ans d’âge, les couleurs et le grain ne sont pas les mêmes, les coiffures sont dans le plus pur style eighties, et la bande est nettement plus abimée.
Même si elles n’interagissent pas avec le pseudo scénario du film, elles ne choquent pas non plus même si on sent bien qu’elles sont là pour augmenter artificiellement la durée du film. Une pratique assez étrange, bien cheap, mais utilisée par bien des réalisateurs de films obscurs (oui Godfrey Ho, c’est de toi dont je parle !)

L’exemple même du stockshot qui provient d’un autre film du réalisateur…

Water Wars est à la hauteur de ce qu’on était en droit d’attendre d’un projet pareil… c’est-à-dire un petit nanar post-nuke fauché rempli de scènes complètement kitchs. Les gunfights sont souvent illisibles, avec une caméra qui bouge dans tous les sens leur pour donner un semblant de nervosité, avec son lot de sbires débiles, aveugles, sourds, ayant deux de tension, et des explosions qui sortent de nulle part. C’est d’ailleurs assez fendant de voir les dites explosions à la chaine alors que le héros a tiré des balles sur une construction faite de trois planches et demi ou sur un sol ensablé (c’est connu que le sable est une substance hautement explosive…).
Mention spéciale à la course poursuite pick-up / camion d’une intensité rare… alors qu’on voit bien par moments que les véhicules roulent à 10km/h, avec même certains plans furtifs où ils sont complètement à l’arrêt. On s’imagine même les techniciens cachés qui essaient de faire bouger le camion comme ils le peuvent afin de donner l’illusion que ça roule. Vraiment du grand art !

Pas de légende, l’image parle d’elle même.

Au milieu de tout ça, il nous reste quoi ? Un Michael Madsen qui est décidément dans toutes les productions bas de gamme et qu’on sent toujours aussi peu inspiré malgré son faible temps de présence à l’écran, des moments un peu trop bavards mais des répliques très cons et très funs du style « Let’s just go there and kick some ass ! », un héros tout de gras vêtu et arborant fièrement sa bedaine lors d’une scène de sexe clichée au possible (cascade d’eau tout ça), du sein par-ci et du sein par-là parce que comme le dit le proverbe : « Tout est bon dans le nichon ! », de l’effet spécial très très spécial et très mal incrusté (heureusement, il y en a peu), et bien d’autres belles choses dont le réalisateur avait le secret (dont l’abus de stockshots donc…).

Pauvre Michael Madsen, il est tombé bien bas…

Jusqu’au bout Cirio H. Santiago aura donc œuvré pour le post-apo, ce sous-genre si apprécié des amateurs de cinéma bis et autres nanars. Etait-ce bien nécessaire ? Cette bobine aurait-elle du rester aux oubliettes après la mort de son réalisateur ? Chacun aura son avis sur la question… Mais quoi qu’il arrive, Water Wars reste un post-nuke très rigolo au 2ème degré, bien loin des dignes représentants du genre certes mais tout de même assez kitch et divertissant pour qu’on y passe un agréable moment.

Note :

Note nanar :

 

Un post-apo sans motocross, ce n’est pas un post-apo.

 

Titre : Water Wars / Road Raiders
Année : 2011
Durée : 1h21
Origine : Philippines / U.S.A
Genre : Post-Apo

Réalisateur : Cirio H. Santiago

Acteurs : Michael Madsen, David McFarland, Riza Santos, Alvin Anson, Beau Ballinger, Kevin Stapleton, Will Devaugn, Monica Leigh Burkhardt, Athena Lundberg


Galerie d’images :

He is a poor, lonesome cowboy…

Le retour du plan nichon, mais en mode Stockshot…

Des décors somptueux et des acteurs charismatiques…

Quand on n’est pas souple, on fait ce qu’on peut, hein madame ?

Les figurants philippins, ça crame bien.

Un des rares décors sympas du film.

Elles sont tout de même charmantes…

Un héros tout en muscles au charisme impressionnant… ou pas…

Un exemple d’explosion ratée et d’incrustation foirée.

Ce figurant transpire l’intelligence, vous ne trouvez pas ?

Qui c’est qui a joué à Tetris avec les cadavres ?

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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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